Dans la peau de Sandrine Tugu une aventure palpitante dont tu es le héros (enfin l’héroïne). Copyleft et autres blablas inévitables Copyright Réchèr 2005 Copyleft : Cette oeuvre est libre, vous pouvez la redistribuer et/ou la modifier selon les termes de la licence Art Libre. Vous trouverez un exemplaire de cette licence sur le site Copyleft Attitude : http://artlibre.org L'image de couverture (la bouboule labyrinthée) a été réalisée par FrihD (Di Cioccio Lucas). Vous trouverez divers textes, morceaux de vie et autres boxson sur son site : http://lucarton.canalblog.com La photo illustrant la nouvelle “Les Magisciologues et les Guirlandiers“ a été prise par Charles Du Pont De Romemont. Les zoulis mains appartiennent à Jean-Christophe Dargere et Kallista Ardith. Si ce livre est tombé entre vos mains sous une forme physique (avec du vrai papier et de la vraie encre) sachez que vous pouvez récupérer la version informatique sur le fabuleux site de Réchèr : http://recher.c.la D'autres bêtises sévissent sur ce site, comme par exemple un dessin animé. N'hésitez pas à y jeter des yeux. Sommaire Dans la peau de Sandrine Tugu 2 Copyleft et autres blablas inévitables 2 Sommaire 3 Préambule du préambule 4 Préambule (de savon) 5 Partie 1 : Le monde dans ton esprit 6 Partie 2 : Les premiers amours, ou pas 17 Partie 3 : passe ton bac d'abord, ou pas 37 Sous-partie 4 – 1 : Cocktails et bagarre 51 Sous-partie 4 – 2 : Chocolat 80 Sous-partie 4 – 3 : Ingénieurs et alcool de kiwi 109 Le dernier paragraphe, à la fin du texte. 132 Œuvres et créations du Monde des Idées ayant copulé avec celle-ci. 134 Annexe A : Les Guirlandiers et les Magisciologues 136 Annexe B : Le syndrome de Peter Pan inversé 150 Pour Karine Préambule du préambule Ce livre va vous tutoyer, car, au départ, il était destiné à mon amie que j'aime beaucoup. N'en soyez pas offusqué. Cependant, si cela vous gêne, il vous reste la Star Academy. Eux, au moins, ils vouvoient : « Pour virer Burniana, tapez 1, pour zapper Henri-Edouard, tapez 2, etc... » Préambule (de savon) Ceci n’est pas une histoire comme les autres. Lire le texte du début à la fin n’aurait aucun sens. Il s’agit d’un « livre dont tu es le héros ». Le système est assez classique. A la fin d’un paragraphe, tu as plusieurs possibilités, indiquées par des numéros d'autres paragraphes. Tu dois te rendre à celui de ton choix, et ainsi de suite. De cette manière, c’est toi qui construit l’histoire et la vie de l’héroïne, (c’est une fille, rien à voir avec la drogue). Après être venue à bout de l’aventure, tu peux recommencer, prendre un autre chemin et vivre une histoire complètement différente. Ainsi, tout ne se lit pas d'une traite, contrairement aux autres récits, qui finissent souvent oubliés sur une étagère ou au fond d'un disque dur. Tu vas partir à la découverte d’un monde aux facettes multiples, et il te faudra plusieurs explorations si tu veux en découvrir tous les secrets. Comme tout bon livre de ce type, tu devras te munir d’un papier et d’un crayon, afin de remplir la « feuille de personnage », décrivant tes forces et tes faiblesses. Tu la découvriras en détail un peu plus tard, elle est assez simple. D'ailleurs, un éditeur de texte quelconque sur un ordinateur quelconque conviendra également très bien. L’histoire comporte 4 grandes parties principales, qui s’enchaînent les unes après les autres. La dernière se décompose en trois sous-parties, mais tu n’en exploreras qu’une seule par aventure. De plus, chaque partie ou sous-parties n’est jamais entièrement explorée en une fois, les chemins sont donc assez nombreux. Une aventure entière dure environ 15 pages. Une dernière précision, à prendre en compte si tu joues pour la première fois à ce livre. Ne triche pas. N’essaie pas de regarder plusieurs solutions en même temps, en cherchant la plus avantageuse. Ne modifie pas intempestivement ta feuille de personnage. Suit un seul chemin, jusqu’à la fin. Le but est de raconter une vie, or en une seule vie on ne peut tester toutes les alternatives. Tu serais déçue si tu essayais de tout comprendre d’un coup. Mais par ailleurs, aucune décision que tu prendras n’est mauvaise. Ce ne sont que des choix. Ta première aventure peut te permettre de mieux connaître ta propre personnalité, les objectifs vers lesquels tu penches, ce que tu aimes, etc. Les suivantes seront aussi amusantes, mais moins révélatrices. Tu pourras donc y prendre toutes tes libertés : lire plusieurs chemins en même temps et fouiner un peu partout comme tu le désires. Assez parlé, il est temps d'essayer ton destin. Tu découvriras au fur et à mesure qui tu es, comment faire la feuille de personnage, et tout le reste. Rend-toi dès maintenant au paragraphe 1 !! Partie 1 : Le monde dans ton esprit * 1 * Tu es en pleine campagne. Le gigantesque soleil caresse ton visage de ses rayons, l’atmosphère ambiante est calme et sereine. Le paysage qui t'entoure est si apaisant et grandiose, tu ne sais où diriger ton regard. Sur la droite s'étend une forêt de gigantesques sapins, aux nuances variées de vert chatoyant. Les arbres ondulent au gré du vent, donnant aux collines l’aspect de chevelures flottantes. Des sentiers jaunes serpentent entre les bois, sur lesquels marchent de minuscules et lointains personnages, vêtus de couleurs bariolées. A ta gauche, un lac s'allonge en bras multiples à travers les plaines. L'eau semble tranquille, sans vagues ni remous. Quelques petites maisons coquettes se penchent sur le bord de la berge. Sur les hauteurs, un château d'une couleur inhabituelle dresse ses tours vers un ciel sans nuages, ses murs semblent être faits de fromage. Au loin, l'horizon est envahi par de grandes montagnes zébrées de neige. Dans un déluge de bleus et de blancs, elles pointent leurs fiers sommets vers l’espace. Leurs formes irrégulières font penser à un raz-de-marée démesuré, qui resterait immobile, gelé par une force divine. Sur la plus haute d’entre elles chemine un téléphérique, transportant ses passagers du sol jusqu’au zénith. Tu es éblouie par ce panorama féerique. Il comporte à la fois une forêt à la fois des montagnes à la fois un lac à la fois des plaines. Un agréable sentiment de paix intérieure vient t’envoûter. Si le paradis existe, c’est ici. Tu baisses les yeux, un verre de vin blanc est posé à tes pieds. Tu le prends, en te demandant si tu pourrais y goûter. Soudain, un grondement sourd se fait entendre, faisant bouger le liquide. Une inquiétude naît dans ton coeur. Si ce tremblement est créé par quelqu'un ou quelque chose, « ça » doit être immense et terriblement dangereux. La peur envahit plus profondément ton esprit au fur et à mesure que les ondes de choc secouent de plus en plus le vin, et que le grondement se transforme en lourds bruits de pas et de frottements de rochers. Le son est de plus en plus oppressant. Lentement, une ombre titanesque te recouvre, laissant présager une créature de la taille d'un tyrannosaure. Tu te retournes, et ton sang se glace dans tes veines. Là où auparavant se trouvait une montagne ordinaire, se tient maintenant un géant de pierre haut de 50 mètres. Il te fixe de ses petits yeux rouges. Tu souhaiterais réagir, t'enfuir à toutes jambes et partir de ce lieu qui n'est accueillant qu'en apparence, mais tu es tétanisée par la peur. Tu ne parviens même pas à esquisser le moindre mouvement quand le monstre avance une main dure et anguleuse vers toi, te saisit, et t'approche lentement de son visage. Il est sur le point de te dévorer. Il faut te ressaisir rapidement et trouver une solution si tu veux t’en sortir vivante. Qu'essayes-tu de faire? - Tu tentes de te débattre et de te libérer pour t'enfuir. (Va au paragraphe 7) - Tu pousses un hurlement, et tu supplies le monstre de ne pas te dévorer, en espérant qu'il te comprendra et t'écoutera. (Va au paragraphe 5) - Une montagne vivante? C’est totalement absurde!! Puisque des choses aussi bizarres peuvent exister, il y a un tout petit espoir pour que toi aussi, tu puisses réaliser des actes surnaturels. Même si tu as du mal à y croire, tu peux essayer de t'envoler pour t’échapper. (Va au paragraphe 10) * 2 * La créature semble surprise par ce que tu lui proposes. - « Tu veux savoir qui je suis ? C'est simple : je m’appelle Skrymir, et je suis un géant de pierre qui mange les gens. Maintenant, prépares-toi à être mâchée. - Mais pourquoi manges-tu les humains ? Nous sommes tout petit, peu nourrissant, et sûrement pas très bon. Nos os doivent se coincer entre tes dents, et nos tripes se coller sur ton palais. Tu ferais mieux de manger, …euh, des œufs d’autruche par exemple. - Je ne saurais pas les cuisiner. - Je peux t’aider. Veux-tu que nous fassions une omelette ensemble ? Il nous faut juste 3 douzaines d’œufs d’autruches, une cinquantaine de patates, et une grande plaque de métal pour la faire cuire. - Oh ça tombe bien, j’ai toujours ces choses là avec moi ! » A ton grand étonnement, il sort d'un gros sac posé à ses pieds tout ce que tu as demandé. De plus, les patates sont déjà épluchées et coupées, il ne reste qu’à mélanger les œufs et à faire chauffer. Pendant la cuisson, tu discutes avec Skrymir. Il est très content d’avoir quelqu’un à qui parler, et t'avoue que c’est ce qui lui manquait dans sa vie de monstre effrayant et solitaire. Vous parlez de choses et d'autres : la beauté du paysage, la meilleure façon de faire des omelettes, ce que les gens cherchent chez un ami, etc. Il te raconte les merveilles que recèle ce monde, car il l'a visité dans ses moindres recoins. Quand l’omelette est prête, vous la dégustez ensemble, adossés à une colline (il prend une part dix fois plus grosse que la tienne). Il la savoure avec force bruits de mastication rocailleuse. D’ailleurs c’est étrange, le son devient de plus en plus fort et de plus en plus grinçant, difficilement supportable. Quand il engloutit la dernière bouchée, on croirait entendre une sirène d'alarme. Tu ne comprends rien à ce qui lui arrive, tu te demandes sérieusement où tu es quand… Quand tu te réveilles dans ton lit, assourdie par la sonnerie aiguë de ton réveil. Petit à petit, tu reprends tes esprits et tu te remémores qui tu es réellement. Tu es Sandrine Tugu, une fille plutôt normale, âgée de 15 ans. Tu habites dans la ville de Saint-Frusquin. Tu as un frère, et tes parents sont plutôt sympathiques. Au lycée, tes amis t'apprécient beaucoup, car tu sais les écouter, et les réconforter quand ils sont tristes. Tu émerges tranquillement de la douceur de tes draps et tu enfiles tes pantoufles. Il te faut maintenant prendre connaissance de ta feuille de personnage. Il s'agit des informations suivantes : volonté : 3 capacités physiques : 3 charme : 3 altruisme : 4 imagination : 3 bizarrisme : 5 Tu dois ajouter deux points où tu veux, mais en les répartissant obligatoirement sur deux caractéristiques différentes. Ensuite, note ces valeurs quelque part, car tu en auras besoin le long de l'aventure. Si tu joues pour la première fois, tu as sûrement besoin d’explications plus détaillées, dans ce cas, va au paragraphe 6. Sinon, va directement à la deuxième partie de l'histoire, au paragraphe 100. * 3 * Plus une action est héroïque, plus elle peut paraître saugrenue. Mais dans une situation si désespérée, il ne reste qu'à essayer d'être le plus héroïque possible. Tu t'élances sur l’avant-bras du monstre, tu escalades son bras, et tu parviens près de son cou. Heureusement, tu es trop rapide pour qu'il puisse t'attraper. Tu bondis sur sa mâchoire en lui assénant un coup de pied de toutes tes forces. Inexplicablement, ton attaque l'affecte énormément. Il hurle. Son visage, puis tout son corps se fissure. Dans un fracas de pierres et de gravats, il se morcelle et s’écroule. Tu tombes avec lui, mais bien plus lentement. La sensation de chute est continuelle, pourtant le sol ne se rapproche pas. C'est étrange et inquiétant. Tu t'interroges sur la cohérence et la réalité du monde où tu te trouves, quand une sirène agressive retentit dans le lointain et... Et tu te réveilles dans ton lit, assourdie par la sonnerie aiguë de ton réveil. Petit à petit, tu reprends tes esprits et tu te remémores qui tu es réellement. Tu es Sandrine Tugu, une fille plutôt normale, âgée de 15 ans. Tu habites dans la ville de Saint-Frusquin. Tu as un frère, et tes parents sont plutôt sympathiques. Au lycée, tes meilleures notes sont en sport, car tu es plus endurante et plus rapide que les autres filles. Tu émerges tranquillement de la douceur de tes draps et tu enfiles tes pantoufles. Il te faut maintenant prendre connaissance de ta feuille de personnage. Il s'agit des informations suivantes : volonté : 3 capacités physiques : 4 charme : 3 altruisme : 3 imagination : 3 bizarrisme : 5 Tu dois ajouter deux points où tu veux, mais en les répartissant obligatoirement sur deux caractéristiques différentes. Ensuite, note ces valeurs quelque part, car tu en auras besoin le long de l'aventure. Si tu joues pour la première fois, tu as sûrement besoin d’explications plus détaillées, dans ce cas, va au paragraphe 6. Sinon, va directement à la deuxième partie de l'histoire, au paragraphe 100. * 4 * Le monstre éclate de rire, le son profond et guttural agresse tes oreilles. « Hahaha !!! Un être minuscule comme toi, tu connaîtrais des histoires ! D'accord, raconte-m'en une. Mais si elle ne me plaît pas, je te réduirais au silence et en bouillie ». Il desserre légèrement son poing, tu es plus à l'aise pour parler, mais tu ne peux toujours pas t'enfuir. Tu improvises rapidement un récit. Il s’intitule « la petite fifille aux yeux noirs, le gentil policier et le sac de couchage à une place », c'est une rencontre amoureuse, assez poétique. Le monstre t'écoute avec attention, il semble enchanté. Quand tu as terminé, il te dépose sur le sol. « - Ou as-tu appris de si beaux comtes, petit être ? - Aucune idée. Peut être que je sais tout de ce monde parce que c’est moi qui l’ai créé. - Que veux-tu dire ? - En fait, je viens juste de m’apercevoir que ceci est mon rêve, ce qui signifie que je vais sûrement me réveiller bientôt. Nous allons nous quitter, mais j’ai été ravie d’avoir discuté avec toi. - Hahaha! C'est la blague la plus absurde qu'on m'ait jamais faite ! Décidément, tu me plais beaucoup, petit être ! Le monstre s'esclaffe. C’est un rire joyeux, et bon enfant. Mais il n'a pas l'air de vouloir s'arrêter. Le bruit de sa voix emplit l'espace, il devient étrangement de plus en plus aigu et de plus en plus strident, à tel point qu'on croirait entendre une alarme, et… Et tu te réveilles dans ton lit, assourdie par la sonnerie de ton réveil, et un peu désorientée par ce que tu viens de vivre. Petit à petit, tu reprends tes esprits et tu te remémores qui tu es réellement. Tu es Sandrine Tugu, une fille plutôt normale, âgée de 15 ans. Tu habites dans la ville de Saint-Frusquin. Tu as un frère, et tes parents sont plutôt sympathiques. Tu as plusieurs passions, comme lire, écouter de la musique, dessiner sur tes feuilles de cours, ou inventer des histoires amusantes à propos de tes profs et de tes camarades. Tu émerges tranquillement de la douceur de tes draps et tu enfiles tes pantoufles. Il te faut maintenant prendre connaissance de ta feuille de personnage. Il s'agit des informations suivantes : volonté : 3 capacités physiques : 3 charme : 3 altruisme : 3 imagination : 4 bizarrisme : 5 Tu dois ajouter deux points où tu veux, mais en les répartissant obligatoirement sur deux caractéristiques différentes. Ensuite, note ces valeurs quelque part, car tu en auras besoin le long de l'aventure. Si tu joues pour la première fois, tu as sûrement besoin d’explications plus détaillées, dans ce cas, va au paragraphe 6. Sinon, va directement à la deuxième partie de l'histoire, au paragraphe 100. * 5 * De toute la force de tes poumons, tu lances un cri terrible, qui résonne en écho jusque dans les plus lointaines montagnes. Tu implores le monstre de te laisser vivre. Il plante alors ses yeux rouges dans les tiens, et de sa voix rocailleuse, te pose cette inquiétante question : « Tu es sur mon chemin, petit être de chair. Donne-moi une bonne raison de ne pas te réduire en bouillie et te digérer ». Que veux-tu répondre ? - « Ne me tue pas, je pourrais te raconter des histoires et te faire découvrir des récits inconnus. N’as-tu pas envie d'apprendre quelques légendes sur ce monde ? » (va en 4) - « Si tu me laisses la vie sauve, je chanterais et danserais pour toi. Admirer la beauté d'une femme est bien mieux que le plaisir éphémère de la manger. » (va en 8) - « On pourrait devenir ami. Une créature comme toi doit sans doute effrayer tout son entourage. Ne te sens-tu pas un peu seul ? Moi, je n’ai pas peur de toi, je voudrais savoir qui tu es ». (va en 2). * 6 * Description des caractéristiques : Elles sont au nombre de 6, et déterminent tes forces et tes faiblesses. Le long de l'aventure, elles pourront augmenter, par exemple quand tu apprendras des choses. A d’autres moments, elles seront testées, c’est à dire que tu n’iras pas au même paragraphe selon la valeur de l’une d’entre elles. Volonté : Représente ta capacité à te motiver pour les objectifs qui te tiennent à coeur, mais pour lesquels il faut fournir un effort important. Cela détermine, entre autres, tes résultats à l’école. En effet, pour avoir de bonnes notes, il faut surtout du travail, souvent inintéressant et rébarbatif, certes, mais pour travailler, il faut de la volonté. Capacité physique : Englobe tout ce qui a un rapport avec le sport : rapidité, endurance, réflexe, force, maîtrise du corps, coordination des mouvements, etc. Charisme : Plus cette valeur est haute, plus tu es capable de faire bonne impression sur les autres, les amener à s’intéresser à toi, les faire accepter ce que tu leur demandes et paraître belle à leurs yeux. Le charisme définit l’influence que tu peux avoir sur toutes les personnes qui t'entourent, pas uniquement les hommes. Altruisme : Capacité à aider les gens, à comprendre leurs problèmes, les écouter, et à ne pas laisser seul quelqu’un de malheureux. L'altruisme reflète également ta diplomatie, tes facilités de dialogue et de contact, ainsi que la qualité des explications et des arguments que tu parviens à développer pour convaincre. Imagination : Les concepts circulent et se reproduisent à toute vitesse dans leur propre univers : le Monde des Idées. Parfois, ils se cognent à ton âme et rentrent dedans, car celle-ci réside dans ce même monde. D’où l’expression : « une idée m’est venue à l’esprit », alors qu’on ne dit jamais « J’ai créé une idée dans mon cerveau ». L’imagination est l’un des organes de ton âme agissant comme un aimant à idées. Plus il est développé, plus il te permettra de réaliser des créations artistiques intéressantes : dessins, musique, récits, etc. Bizarrisme : Certaines personnes arrivent plus où moins à contrôler leurs propres rêves, en décidant d’elles-mêmes les actions incongrues qui s’y déroulent. Ce n’est pas si étonnant, puisque dans nos rêves, nous avons tous les pouvoirs, le tout est de parvenir à s’en servir. Le bizarrisme traduit ta facilité à influencer de manière non naturelle le monde qui t’entoure (donc le monde réel), exactement comme si c’était un rêve. Tout au long de l’aventure surviendront des événements étranges, paranormaux, inhabituels, surréalistes, et surtout grotesques. Tu auras parfois l’occasion de générer de l’irréel par toi-même, afin de renverser une situation à ton avantage. On peut apparenter cette caractéristique à l’ensemble des domaines mystico-fantaisistes : magnétisme, magie, chance, karma, ésotérisme… Pour te donner un ordre d’idée, une adolescente a en général toutes ses valeurs situées entre 3 et 4. Tu es donc à peu près dans la norme, sauf pour le bizarrisme, hum... Ce sont les seules informations à retenir pour ta feuille de personnage. Il n'y a pas d’inventaire, d’argent, de compétences ou de points de vie. Autant rester le plus simple possible. N’oublie pas d’augmenter deux des 6 caractéristiques de un point. Choisis celles que tu veux, à la condition de ne pas en augmenter une seule de deux points. Tu peux maintenant sortir de ton lit et aller prendre ton petit-déjeuner. Va à la deuxième partie, au paragraphe 100. * 7 * Tu t'agites et tu repousses l’étreinte de la créature rocailleuse de toutes les manières que tu peux. Tu parviens à te glisser hors de son poing, mais il lève alors son autre main pour t'aplatir comme une mouche idiote. Tu dois décider très vite de ce que tu feras des prochaines secondes. - Tu peux courir le long de son bras en espérant arriver jusqu'à sa tête et le frapper à un point sensible, les dents ou le nez par exemple. Dans ce cas, va en 3. - Tu peux te jeter dans le vide et plonger dans le lac juste en dessous. Cependant, l'eau paraît terriblement froide, des morceaux de glace flottent à la surface. Il te faudra beaucoup de courage pour nager jusqu'à la rive. (Va en 9) * 8 * Le visage du géant marque un instant de surprise, il ne s’attendait pas à une telle proposition. Il desserre le poing et te pose sur son autre bras. “Très bien, danse petite créature! Mais si cela ne me plaît pas, je briserais tes membres et je mâcherais tes os !!“ Tu commences alors à exécuter des mouvements, au début mal assurés, car tu as peur de tomber et de t’écraser au sol. Mais au fur et à mesure, tes gestes sont plus habiles et plus gracieux. Le géant a l’air émerveillé et il se met à siffler un petit air. Tu te sens de plus en plus à l’aise, tu voles et tu virevoltes sur son bras. De la musique s’élève dans les cieux. Tu ignores d’où elle vient, mais elle s’accorde parfaitement à ta façon de bouger. Tu danses sans t'interrompre, de peur de fâcher le géant. Il continue de siffler, mais de plus en plus fort et aigu. Son air se répète de façon agaçante, à tel point que tu ne parviens plus à accorder harmonieusement tes pas avec ces sons discordants. Le bruit devient insupportable quand… Quand tu te réveilles dans ton lit, assourdie par la sonnerie aiguë de ton réveil. Petit à petit, tu reprends tes esprits et tu te remémores qui tu es réellement. Tu es Sandrine Tugu, une fille plutôt normale, âgée de 15 ans. Tu habites dans la ville de Saint-Frusquin. Tu as un frère, tes parents sont plutôt sympathiques, et surtout, tu possèdes ce petit quelque chose brillant-magique qui interpelle la sensibilité des autres. La plupart te trouvent agréable et charmante dès le premier regard. Tu émerges tranquillement de la douceur de tes draps et tu enfiles tes pantoufles. Il te faut maintenant prendre connaissance de ta feuille de personnage. Il s'agit des informations suivantes : volonté : 3 capacités physiques : 3 charme : 4 altruisme : 3 imagination : 3 bizarrisme : 5 Tu dois ajouter deux points où tu veux, mais en les répartissant obligatoirement sur deux caractéristiques différentes. Ensuite, note ces valeurs quelque part, car tu en auras besoin le long de l'aventure. Si tu joues pour la première fois, tu as sûrement besoin d’explications plus détaillées, dans ce cas, va au paragraphe 6. Sinon, va directement à la deuxième partie de l'histoire, au paragraphe 100. * 9 * Tu te laisses tomber à la seconde même où la main du géant allait te réduire en bouillie. La sensation désagréable du vertige fait basculer ton coeur, et le lac se rapproche inexorablement. Tu as l’impression étrange que la pesanteur n’est pas aussi forte que d’habitude, mais tu n'as pas le temps de t'interroger sur ce phénomène. Le contact avec l’eau glaciale est terrible, une réfrigération mortelle envahit ton corps. Mais ta volonté de survivre est la plus forte, et tu refais surface. Tu rassembles tes forces, ton énergie, et tu nages vers le bord. Tu t’accroches à la vie et à ton courage, la rive se rapproche de plus en plus vite. Le géant est dans une colère terrible. Il plonge son gigantesque bras dans le lac pour te précipiter au fond de l'eau, mais te manque de peu et ne fait que briser des blocs de glace. Alors une chose inexplicable se produit. Le froid semble affecter terriblement le monstre, la glace envahit son bras, et se propage rapidement sur son corps. Il est bientôt entièrement figé. Dans un dernier sursaut, il parvient à bouger sa bouche et à pousser un hurlement strident. Tu ignores totalement comment réagir, et tu commences sérieusement à te demander dans quel monde tu as atterri quand... Quand tu te réveilles dans ton lit, assourdie par la sonnerie aiguë de ton réveil. Petit à petit, tu reprends tes esprits et tu te remémores qui tu es réellement. Tu es Sandrine Tugu, une fille plutôt normale, âgée de 15 ans. Tu habites dans la ville de Saint-Frusquin. Tu as un frère, et tes parents sont gentils avec toi, même s’ils te trouvent parfois un peu têtue. Toi, tu penses que c’est une qualité, car tu sais toujours ce que tu veux, et tu te donnes les moyens de l’obtenir. Tu émerges tranquillement de la douceur de tes draps et tu enfiles tes pantoufles. Il te faut maintenant prendre connaissance de ta « feuille de personnage ». Il s'agit des informations suivantes : volonté : 4 capacités physiques : 3 charme : 3 altruisme : 3 imagination : 3 bizarrisme : 5 Tu dois ajouter deux points où tu veux, mais en les répartissant obligatoirement sur deux caractéristiques différentes. Ensuite, note ces valeurs quelque part, car tu en auras besoin le long de l'aventure. Si tu joues pour la première fois, tu as sûrement besoin d’explications plus détaillées, dans ce cas, va au paragraphe 6. Sinon, va directement à la deuxième partie de l'histoire, au paragraphe 100. * 10 * S’envoler. Voilà une idée bien singulière. Au point où tu en es, pourquoi pas ? Tu penses très fort à la main du monstre qui s’ouvre, et à toi qui étend les bras et t’élève dans les airs. A ton grand étonnement, le miracle se produit. Son étreinte se relâche, tu te sens de plus en plus légère, et tu montes doucement vers le ciel. Le géant paraît étonné, mais ne réagit pas. Il te regarde avec admiration, comme si tu étais devenu une sorte d’être supérieur, qu’il ne serait plus permis d'emprisonner ou de contraindre. Tu parviens rapidement à maîtriser la technique du vol. Tu flottes sans aucun soucis, et tu exécutes quelques loopings. Le paysage est encore plus magnifique vu d’en haut. On croirait une maquette pour enfants. La situation est vraiment anormale : cet endroit, ce géant, ton envolée... Ne serais-ce pas un rêve ? Ah… D’accord… Cette dernière interrogation ne t’est pas venue par hasard. Dans la réalité, on ne se pose jamais cette question. Donc le simple fait de se demander si on est en train de rêver suffit à confirmer qu'on est bien en train de rêver. Au moins te voilà rassurée. Ici, tu contrôles tout, rien ne peut t'arriver. Tu prends plaisir à continuer de virevolter quelques temps, puis tu reviens vers la créature pour lui parler. Elle va forcément te répondre, puisque tu décides qu’elle peut te comprendre. «  - Bonjour ! Comment t’appelles-tu ? - Mon nom est Skrymir. Et toi, petit être tournoyant ? - Je suis Sandrine. Ceci est mon rêve. - Oui je m’en doutais un peu. En général, quand quelqu’un vole c’est qu’il est dans son propre rêve. - Est-ce qu’il te plaît ? J'en suis assez fière. Je n’arrive pas souvent à créer d’aussi beaux paysages dans ma tête. - Oui beaucoup ! Tu as su y mettre toute ta joliesse et ton bucolisme. J’ai passé plusieurs jours à parcourir les environs, j'ai été enchanté ! Des petites rivières courent le long des collines et de mignons lapins gambadent dans les herbes. - Désolé de te décevoir, mais je rêve depuis 10 minutes au grand maximum. Tu n’as pas pu avoir le temps d'explorer tout mon monde. Seulement, au moment de te créer, j’ai décidé que tu avais ces souvenirs dans ta mémoire. Ils ont été créés artificiellement. - Vraiment ? Eh bien tant pis, je vais tout de même garder ces agréables pensées avec moi. A ton avis, vaut-il mieux avoir de très beaux souvenirs, tout en sachant qu'ils sont erronés, ou avoir effectivement réalisé de très belles choses, mais les avoir oubliées ? - Je ne sais pas. Tout dépend si tu portes plus d'attention à ce qui t'entoure ou à ce qui se passe en toi. » Soudain, une sonnerie retentit dans les lointaines montagnes. « Skrymir, c’est le signe que je dois te quitter. Il faut que je me réveille. - Mais si tu arrêtes ce rêve, je vais disparaître ! Sandrine, j’ai besoin de toi pour exister ! Reste encore un peu s’il te plaît, j’ai encore tant de choses à ressentir ! - Désolé Skrymir. Si je peux contrôler mes rêves, je ne peux contrôler le moment de mon réveil. Mais tu ne disparaîtras pas complètement. Je me rappellerais de toi, et je te promets d'essayer de te rerêver. » Et pouf ! Tout disparaît d’un seul coup. Et pouf, te revoilà dans ton lit, la sonnerie de ton réveil s'étant déclenchée. Ce rêve était vraiment plaisant. Il y eut un moment critique, quand le monstre a voulu te dévorer, mais tu as su redresser la situation à ton avantage. Tu es très heureuse de cette petite prouesse onirique, elle te mettra de bonne humeur pour la matinée. Sur ce, tu reprends lentement tes esprits et tu te remémores qui tu es réellement. Tu es Sandrine Tugu, une fille plutôt normale, âgée de 15 ans. Tu habites dans la ville de Saint-Frusquin. Tu as un frère, et tes parents sont plutôt sympathiques. Tes amis ont l'impression que tu es dotée d’une aura étrange. En effet, ta vie se constelle parfois d’événements bizarres ou inhabituels. Par chance, ceux-ci tournent souvent en ta faveur. Tu émerges tranquillement de la douceur de tes draps et tu enfiles tes pantoufles. Il te faut maintenant prendre connaissance de ta feuille de personnage. Il s'agit des informations suivantes : volonté : 3 capacités physiques : 3 charme : 3 altruisme : 3 imagination : 3 bizarrisme : 6 Tu dois ajouter deux points où tu veux, mais en les répartissant obligatoirement sur deux caractéristiques différentes. Ensuite, note ces valeurs quelque part, car tu en auras besoin le long de l'aventure. Si tu joues pour la première fois, tu as sûrement besoin d’explications plus détaillées, dans ce cas, va au paragraphe 6. Sinon, va directement à la deuxième partie de l'histoire, au paragraphe 100. Partie 2 : Les premiers amours, ou pas * 100 * Une douche chaleureuse te permet d'accrocher un moment les derniers lambeaux de ton étrange rêve de cette nuit. Il y avait de si beaux paysages. Mais ce géant de pierre, que venait-il faire là ? Tu ne sais plus trop. Tu prends ton petit-déjeuner avec ton frère Mathieu. La première gorgée de lait froid réveille ton estomac en sursaut, et les céréales chocolat-marshmallow-miel empâtent tes dents dans une délicieuse mélasse. En sortant de chez toi, l'air frais du printemps termine de te réveiller. Tu marches d'un pas soucieux vers ton lycée. Aujourd'hui tu as un contrôle de physique à la première heure. Quand tu arrives dans la cour, tes copines sont déjà là, et ont l'air aussi inquiètes que toi. Pour ne pas vous stresser davantage, vous évitez d'orienter la conversation vers des circuits électriques, des référentiels galiléens, ou des solides glissant le long d'une surface de plus grande pente. Tu allais donc aborder l'épineux sujet de la nouvelle coiffure de Rachel dans Friends, quand un ballon rebondit à tes pieds. Quelques garçons de ta classe sont en train de jouer au basket, en profitant d'un des fameux panier bancal gracieusement installé par l'école. L'un d'eux se dirige vers la balle, mais voyant que vous êtes juste à côté, il s'arrête un instant en vous regardant, se demandant si vous allez lui renvoyer ou pas. Le type en question s'appelle Cédric Rashmouaque. En tant que fashion victim de niveau moyen-haut, il porte inévitablement un pantalon trois fois trop large, une coiffure d'iroquois (avec du gel), et même un anneau dans l'oreille. En cours, il a une certaine tendance à lancer des boulettes de papier sur ses potes, et il préfère le skate-board aux mathématiques, ce qui a une forte incidence sur ses résultats scolaires. Mais tu le trouves plutôt mignon, mis à part que son regard ressemble quelque peu à celui d'une chèvre morte. Tu peux prendre le ballon et lui relancer, (va en 120), ou tu peux continuer de parler avec tes copines, (va en 114). * 101 * Tu approches doucement ton visage, et vous vous embrassez tendrement. Oh la félicité du printemps ! Saison magique et imprévisible où les poussées d’hormones font tomber les gens amoureux ! Vous consacrez le reste du week-end à faire du skate, discuter, vous embrasser et vous tripoter un peu partout. Inutile de préciser que tu récupères une note désastreuse à ta dissertation de français. Pour les besoins de l’histoire, il nous faut accélérer un peu. Tu vis des moments grisants et instructifs avec Cédric. Tu découvres la beauté du sport quand il est accompagné de bonnes intentions, et la fierté personnelle ressentie petit à petit pendant un entraînement. De plus, il fait très bien les massages. Vous passez une partie des grandes vacances ensemble, comme vous n'avez que 15 ans, vous ne partez pas pour de grands voyages en des lieux paradisiaques, ensoleillés et riches en cocktails imaginatifs. Cependant vous vous promenez bucoliquement dans la nature, vous faites des batailles de pommes de pin dans les bois et vous découvrez la sensualité des petits coins perdus. Grâce à toutes ces activités sportives, tu apprends à être plus forte et à mieux maîtriser ton corps. Tu gagnes donc +2 en capacités physiques. Par ailleurs, comme Cédric soigne son look et sa présentation principalement pour toi, tu fais l'effort de te rendre belle pour lui rendre ce plaisir. Tu gagnes donc +1 en charme, ainsi qu'une collection de petits haut sexy. Porter ce genre de vêtements peut donner un style de pouffepouffe, mais pas avec toi. Car tu parviens à extérioriser beaucoup d'informations captivantes, qui font partie de ta personnalité, ce que les pouffepouffes ne savent pas faire. Malheureusement, après les vacances d’été votre relation se dégrade un peu. Tu te sens de plus en plus lassée de faire du skate. Un jeudi du mois d'octobre, alors que tu t'entraînais avec lui, comme d'habitude, ton skate glisse sur une peau de banane. Tu tombes et ton doigt se tord en une méchante entorse. Tu es interdit de sport pendant 3 semaines, c'est durant cette période que tu décides de le quitter. Voilà, c'était une belle histoire mais il est rare que les premiers amours durent éternellement. Cet événement ne t’empêche pas de continuer ta vie au lycée. Dans les années qui viennent, tu attrapes quelques autres belles aventures, en tant que jolie adolescente symptomatique de ton époque. La vie coule sous les ponts, l’herbe pousse sous tes pieds et le temps s’écoule au doux rythme d'un jour par jour. Nous te retrouvons en fin de classe de terminale, pendant la semaine du bac. Va en 200. * 102 * Avant de rentrer chez toi, tu dois aller à la boulangerie-charcuterie-pharmacie du coin, car tes parents t'ont demandé de ramener du pain et des tampax. Mais devant l'établissement se tient un type bizarre. On dirait un mendiant habillé d'un costume-cravate maculé de champagne et de toasts au saumon. En te voyant, il exécute une sorte de révérence tourbillonnante et alambiquée. « Bien le bonjour gente damoiselle ! En ces lieux mirifiques et enchantés, vous venez d’avoir l’honneur de me rencontrer. Dans les rues et sur les places, les chats me nomment Nasr-Eddin-Hodja l'intemporel. - Euh... Moi c'est Sandrine. C'est normal que vous soyez aussi sale ? - Ah c'est une moyenne-courte histoire, que je m'en vais raconter de suite. Alors que je me promenais vêtu de mes inmodables jeans et pull, je passais près du très prestigieux hôtel Cremure, où je vis qu'on donnait une réception en l'honneur d'Hubert Gastro, le gagnant de l'émission Intestin Story. Je voulus y entrer, mais fut naturellement refusé, n'étant pas connu de toute cette aristocratie. Ne me laissant pas démonter, j'allais me procurer un costume du plus bel aspect et, muni de mon plus beau sourire au Dentofresh, je retentais ma chance. Là le sombre maton me fit entrer avec joie. Alors, au milieu du peuple bigarré des riches emperlés et emmaquillés, je me dirigeais vers le buffet et commençais à étaler de la nourriture sur mes habits. - Pourquoi avez-vous fait cela ? Etes-vous complètement fou ? - C'est exactement la question que m'ont interjecté les nobles autour de moi. Je leur ai répondu : “je nourris mon costume, puisque c'est lui que vous invitez, et non moi-même.“ Ils se sont alors empressés de me jeter dehors. Ainsi, je n'ai rien pu manger, mais j'ai empli mon esprit en m'étant follement diverti de ces gens huppés. - D'accord... Et sinon, pourquoi êtes-vous ici? - Ah ! Il est vrai ! J'allais oublier mon but. Chère Sandrine, en l’échange d’une dîme modeste, sous une vision différente je vous présenterais ce jour. Une phrase ou un conseil, sur votre vie je peux vous prodiguer, car votre âme semble joyeuse, et je souhaiterais ardemment vous aider. » Tu n'as pas d'argent sur toi, à part celui des courses. Si tu lui donnes, tu te feras certainement réprimander par tes parents, mais à 15 ans, ce genre de chose arrive tout le temps. Si tu veux lui laisser quelques pièces, va en 123, sinon va en 111. * 103 * Le vendredi après-midi est plutôt calme. Tu as seulement deux heures de coréen, ta deuxième langue. La prof, madame Tong, est resplendissante dans son pantalon vert montant jusqu’aux aisselles, sa chemise à rayures roses, et ses cheveux teint en roux-violet. Ce cours étant toujours considéré comme une récréation, tu en profites pour faire voguer tes pensées et tes rêves vers d'envoûtantes contrées, tout en dessinant des coeurs et des petits tortillons-zigouigouis sur ton cahier. Coralie fait ses exercices de maths, Juliana complète son classeur de dessins des fringues moches de profs, Pierre-Jean-Kevin fait circuler des caricatures de monsieur Vieukamemberr déguisé en Père Noël de supermarché et Cédric lance des boulettes de papier. Tout se passe bien. A la sortie du lycée, Pierre-Jean-Kevin te propose de passer chez lui, pour te prêter quelques bandes dessinées. Un peu plus loin, Cédric te fait un clin d'oeil en te montrant son skate. Il s'attend à ce que tu viennes le rejoindre. Pour rentrer avec Pierre-Jean-Kevin, va en 122 (il s'appellera dorénavant Pierre-Jean car un triple prénom c’est long à écrire.) Si tu préfères lui dire qu'aujourd'hui tu avais prévu de te rendre au skate parc avec Cédric, va en 108. Tu peux aussi inventer un prétexte bidon, un rendez-vous chez le docteur par exemple, et t’en aller toute seule, dans ce cas, va en 117. * 104 * « Allo Pierre-Jean ? C’est Sandrine. - Salut, comment ça va ? - Plutôt bien. Tu fais quelque chose de spécial cet après-midi ? J'aimerais bien qu'on fasse la disserte ensemble. - Oh Oui ! Avec joie ! Et si tu veux, je t'invite pour le dessert, ma mère a cuisiné des gâteaux à la noix de coco, comme ceux des fêtes foraines! - Ca marche ! A tout à l’heure. » La famille de Pierre-Jean t'accueille à bras ouverts. Tu dégustes les délicieux gâteaux dans une ambiance vivante et tumultueuse, due au grand nombre de personnes à table (Pierre-Jean a deux frères et trois soeurs). Les discussions s'imbriquent et s'orientent vers tout et n'importe quoi : l'école, les crottes de chien, les films avec des gens qui deviennent fous, les écureuils à deux têtes, etc. Peu de temps après, vous montez tous les deux dans la chambre que partagent les garçons. Elle est assez désordonnée et anarchique. Divers objets jonchent le sol : deux raquettes de tennis avec des balles roses et vertes, des jeux électroniques plus ou moins démontés, une viole de gambe électrique, des souris dans une cage, un vieil ordinateur, un miroir brisé, une grosse cathédrale en lego, un cartable avec des traces de chaussures dessus et surtout des dizaines de bandes dessinées éparpillées. Vous vous installez à un bureau recouvert de feuilles dessinées, gribouillées, et brouillonnées. Pierre-Jean pousse le désordre et vous commencez par évaluer la perversité du sujet : « Marcel Proust avait dit que la transcendance psychologique de la filosophie Rimbaldienne inhérente à la pragmatie déontologique du temps qui passe par la fenêtre n’est que la forme modifiée et transformée du Moi par l’anthropologie Rabelaisienne et le communisme sexuel du destin fataliste et inévitable de la mort rampante. De quelle manière pouvez-vous appliquer ce propos aux 45 premiers volumes du récit des formidables aventures de Rousseau au Congo ? » Le problème avec ce genre de devoirs hautement rébarbatifs, c'est que non seulement ils prennent du temps mais en plus il faut fournir un effort. On pourrait imaginer que tu t'isoles dans une bulle de stase temporelle pendant que tu le rédiges. Tu aurais un effort à fournir mais tu ne gaspillerais pas des heures. Ca ne te dérangerais pas. Au contraire, on pourrait imaginer que le temps de réalisation soit évalué à l'avance, et ce temps serait retiré de ta vie sans que tu ais à travailler. Ca ne te dérangerais pas non plus. Mais le cas réel est bien plus contraignant : il faut dépenser le temps ET les efforts. Heureusement, avec Pierre-Jean, les dissertations sont bien plus agréables et plus faciles. Il vous faut trois heures pour tout boucler. Vos deux textes donnent les mêmes idées, mais vous vous êtes arrangés pour les présenter de manière différente, de façon à ce que le professeur ne s'aperçoive de rien. Le lycée reste un univers où l'individualisme est prioritaire, et les communications entre élèves peu favorisées. Quand vous avez fini, Pierre-Jean ne peut s’empêcher de te parler bandes dessinées : « Tu connais l’album “la mathématicologie de la vie“ ? Ca raconte les aventures de Monsieur D’ampèrhe, un africain à la recherche des secrets cachés dans les mathématiques antiques. Il a un super pouvoir : quand il tend son bras gauche, qu’il regarde devant lui et qu’il dit “M’bulu M’bulu ! !“ il peut voir dans quel sens vont les électrons d'un champ magnétique. C'est génial ! - Je ne l’ai jamais lu, mais ça a l’air sympa. Et sur l’étagère, tu as quoi comme BD ? Capricorne ? Connais pas. - Je l'adore cette série ! Elle est faite par Andreas, mon auteur préféré. Il a vraiment une façon particulière de disposer, d'étirer et de tordre les cases. Certaines de ses planches sont des oeuvres d'art à elles seules. Et il ne livre jamais tout le scénario sur un plateau, c'est un réel plaisir de rechercher les petits détails qu’il dissimule un peu partout. Il a fait moultes autres albums, chargées de mystères et d’astuces narratives inhabituelles, mais je mettrais des jours à t'en parler. J'aimerais tant être aussi doué que lui. - Ah oui, c'est vrai que tu dessines un peu toi aussi. - Oui enfin sans prétention. Des fois aussi, j'écris. C’est important de créer des choses. On a tous des talents divers, artistiques ou autres. Il faut les exploiter, sinon tu n'es pas aussi utile pour la planète que ce que tu pourrais l'être. - Moi ce que j'aime, ce sont mes rêves. Ils sont souvent très beaux ou très bizarres. Peut-être devrais-je les noter. - Pourquoi pas ? Même si ce que tu racontes est absurde et incompréhensible pour la plupart des gens, ce sont des histoires qui viendront de toi, et c’est forcément plus intéressant que de consommer des émotions générées par d'autres. - Et en ce moment, tu as un projet de création sur le feu ? - En fait, je viens juste de finir une petite nouvelle amusante, qui parle de gobelins, de bière et de l'Esprit du Libre. Ca s'appelle “Les Magisciologues et les Guirlandiers“. Si tu veux, je te l'imprime. Tiens et je te prête aussi le premier tome de Capricorne. » Sur ce, il se dirige vers l’ordinateur, lance une impression, et place les feuilles dans une BD. Il te donne le tout avec une dernière suggestion : « Sandrine, je te conseille de lire toutes ces histoires assez vite, ce qu’elles renferment pourrait grandement te rendre heureuse. » Tu le remercies, vous discutez encore un peu de divers sujets, puis vous vous faites la bise et tu retournes chez toi. Une fois à la maison, tu décides de te plonger dans la nouvelle qu’il a écrite, plutôt que de regarder Nolwoana à la télé. Mais parmi les pages imprimées tu trouves une lettre manuscrite, à ton attention. Pierre-Jean a dû la glisser à ton insu. Sandrine Voilà, tu viens de découvrir ce petit mot, il est pour toi. J’aurais aimé avoir le courage de tout dire en étant face à ton visage, mais tu m’impressionnes trop. Pourtant c’est si simple à expliquer. Tu es une fille sublime et magnifique, et les sentiments que j’ai pour toi m’envahissent doucement et me font flotter sur un nuage multicolore. Calmement et gentiment je peuple mes propres rêves de tes paroles et de ta prestance. Mais j’aimerais tellement que tu sois plus présente dans ma vie. Accepterais-tu que je vienne vers toi, et que, main dans la main, nous fassions un peu de chemin ensemble ? Il y a tant de choses dont je voudrais te parler, tant de sujets que je voudrais partager avec toi. Tu as un potentiel de créativité et d’imagination immense, et au fur et à mesure que tu le découvriras, tu sauras fabriquer de belles choses qui ouvriront le monde et le rendront Libre. J’aimerais simplement être là, à tes côtés, pour que nous enrichissions nos esprits chacun avec ce que l’autre possède en soi. Voilà. Tu possède mon cœur. Tu n’as qu’à le garder et en faire ce que tu veux. Je t’en fais cadeau. A toi de décider si tu veux construire une amitié, des sentiments, et peut être plus. Juste pour nous deux. En tout cas, je t’aime. Pierre-Jean-Kevin Voilà qui est assez inattendu. Tu voyais Pierre-Jean comme un simple ami, une personne nageant dans son propre univers, ses bandes dessinées et ses textes. Maintenant que tu connais les sentiments qu'il éprouve pour toi, et la façon qu’il a de te les dire, il serait peut-être intéressant de faire évoluer votre relation. Si tu veux accepter ses avances, et construire du « nous » avec lui, va en 121. Si tu préfères refuser poliment sa proposition, en essayant de le rendre le moins triste possible, va en 113. Par ailleurs, quand tu auras fini cette aventure, n'hésite pas à lire la nouvelle « Les Magisciologues et les Guirlandiers » qui se trouve en annexe, à la fin du livre. * 105 * Tu écris un petit message d’explication sur la table de Pierre-Jean-Kevin. Le prof ne te voit pas, apparemment, il est absorbé dans son combat psychologique contre les démons intérieurs de son enfance. Malheureusement, ton aide ne lui suffit pas. Il est totalement dans les choux, et il vous faut dialoguer sur la table pendant dix minutes avant qu'il parvienne à résoudre l'exercice. Il ajoute volontairement une petite erreur de calcul à la fin, pour que le prof ne puisse pas vous accuser de copier. Il ne te reste donc plus assez de temps pour demander la feuille de pompe à Cédric. Tu réponds un peu n'importe quoi aux questions de cours, sans grand espoir. Tant pis, tu auras quand même 8, ce n’est pas si mal. Tu gagnes +1 dans ta caractéristique d’altruisme pour avoir gentiment aidé Pierre-Jean-Kévin. Ce sera toujours ça de pris, à défaut d’une bonne note. Une fois le contrôle terminé, il vient te retrouver. « Merci infiniment Sandrine. Sans toi j'étais totalement perdu. J'aimerais te rendre service à mon tour. Est-ce que tu veux qu'on se voit samedi, pour faire la dissertation de français ? - C'est gentil de me proposer. Je ne sais pas si je pourrais, on verra. - Fais comme tu le souhaites. Mais j'aurais grand plaisir à te prêter main-forte. » Sur ce, il est temps de vous rendre en histoire-géographie. Vas en 116. * 106 * Pour les besoins de l’histoire, il nous faut accélérer un peu. Les années suivantes se déroulent globalement bien pour toi et tes copines. Tu ne parviens pas à trouver de petit ami à ta convenance, même si tu reconnais qu’il y a quelques mecs bien dans ce lycée. Peut être que tu cherches un peu trop l’homme parfait, peut être que tu préfère vivre encore un peu dans tes rêves. En tout cas, le fait d’être seule te permet de t’investir dans des activités variées. Par exemple, tu prends le temps d'être bénévole aux restos du coeur. Tu y fais des rencontres intéressantes, avec des gens ayant une vraie histoire à raconter. Pour ces instants d’aide et de découverte de personnes différentes, tu peux ajouter +1 à ta caractéristique d’altruisme. Tu t'inscris également à des cours de danse. Tu apprécies particulièrement les rythmes africains, où il faut se trémousser les hanches sur des musiques endiablées. Cette occupation ajoute +1 à ta capacité physique. D’autre part, tes parents ont décidé de devenir un peu moderne, et achètent un ordinateur ainsi qu’un accès à Internet. Inévitablement, tu te crées un blog d'adolescente, avec des dessins de mignonnes petites poupées en habits brillants, et tu discutes avec des gens sur divers forums. Tu correspondras pendant plusieurs mois avec un type étrange, qui se fait appeler OvaireTime. Il prétend être un programme informatique construit par des scientifiques du futur. Son but est de rechercher une personne en particulier, dont le sort du monde dépend. Comme cela pourrait être toi, il tient à te donner un conseil important. D'après lui, dans un groupe de mannequins en plastique, ceux qui commandent sont les femmes aux cheveux noirs, les autres ne sont que des soldats. Tu gagnes +1 en bizarrisme pour avoir parlé à quelqu'un (ou quelque chose) d'aussi ubuesque. Tes années lycée sont donc bien remplies, et font de toi une femme motivée, sympathique et instruite. Nous te retrouvons un peu plus tard, en fin de classe de terminale, pendant la semaine du bac. Va à la troisième partie du récit, en 200. * 107 * Le dîner se passe normalement. Tu racontes ta journée à tes parents : le contrôle de physique, la gastronomie spécifique de la cantine, les performances de Juliana. Ton père t’annonce qu’il aimerait réparer la chaudière avec toi ce week-end. Vous avez toujours bricolé ensemble, et tu ne rates jamais une occasion de l'aider, c'est une tradition. Tu lui proposes le dimanche, car samedi tu auras des choses à faire, même si tu ne sais pas encore quoi. Le repas se termine avec ton dessert préféré. Une spécialité de la région : des alexandriettes. Ce sont des petits chocolats fourrés au camembert. Comme la plupart des adolescentes, tu vas ensuite gaspiller une bonne partie de la soirée devant la téloche. On y voit Nolwoana la sulfureuse catin d'harmonie, 19 ans, 110 de tour de poitrine. Elle chante comme l'amour est beau et comme il faudrait arrêter les guerres car c'est si tellement pas gentil pour les lapins gambadant dans la prairie, et puis il y a l'homme de sa vie qui l'attend en haut d'une falaise une rose entre les dents et un collier de 400 carats à la main. Et aussi que se suicider c'est pas une solution. Finalement, tu essaies de te mettre à travailler, en cherchant un plan pour cette fichue dissertation. Mais les idées et les arguments se mélangent dans ta tête. Tes pensées voguent inexorablement vers des garçons de ta classe. Tant pis, tu y arriveras peut-être mieux une autre fois. Le soir tombe. Va en 119. * 108 * Tu déclines poliment l'invitation de Pierre-Jean. Il semble un peu déçu : « Bon, ce sera pour une autre fois. Mais on pourrait se voir ce week-end, pour faire la disserte de français. » Tu vas retrouver Cédric et vous partez ensemble, tout en devisant sur divers sujets : les prochains devoirs, vos profs fantaisistes et anachroniques, les années d'études à venir, etc... Au skate parc, Cédric te présente ses amis. Ensuite, de manière prévisible, ils font chacun leur tour le kakou en te montrant les figures qu'ils savent faire, tout en ayant l'air de s'entraîner normalement. Cédric te propose d'essayer. Tu hésites un peu, car tu as peur d’avoir l’air ridicule et de passer pour une abrutie handicapée de l'hypothalamus. Mais il insiste, en te promettant de rester près de toi pour que tu ne tombes pas. Au début, tu n'arrives même pas à tenir sur le skate. Mais Cédric reste patient et attentionné, il parvient à te mettre en confiance et à te faire ressentir ton équilibre. Tu t'attendais à ce qu'il te fasse un plan vicieux, du style : « Je t’aide pour te diriger, mais j'en profite pour te peloter les fesses et/ou les seins ». Etrangement, il n'en fait rien et te respecte complètement. Tu apprends assez vite à tourner et à t'arrêter. Tu te sens de plus en plus à l'aise, et tu es fière de montrer tes progrès aux autres. Tu passes un moment très, agréable, tu ne ressens pas le temps passer. Malheureusement, il te faut rentrer car tu as des courses à faire pour tes parents. Avant de partir, Cédric te fait la bise et te regarde dans les yeux : « Merci Sandrine. Ca m'a fait plaisir que tu viennes. Si tu veux, on pourrait se revoir samedi, je donne un coup de main pour l'organisation des PopZeFish Awardze. C'est une démonstration de skate, avec des pros. Tu as sûrement vu des flyers qui en parlent. Si tu veux voir des sauts et des figures qui “wipwézenntt“, c’est l’occasion. » Tu le remercies, en ajoutant que tu y seras peut-être. Va en 102. * 109 * Les cours suivants se passent sans problème. La prof d'histoire-géo s'est envoyé 2 ou 3 joints pour son petit déjeuner, elle est complètement à la masse, et tu peux donc discuter tranquillement avec Coralie, ta meilleure amie. Le prof de mathématique, en tant que dépressif de niveau critique-incurable se contente de vous parler de sa défunte mère, et de son fils ingrat qui vole des mobylettes. La prof de sciences naturelles n'est pas là. Le midi, tu retrouves toutes tes copines pour manger ensemble et discuter de tout et de rien. Ton estomac proteste un peu quand tu lui envoies le déstabilisant menu de la cantine : Steak de semelle, frites-cartons, compote de purée de hachis de brocolis. Alors que tu t'apprêtais à déguster ton yaourt à l'arôme artificiel d'arôme artificiel d'abricot, tu vois Cédric s'approcher de toi. Mais comme tu es avec tes copines il préfère ne pas s'imposer. Il te fait simplement un clin d'oeil, et va s'asseoir avec ses potes. Le repas se passe normalement, personne ne vomit, et tu te prépares à retourner en cours. Va en 103. * 110 * Que cette dissertation aille au diable ! Quand le soleil est aussi magnifique, il est de ton devoir d'en profiter. Tu te rends donc au skate parc. Un bon nombre de personnes y sont réunis, avec tout ce que cela implique de pantalons larges, gel dans les cheveux, et tatouages en divers endroits. Tu vois même une fille avec des piercings aux ongles. Tu cherches Cédric dans la foule, pour finalement le trouver derrière la buvette. Il donne un coup de main à l'organisation. Vous vous faites la bise et il t'offre un Fanta au Kiwi. En attendant qu’il puisse te rejoindre après son créneau de buvette, tu t'assois dans les gradins pour regarder les performances des compétiteurs. Ils virevoltent, tournent dans les airs avec une facilité déconcertante. Ils glissent et s'élancent sur les rampes, projettent leurs membres dans des directions inattendues, et retombent toujours droit sur leurs roulettes. Les mouvements de cette danse étrange, cette chorégraphie pour cascadeur semblent entièrement naturels pour eux. Cédric vient s'asseoir à côté de toi. « Alors Sandrine, ça envoie le pâté, non ? - Oui, j'aime beaucoup. Non seulement ils sont doués mais c'est aussi très joli à admirer. C'est un peu comme le patinage artistique -Si on veut. La grâce et la légèreté auréolent aussi bien le patinage que le skate et les rollers. La différence principale, c’est les vêtements. Nous, on ne met pas de tutus rose. - Dommage, tu serais sûrement très sexy dans le même maillot de bain que Surya Bonaly ! - Au lieu de dire des bêtises, regarde la figure qu'elle fait, la fille là-bas. C'est un Spin Varial Board 360 Hardflip FuckKyo !! - Impressionnant ! Tu saurais la faire, toi ? - Non, mais il suffirait que je continue de me perfectionner. On a tous le même type de corps, donc on peut tous faire les mêmes figures. C’est universel. - Ca me ferait plaisir d'apprendre à faire un peu de skate. Mais juste pour le plaisir, je ne me vois pas passer tout mon temps à améliorer des acrobaties impossibles. - C'est normal. Chacun ses centres d'intérêts. L'important est de toujours faire un minimum d'effort physique, pour ne pas rouiller, ni engraisser stupidement. Ce corps qu’on a tous, il faut en prendre soin et le respecter, pour se sentir bien avec. - Oh oui grand maître Shao Lin ! - Moque-toi de moi ! N'empêche qu'on retrouve un peu la même philosophie dans les arts martiaux que dans le skate. Le fait de s'utiliser soi-même de la meilleure manière possible, et puis le respect, la tolérance et l'entraide envers les autres. C'est ce que je vois dans ce sport, ce n'est pas uniquement des sauts pour épater la galerie. - Tu dois avoir raison. En tout cas c'est un état d'esprit bien plus sympathique et rassurant que le foot. » Le reste de la conversation s’enchaîne sur d’autres sujets plus ou moins intéressants, ponctué par les belles envolées des skateurs. Vous restez jusqu’à la remise des prix, il s’agit d’une coupe en forme de grosse truite. Ensuite, comme tout bon dragueur qui se respecte, Cédric se propose de te raccompagner jusque chez toi. Vous repartez ensemble, et tu en profites pour essayer son skate le long du chemin. Au moment de te dire au revoir, il te prend calmement les mains et dit : « C'était vraiment un après-midi spécial, grâce à toi. Je te remercie d'être venue. » Là est le moment où il te regarde intensément dans les yeux et où il va sûrement essayer, plus ou moins, de t’embrasser une pelle. Nous sommes un samedi soir, la nuit tombe doucement, tu entends les grillons criquer. Tu as passé un agréable moment avec lui, il a ce côté protecteur et bienveillant, et il a l'air d'avoir des émotions à partager. Pourquoi ne pas continuer de jouer le jeu et essayer d’en faire plus que ton ami ? C’est à toi de décider. Est-ce que tu l’embrasses ? (Va en 101.) Ou est-ce que tu lui dis simplement au revoir en rentrant normalement chez toi ? (Va en 115.) * 111 * Ce type est vraiment bizarre et il te fait un peu peur. Tu passes devant lui sans rien dire et tu te réfugies dans la boutique. Quand tu en ressors dix minutes plus tard, il a disparu. Tant mieux. Tu rentres chez toi, tes parents sont déjà là. Ta mère te remercie pour les courses et te raconte sa journée de travail. Elle est responsable des tests de fiabilité dans une entreprise de produits ménagers. Aujourd'hui, elle devait faire chauffer des cocottes-minutes jusqu’à explosion, afin d’évaluer la température limite. Elle aurait dû les remplir d'eau, mais pour faire une bonne farce à ses collègues, elle a pris de la sauce tomate. Elle te décrit la beauté du feu d’artifice rouge qui en a résulté. Le nettoyage a été moins drôle, mais ça en valait la peine. Tu passes un moment agréable avec elle, à préparer à manger. En tant que femme extravagante, anti-clichés et fantaisiste de niveau haut, ta mère n'est pas une virtuose en cuisine. Tu préfères donc lui donner un coup de main pour s'assurer que le repas sera meilleur que celui de la cantine. Une heure plus tard, ton frère Mathieu revient de la fac. En tant que musicien incompris et écorché vif de la vie de niveau incurable, il en est à sa troisième première année de droit. Il prévient qu'il mangera rapidement, car il a un concert avec son groupe de musique au bar de la Cabine à Glougloux. Peu de temps après, attiré par la délicieuse odeur de nourriture, ton père arrive dans la cuisine, et vous prenez le repas en famille. Va en 107. * 112 * Tu lances une cartouche vide sur la tête de Cédric, il se retourne et tu lui fais signe de te passer son anti-sèche. Il est heureux de pouvoir te rendre service. Il écrit un message sur le papier et te le donne discrètement. Monsieur Vieukamemberr n'a rien vu. Apparemment, il est absorbé dans son combat psychologique contre les démons intérieurs de son enfance. Tu ne peux t'empêcher de lire tout de suite ce qu'il a ajouté à ton intention. « Si tu veus on se voi après les cours. Je voudrai te montré le skate parc ou je vai souven. Et puis aussi ce samedi ya une rancontre sportive aveque des pros ». Les fautes sont bien sûr authentiques. Voilà une proposition intéressante. Mais pour l'instant, tu préfères te concentrer sur la physique. La feuille de pompe te permet de répondre aux questions de cours, et finalement, ta note devrait monter à 12 ou 13. Au bout des 55 minutes, le prof, voulant se créer l'illusion de posséder une autorité, se met à hurler : « STOOOP ! Je ramasse les copies ! Si j'en vois un continuer d'écrire, je le tue ! Sortez en ordre ! » Tu commences à ranger tes affaires, quand tu vois un flyer posé sur ton sac, à propos des “PopZeFish Awardz“. Il s’agit d’une démonstration de skate et de rollers qui aura lieu samedi prochain. C'est sûrement Cédric qui te l'a laissé. Tu le mets dans ta poche et tu sors de l'asile de physique. Va en 109. * 113 * Cette lettre te place dans une situation un peu gênante. Tu appelles Pierre-Jean et tu lui expliques de la meilleure manière possible qu’il n’est pas le genre de garçon que tu cherches. Tu essayes de le rassurer en lui disant qu'il reste très intéressant et gentil, et qu’il se trouvera une copine rien que pour lui, très belle et sans doute un peu artiste. Cette histoire en reste donc là, Pierre-Jean apprendra, avec le temps, à penser à toi sans tomber complètement amoureux. Vous parvenez à conserver une amitié cordiale, sans plus. Tu réalises que tu ne sais pas encore exactement qui tu veux, ni ce que tu veux, mais cela viendra sûrement. En attendant, va en 106. * 114 * Voyant qu’aucune d’entre vous ne réagit, il va chercher le ballon lui-même. Il vous salue joyeusement en passant, puis retourne à sa partie de basket. Ton amie Coralie commence à dévier la conversation sur lui. « Ce type est bizarre ! Une fois je l’ai vu dans la rue en skate, il s’amusait à frôler les caniches des vieilles dames ! Et il paraît qu’il a un tatouage sur l’épaule, une tête de mort ou quelque chose comme ça. » Vous continuez ainsi, à parler de Cédric, puis des autres garçons de la classe. Le sujet est suffisamment abondant pour dissiper une partie du stress ambiant. Va en 118 * 115 * Tu remercies Cédric, tu lui fais une bise rapide sur la joue. Il est un peu surpris. Il essaye de négocier un autre rendez-vous dans la semaine prochaine, mais tu es déjà rentrée chez toi. Le lendemain, il t’appelle, et vous parlez sérieusement. Tu lui expliques avec le plus de diplomatie possible que tu n’es pas intéressée par lui en tant que petit ami. Il est un peu déçu. Dans les semaines qui suivent, vous essayez de conserver un contact poli entre vous, mais le courant passe moins bien, et vous retournez chacun vers vos amis respectifs. Tu réalises que tu ne sais pas exactement avec quel genre d'hommes tu aimerais passer de bons moments. Mais tu ne t'inquiètes pas trop, un jour tu trouveras sûrement quelqu'un qui plaira à ton coeur et à ton esprit. En attendant, va en 106. * 116 * Les cours suivants se passent sans problème. La prof d'histoire-géographie s'est envoyé 2 ou 3 joints pour son petit déjeuner, elle est complètement à la masse, tu peux donc discuter tranquillement avec ta copine Coralie. Le prof de mathématique, en tant que dépressif de niveau critique-incurable se contente de vous parler de sa défunte mère, et de son fils ingrat qui vole des mobylettes. La prof de sciences-naturelles n'est pas là. Le midi, tu manges avec tes amis à la cantine, vous discutez de tout et de rien. Le hasard (ou autre chose) fait que Cédric vient s'asseoir à votre table. « Salut les filles, ça mousse ? Y'en a pas une qui veut échanger son steak à la semelle contre mon yaourt à l'arôme artificiel d'arôme artificiel de fraise ? » Coralie profite de cette occasion pour peaufiner son régime. Au passage, elle lui fait remarquer qu'il s'est blessé au bras, immédiatement, il se lance dans son numéro de gros dur qui ne craint rien. « Oh c'est juste une égratignure. Hier, je roulais le long du canal, et un stupide caniche nain m'est foncé dessus. La laisse s'est prise dans les roues de mon skate et je me suis gamellé par terre. Tu lui réponds : « C’est un peu dangereux ces sports. Tu pourrais te faire mal. - T'inquiète, je suis super solide. En fait c'est dans la rue où il y a le plus de risques, à cause des animaux et des vieilles. On se blesse jamais en faisant des figures, parce qu’il y a personne autour. - Tu sais faire beaucoup de choses? - Je suis pas aussi fort que les vrais raïdeurzes. Mais j'arrive à faire des Fingerflip Board Airwalk Nosegrind et des Heelflip Rewind Varial 360. En ce moment je m’essaie aux Ollies One Footed Grind McTwist, mais c'est plus dur. - Je connais rien à tous ça, j'en ai seulement vu à la télé. - Si ça t'intéresse, on se retrouve au skate parc après les cours. Y'aura des potes et des copines à moi, on te fera une démonstration. Et tu pourrais essayer, si t'as envie. - C'est pas ce que j'avais prévu de faire aujourd'hui, mais pourquoi pas ? - Sinon tu peux aussi venir ce samedi. Y'aura les PopZeFish Awardz, c'est une compétition avec des pros. Là tu verras des belles acrobaties. » Vous continuez de parler de sports de glisse, le repas se passe normalement, personne ne vomit. Ensuite vous retournez en cours. Vas en 103 * 117 * Tu déclines poliment l'invitation de Pierre-Jean, en lui disant que tu dois aller te faire soigner l’os du foie. Il n’insiste pas, mais ajoute qu’il aimerait t'inviter ce samedi, pour faire la disserte de français. En sortant, tu adresses également un petit sourire désolé à Cédric. Tu prends un chemin inhabituel, en passant par le parc près du lycée. Le soleil brille, les oiseaux chantent et les arbres verdoient. Le printemps crée des instants revigorants. Tu t’attardes un peu près du bassin, où de grands cygnes blancs flottent calmement sur la surface d’une eau dormante. Quelques grands-mères typiques, assises sur un banc, ont sorti leur sac à miettes de pain. Elles en jettent par petits gestes précis à des pigeons insouciants, qui se font un plaisir de les brouter. Un écureuil est au pied d’un chêne, il n’a même pas l’air d’avoir peur quand tu marches à côté de lui. Dans l'herbe, un enfant s'amuse avec des jouets en plastique. Il a une poupée Barbie asiatique et s'en sert pour donner des baffes à un chewbacca de la guerre des étoiles. Tu l'entends se raconter ses petites histoires, il s’imagine que le chewbacca devient fou et triste, pendant que la Barbie cherche des choses à créer. Heureusement, après ils redeviennent amis et marchent ensemble. Tu le laisses à ses récits de gamins et tu continues ton chemin. En cette délicieuse saison, l'atmosphère est calme et simple. La nature n’a pas besoin de se compliquer la vie pour avoir l’air belle. Le paysage n’a pas à revêtir des manteaux de neige blanche immaculée, les nuages n'ont pas à déverser des flocons délicats et uniques, les feuilles n'ont pas à se détacher en formant des petites tornades virevoltantes. Tous ces éléments : ils leur suffit juste d’être, c’est suffisant. En sortant du parc, tu jettes un oeil sur un panneau d'affichage. Ce samedi aura lieu les PopZeFish Awardze, il s'agit d'un concours de figures et de sauts en skate. C'est sûrement l’événement dont Cédric voulait te parler. Peut-être que tu iras y faire un tour. Va en 102. * 118 * Coupant court à votre passionnante conversation, l'horrible sonnerie du lycée agresse vos oreilles. Toute la classe se rassemble pour entrer péniblement dans la salle des tortures de sciences-physique. Le professeur, monsieur Vieukamenberr, est un vieil aigri, et il ne sent pas bien bon de la bouche. De sa voix nasillarde, il énonce son petit discours favori de début de contrôle. « Sortez une feuille et un crayon, sans un bruit ! Je distribuerais les énoncés quand vous serez tous installé. Vous avez 55 minutes à partir de maintenant top-chrono ! » Puis, il essaye de prendre un air vaguement gentil, et ajoute : « Allez, ne vous inquiétez pas, je ne vous ais mis que des exercices faciles. Moi, à 14 ans, je savais déjà les résoudre. » En réalité, il est malheureux. Ces jeunes devant lui, si terriblement emplis de rêves et de rires, le rendent malades de jalousie. Il voit la beauté joyeuse, le bonheur insouciant, la vie éclaboussante et tout cela n'est pas pour lui. Il a passé son enfance à tirer les cheveux des filles et à les traiter de boudins. Il a passé son adolescence à travailler pour toujours être le premier de la classe. C’était, oh oui, si tellement plus valorisant que de se faire des amis. Il a passé ses années de fac à se masturber sur des photos d'étudiantes. Certains se vantent d'avoir dépensé leur jeunesse comme une poignée de monnaie, lui avait l'impression de l'avoir placée à la banque sans jamais la ressortir. Le tout petit noyau dense de méchanceté, bien ancré au fond de son coeur meurtri, lui hurle constamment de prendre des fioles d'acide et de les jeter à la figure de ses élèves. Mais il ne trouve même pas le courage de devenir fou. Il ne lui reste plus que son intelligence inutile, les larmes qui lui montent aux yeux quand il rentre chez lui, et la vengeance, même pas satisfaisante, de cracher à ces sales gamins des examens infaisables truffés de pièges tordus. Tu t’assois vers le fond de la classe. Mais dès que tu commences à écrire, ta table se met à brinquebaler bruyamment. Heureusement ton voisin te donne une feuille pliée en 48, en te faisant un clin d’œil. Tu lui souris et tu cales le papier sous ta table. Il s'appelle Pierre-Jean-Kevin. En tant que pseudo-poète romantique de niveau mi-moyen, ses cheveux lui tombent devant le front, il porte un pull avec des losanges jaunes-vert, et des lunettes à monture noire. Egalement grand amateur de bandes dessinées, il s'applique parfois à montrer à toute la classe qu'il lit en cachette pendant les cours, afin d'avoir ensuite l'occasion d'en discuter avec le premier qui aborde le sujet. Il a, bien évidemment, fait un exposé en anglais sur ses albums préférés, et il s'offre les meilleures notes en français. Il habite près de chez toi, et vous rentrez parfois ensemble. Il est intéressant et très gentil, d'ailleurs il t'a plusieurs fois aidé pour des dissertations. Tu parcours de ton regard les élèves s'installant à contrecoeur. C'est alors que survient un événement amusant. Ton amie Juliana sort de son sac un tupperware rempli de ratatouille, et le renverse en imitant un bruit de vomi. Puis elle tire une grimace en suppliant : « Monsieur, je peux aller à l'infirmerie s'il vous plaît ? ». Le professeur saute sur l'occasion pour hurler. « Nom de Dieu ! Pouviez pas vomir AVANT d’entrer en classe ! C’est du propre ! Partez d'ici ! Allez donc au toilettes ! à l'infirmerie ! où vous voulez ! que je ne vous revois pas ! Et prévenez une femme de ménage pour nettoyer vos cochonneries ! » Juliana continue de faire sa fausse malade et sort, non sans adresser un petit sourire à la classe avant de sortir. Tu essayes d'oublier la « performance » de ton amie et tu te concentres sur l'énoncé. Il comporte quelques questions de cours et deux exercices. Le premier a pour sujet le mouvement d'objet : un bébé incontinent et son biberon glissent sur une pente enneigée. Il faut déterminer lequel arrive en premier dans le caniveau. Le deuxième est plus compliqué, c'est le schéma électronique d'un vibromasseur, avec un enchevêtrement de résistances, de piles, et surtout un amplificateur opérationnel, le composant électronique le plus schizophrène et le plus versatile du monde. Tu passes 40 minutes à résoudre entièrement le premier exercice. Tu es fière d'avoir décelé le piège. L'énoncé ne le dit pas explicitement, mais le bébé se fait pipi dessus pendant son mouvement, ce qui modifie graduellement son coefficient de frottement avec le sol. Pour l'instant, tu es sûre d'avoir au moins 8 sur 20, ce qui n'est pas si mal. Tu aimerais plus, mais tu ne sais pas quoi répondre aux questions de cours, et le deuxième exercice a l'air extrêmement plus traître. Cédric est assis juste devant toi. Pour une fois, a l'air de bien se débrouiller. Mais tu remarques qu'il utilise une feuille de pompe cachée dans sa trousse. Tu pourrais discrètement lui demander de l'aide, ce qui te permettrait de répondre au moins aux questions de cours. Dans ce cas, va en 112. Par ailleurs, Pierre-Jean-Kevin semble plutôt stressé, car il est resté bloqué sur le premier exercice. Il suffirait que tu lui donnes quelques explications, en écrivant sur la table et il s'en sortirait sans problèmes. Si tu prends cette décision, va en 105. Mais tu peux aussi ne pas prendre de risques, et tenter de résoudre le deuxième exercice par toi-même, dans ce cas, va en 124. * 119 * Le lendemain, le soleil s'acharne à te réveiller, pour n'y parvenir que vers les 10 heures. Tu te prépares ton petit déjeuner préféré. Le café-jus d'orange se mélange dans ton bol en effilochages circulaires, ta tartine de confitures saupoudrée de corn flakes croque sous tes dents. Mathieu se lève bien plus tard, la tête dans le pâté. Il a rencontré une certaine Marianna à son concert de la veille. Une fille très sympathique, avec des cheveux bleus et des piercings en divers endroits plus ou moins intimes. Ils ont discuté d'écologie, de démocratie alternative punkesque et ils devraient se revoir bientôt. Tu aimes bien quand ton frère te raconte ses soirées, il a du magnétisme pour se lier avec des filles assez intenses en bizarrisme. La journée s'annonce belle, et ce serait vraiment dommage de rester enfermée chez toi. Tu pourrais aller au skate parc, pour les PopZeFish Awardze. Tu y retrouverais sûrement Cédric. D'autre part, la pensée de cette saleté de dissertation à rendre pour mardi vient agresser ton esprit. Tu pourrais demander de l'aide à Pierre-Jean, il en serait sûrement ravi. Le travail ne vous prendrait pas toute l’après-midi, et ce serait une occasion de remonter ta pathétique moyenne de français. Sinon, tu sais très bien que tu bâcleras le tout, à la truelle, lundi soir, pitoyablement. Si tu veux te rendre au skate parc, va en 110. Si tu veux aller voir Pierre-Jean, va en 104. * 120 * Tu récupères le ballon et le jettes dans sa direction. Malheureusement, tu vises complètement à côté. Bien entendu, ils se moquent tous de toi, mais pas Cédric, qui se contente de te sourire gentiment. Ils retournent ensuite à leur partie de basket. Tu reprends la discussion avec tes copines. Ton inquiétude à propos de la terrible épreuve à venir s'atténue légèrement. Va en 118 * 121 * Cette jolie lettre ne te laisse pas insensible, tu sens que Pierre-Jean exprime son amour de façon sincère. Tu le rappelles dès le lendemain, et vous vous retrouvez pour discuter de jolies choses et pour vous embrasser. Quelques jours plus tard, vous découvrirez la magie du sexe, sans oublier les préservatifs. Pour l'intérêt du récit, il nous faut accélérer quelque peu la narration. Pierre-Jean sera ton copain pendant plusieurs mois et vous passerez de très agréables moments ensemble. Il te présentera à ses amis, vous ferez des soirées alcools avec modération et jeux de rôles, vous regarderez des films mettant en scène des créatures vertes et vous irez même visiter des châteaux prétendument hantés. Tu gagnes +2 en imagination, car avec lui tu apprendras à dessiner et inventer des scénarios cohérents mais inattendus. Vous écrirez par exemple les aventures de Trounoirator, un être constitué de vide qui se promène sur les chaussettes des enfants, en y provoquant des trous pour faire enrager leurs parents. Ou encore la quête de Snowflakewoman, une floconne de neige qui rend les humains uniques pour qu'ils aient une raison de ne pas se jeter du haut d'un immeuble. Tu gagnes également +1 en altruisme, car vous générez un climat de respect envers les idées et les corps des autres, et c'est la meilleure manière de construire des relations saines et durables. Pierre-Jean te parlera également de l'Esprit du Libre. Il s'agit d'une créature titanesque, née dans le Monde des Idées, qui s'est ensuite téléchargée dans le monde réel sous forme d'un nuage éthéré et bienveillant, englobant la planète. L'Esprit du Libre est doté de milliards de tentacules servant à chatouiller les cerveaux et les microprocesseurs. Il parle toutes les langues et il aide les idées à copuler entre elles pour donner d'autres idées. Mais il est rare que les premiers amours durent éternellement. Votre relation s'essouffle, tu te sens lassée par ses récits hurluberluesques et son côté artiste torturé incompris de la vie. Vous mettez fin à votre idylle, sans violence, sans casser de vaisselle et sans trop se fâcher. Simplement, chacun de votre côté, vous aviez compris que ce n'était pas exactement ce que vous cherchiez. Tu continues ta vie sans lui. Ta scolarité se déroule plutôt correctement, et tu trouves le moyen de vivre 2 ou 3 aventures avec d’autres gentils garçons. C’est agréable, mais, à chaque fois, tu sais que ce ne sera pas définitif. Les années lycées s’envolent en gravant des souvenirs, l’univers glisse sur le temps comme toujours. Nous te retrouvons un peu plus tard, pendant la semaine du bac. Va à la troisième partie du récit, au paragraphe 200. * 122 * Cédric est légèrement déçu quand il te voit accepter la proposition de Pierre-Jean. Tu lui adresses un petit signe amical. Son sourire semble sous-entendre qu'il n'est pas fâché, mais aimerait t'inviter pour une prochaine fois. Tu passes la porte du lycée avec le pied gauche. C’est une lubie qui te titille parfois. Tu ne sais pas si ça te portera bonheur un jour, mais ça ne peut pas te faire de mal. Pierre-Jean entame la conversation de manière très conventionnelle. « La vache ! Je l'ai trouvé super dur le contrôle de physique ! - Ouais. Ca se voit que le prof est un psycho-maniaco-dépressif. Je me demande comment il a pu devenir comme ça. - Peut-être que son grand-frère se moquait toujours de lui, ou qu’il frappait les filles pour leur dire qu'il les aimait. J'espère ne jamais devenir aussi fou. - Le risque de devenir fou est bien moins important quand on n'est pas professeur. De toutes façons, je ne m'inquiète pas pour toi, Sandrine. Tu es une fille sympa et équilibrée, tu sauras toujours trouver quelque chose en toi pour ne pas sombrer. - Merci. Et au pire, on pourra s'entraider et se psychanalyser mutuellement. - Ouais. I would kiffe. A part ça, je voulais te parler d'une bande dessinée que j'ai découverte récemment : GurnouÿeNinja. C’est l’histoire d’un prince charmant qui se fait transformer en grenouille, et comme il habite près de Tchernobyl, il devient mutant et va s'exiler dans les égouts pour apprendre à se battre avec un sabre. Ensuite des extra-terrestres venus d’une autre dimension clonent les chefs d’état de tous les pays du monde et prennent le contrôle de la planète, alors l'humanité fait appel à Bernadette Chirac et… Enfin je vais pas tout raconter, c'est mieux si tu la lis toi-même. - OK. Je la lirais à la FNAC et je te dirais ce que j'en penserais. Ce sera de toutes façons forcément mieux que les bouquins débiles de français qu'on nous oblige à lire : « Electre et Rimbaud au pays des confessions de Jean-Jacques Giraudoux le sagouin » Franchement, n'importe quoi ! - Peut-être qu'un jour on étudiera de manière sérieuse les bandes dessinées à l'école, comme de la vraie culture. Rhhaaa ! On peut trouver tellement d'idées et d'astuces narratives dans des BD comme Garulfo ! Philémon ! Travis ! Julius-Corentin Acquefacques, et toutes celles d'Andreas : Rork, Capricorne, Arq ! - C'est vrai. Le visuel a une importance grandissante. En attendant, ça n'intéresse pas notre vieux prof de français rabougri et douillet, engoncé dans sa culture approuvée et immuable, tel un bébé entre deux gros seins de femme. - Tiens à ce propos, je te rappelle qu'on a une disserte à rendre pour bientôt. Si tu veux, je t’invite chez moi ce week-end pour qu’on la fasse ensemble. - Pourquoi pas ? Mais tu sais, c’est tellement pas mon truc le français, que je la ferais peut être à l'arrache, la veille au soir, entre la poire et le fromage. On verra, je t'appellerais. - C’est toi qui vois. Bon, voilà ma maison, ici se séparent nos chemins. Salut Sandrine. Vous vous faites la bise et tu continues le chemin, seule. Va en 102. * 123 * Tu lui donnes 2 euros, tout en prenant un air solennel. « Voici donc, mon brave. Or maintenant, quel renseignement avez-vous à me transmettre ? - Merci mille fois gente damesoiselle. Votre générosité n’a d’égal que votre charme, et je subodore que nombres d’hommes se noient dans vos beaux yeux clairs. Voici le conseil, j’espère de tout mon cœur qu’il saura vous être utile dans l’une de vos vies possibles. Ecoutez bien : si un jour on vous demande de tordre une cuillère sans les mains, tordez le reflet qu’elle vous renvoie, et le reste viendra tout seul. - Voilà une information bien étrange. En quoi pourrait-elle m'être utile? » Mais il ne te répond pas, et disparaît au détour d'une traboule. Ajoute tout de même 1 point à ta caractéristique « bizarrisme » pour l'événement qui vient de se passer. Tu rentres chez toi, tes parents sont déjà là et te demandent où sont les courses. Tu leur racontes l'histoire. Bien évidemment ils se fâchent et te traitent de gamine. Vous vous disputez et tu t’enfuis dans ta chambre pour bouder et écouter de la musique. Bon, tout cela est assez banal. Ton frère Mathieu frappe doucement à ta porte, vous vous asseyez sur ton lit. « Alors Sandrine. On fait encore des bêtises ? Les parents m'ont raconté. Ca m'a fait beaucoup rire, tu as toujours des façons amusantes de les faire enrager. - Je ne sais pas vraiment ce qui m'a pris ni pourquoi j’ai donné l'argent. J'ai parfois l'impression que mes actions sont contrôlées par un être versatile et totalement instable. - N'importe quoi ! Tu te fais trop de films, petite soeur ! - Peut-être. Et sinon, tu as quoi de prévu ce week-end ? - Je vais jouer au bar de la Cabine à Glougloux avec mon groupe de musique. C'est une soirée en faveur des ours madagascariens en voie de disparition. Tous les bénéfices fait sur la vente de bière sont reversés à l'association « aidons nos animaux les bêtes à ne pas mourir bêtement ». - Tu vas donc te saouler à la bière pour la bonne cause ? Je te reconnais bien là. Au fait, comment s'appelle ton groupe déjà ? - The Rose Painted On K's Leg, c'est pas difficile à retenir pourtant. » Les parents vous appellent pour venir manger. Ils semblent s'être calmés. Apparemment, l'incident de l'argent perdu a été assimilé. Va en 107. * 124 * Tu essaies de te concentrer sur le schéma électronique, mais l’amplificateur opérationnel est profondément engoncé dans un enchevêtrement subversif de fils, dont tu ne dégages rien de communicatif. Les lois physiques, les chemins de tension et les noeuds d'intensité se mélangent dans ta tête tels des petits diables tapageurs. Tu te rabats sur les questions de cours, pour lesquelles le hasard t'es plus utile que ta mémoire. Finalement, tu pourras espérer avoir tout juste la moyenne. Malgré tout, tu gagnes +1 en volonté, car tu t'es motivée et débrouillée seule, même si le résultat ne sera pas phénoménal. Tu rends ta copie et tu sors de la salle. Va en 116 Partie 3 : passe ton bac d'abord, ou pas * 200 * L'air ensoleillé te caresse le visage. Dehors les pigeons broutent les mégots de cigarettes de la cour, et les arbres froufroutent légèrement. Le ciel se laisse dessiner dessus par la fumée d'un avion. Tout est calme. Cette tranquillité est presque de la provocation, comparé au stress dont tu es imprégnée. Même le temps se déroule de manière cruelle pour toi. Chaque seconde passe si terriblement nonchalamment, avec une telle insupportable arrogance. Et ces oiseaux pourraient avoir l'air plus inquiet, et ces arbres pourraient froufrouter plus anxieusement, par solidarité envers toi. Mais non. La nature entière se contrefiche royalement de ton état d'esprit actuel. Cependant, même habitée par cette tension, tu te sens plutôt bien. Tu es assise dans un couloir du lycée, avec quelques amis. Vous vous remémorez les instants marquants de l'année. Juliana a apporté son historique des fringues moches des profs. Vous discutez de ce que vous allez faire des vacances, et de la voie que vous emprunterez quand tout cela sera fini. Ballottée ainsi entre ces sentiments contradictoires, tu attends ton tour pour passer l'oral du bac de ta deuxième langue vivante : le coréen. Comme toute lycéenne typique, tu as estimé chacune de tes notes, afin de déterminer combien tu peux espérer au total. Ces savants calculs t'ont confirmé que pour décrocher une mention, il te faudrait attraper des points un peu partout, même aux épreuves peu importantes. Un élève sort de la salle et passe devant vous. « Ma-de-moasel' Sann-drinn Tu-ngûû ? » L'examinateur est dans l'encadrement de la porte, c'est ton nom qu'il a prononcé. Tes amis te souhaitent bonne chance et tu entres. « Trè bienn, voi-ci le text' que vouz alé me préparer » (L’accent des asiatiques ne se laisse pas bien mettre par écrit, notre alphabet est si peu expressif pour décrire des sons). Tu lis le titre : « Description de l’influence du quatrième signe de l’astrologie chinoise (l’autruche en rut) sur la contribution de Li-Vong-Tchouwou à la collection d’œuvres d’art inutile et burlesque du musée national de la Corée de l’Est, et sur son œuvre maîtresse : une réplique exacte, au 1/500ème, de la muraille de Chine entièrement construite en beignet de crevettes. » Tu t'installes dans le fond de la classe. Tu as 20 minutes pour te préparer pendant qu'un autre élève passe l'oral avec le professeur. Ce sujet a bien été traité durant l'année, il fait partie du sacro-saint programme scolaire. Mais ce qu'il y a à en dire te revient difficilement à l'esprit, car de gros blocs d'angoisse bloquent le passage à tes souvenirs. Quelle stratégie désires-tu adopter ? Tu peux tout simplement te concentrer, fouiller dans ta mémoire et t’aider du texte pour déduire les éléments que tu as oubliés. Si c'est ce que tu choisis, va en 215. Le professeur doit certainement entendre les mêmes chose chaque fois qu'il propose ce sujet. Si tu dévies la conversation vers d'autres histoires plus amusantes, tu lui apporterais une agréable surprise, et peut-être remerciera-t-il ton originalité par une bonne note. Pour tenter cette solution, va en 216. Par ailleurs, quand tu t'es avancée vers lui pour entrer dans la salle, il t'a regardé assez longuement. Et depuis, il éprouve des difficultés à se détacher son attention de ton visage. Alors tu pourrais enlever juste un ou deux boutons à ta chemise, et lui faire quelques sourires engageants et quelques oeillades sensuelles-malicieuses. Si c'est ce que tu comptes faire, va en 217. Si aucune de ces idées ne te conviennent, tu pourrais essayer de provoquer un changement ponctuel de l'univers. On pourrait imaginer que cet homme ne connaît rien au coréen. En fait c’est un professeur d'allemand qui s'est trompé de salle. Depuis des heures, des élèves défilent devant lui et déversent un flot continu de sons qu'il ne comprend pas. Mais il est si timide qu’il n'ose pas demander où il est censé aller. Alors il reste là, et ne donne que des bonnes notes car il ne veut pas briser des avenirs de lycéens à cause de ses égarements maladroits. Une telle absurdité est-elle plausible si tu y mets suffisamment de conviction ? Pour le savoir, va en 213. * 201 * Finalement, Coralie ne sera pas la seule à pleurer pendant cette fatale journée. Tu as raté ces examens du plus que tu pouvais, même avec le rattrapage, même si tu avais brûlé des cierges gros comme des baobabs, même si tu essayais d'intenter un procès à l'éducation nationale. C'est plutôt gênant, d'autant plus que tu ne peux pas vraiment redoubler ta terminale. Tes parents ne sont pas si riches, et n'ont pas suffisamment d'argent pour te payer une foule d'années d'études, que de toutes façons, tu gaspilles. Le mieux serait donc de s'inscrire dans des entreprises d'intérim, pour commencer par des emplois comme caissière ou femme de ménage. Il n'y a pas de sots métiers. Tu pourrais aussi traîner un peu dans les bars et les boîtes. Des tas de jeunes travaillent dans ce milieu, pourquoi pas toi ? Tu décides le plan de carrière suivant : pendant les deux mois d'été, tu essayes de te faire embaucher comme barwoman. Et si ce n'est pas possible, tu chercheras alors un travail un peu plus conventionnel, même si peu haut placé dans la hiérarchie sociale. De toutes façons, le plus important dans la vie n'est pas de finir présidente-directrice-générale de l'une des entreprises les plus cotées par le magasine “Fortune“. Le plus important est de t'épanouir dans ce que tu fais. Tu peux maintenant vivre ta partie finale du récit, au paragraphe 300. * 202 * Peut-être en as-tu fait un peu trop. Tu décides de calmer les chaleureuses ardeurs érotiques qui émanent de ta personne. Tu reboutonnes ta chemise et tu remets tes jambes parallèles. Il faut savoir placer des limites à la séduction intéressée. Quelques temps plus tard, le professeur revient des toilettes, un peu essoufflé mais avec un air bien plus calme. Il te pose vaguement quelques questions très faciles sur le texte. Finalement, pour une raison que tu ne devines que trop bien, il te remercie vivement d'avoir passé cet oral avec toi. En partant, tu vois qu'il te met 14/20. Une note tout à fait honorable. Tu retrouves tes amis et tu leur racontes le déroulement de ton examen, en déformant la réalité pour la rendre légèrement plus décente. Tu restes avec eux pour discuter et soutenir psychologiquement ceux qui ne sont pas encore passé. En fin de journée, vous vous retrouvez dans un bar pour un petit moment de relâche. Chacun laisse voguer son cerveau sur diverses collines herbeuses ensoleillées. Puis vous rentrez tous chez vous, les révisions ne sont pas terminées. Va en 214. * 203 * Tu jettes des regards en coin au professeur, et tu glisses quelques allusions coquines dans tes phrases. Mais tu ne parviens pas à accrocher ta libido à la sienne. Peut-être n'es-tu pas son genre de femme. Peut-être n'es-tu pas son genre de sexe. Concentrée que tu es sur tes actes de sensualité, tu n'as pas les ressources nécessaires pour faire un oral très pertinent. Quand tu as terminé, le professeur fait la moue et tu vois qu'il te met un pauvre 8/20. Tu sors de la salle en boudant. C'est dommage, il était assez beau gosse, et il avait l'air souple. Tu aurais peut-être réellement pris du plaisir à... Bon, tant pis, de toute façon cette question n'a plus lieu de se poser. Tu retrouves tes amis dans le couloir, ils te demandent si tout s’est bien passé. Tu annonces simplement que tu t'es gaufrée en beauté. Ton ego te fait un peu mal, car tu n’as pas su séduire cet homme. Tu n'as plus trop envie de rester avec eux, alors tu rentres chez toi pour travailler les autres examens. Les révisions sont loin d'être finies. Va en 214. * 204 * Ton coeur explose de bonheur et tes yeux éclatent de joie ! Tu ne pouvais pas espérer mieux ! Les deux mois de vacances à venir s'annoncent comme un repos festif généralisé. Tu pourras, l'esprit libre, partir en voyages dans des contrées exotiques et bariolées, avec ou sans tes parents. Tu pourras passer tout le temps que tu veux à lire, dormir ou buller avec tes amis. Félicitations ! Avec une telle note, ton avenir étudiant est assuré. Tu avais postulé, sans trop y croire, pour une école renommée : l'ENIRAK (Ecole Nationale d’Ingénieur Raffolant de l’Alcool de Kiwis). Tu es maintenant sûre d'y être acceptée. Une foultitude de possibilités et de savoirs s’offrent à toi : mécanique, informatique, écologie… Tu n'auras que l'embarras du choix ! Tu peux maintenant vivre ta partie finale du récit, au paragraphe 600. N.D.L.A. : une petite précision, pour éviter que le lecteur ou la lecteuse ne se mette à penser des choses bizarres parce qu’il y a le mot « Irak » dans le nom de l’école. (D’ailleurs quelles choses bizarres exactement y aurait-il à en penser ?) Cela n'a rien à voir avec le pays, simplement, le mot ENIRAK écrit à l’envers donne un certain prénom de fille. * 205 * Tu n'avais pas beaucoup d'amitié avec Hilde, mais le happening qu'elle avait fait était si inexplicable. Son image sanglotante emplit ton esprit et absorbe tous tes chemins. Les autres éléments associés au texte partent batifoler dans diverses régions du Monde des Idées. Inutile de s'attarder sur l'oral en lui-même, c'est une catastrophe. Tu n'as rien à dire et en plus quand tu le dis, tu fais des fautes. Le professeur t'avoue qu'il ne pourra pas te mettre la moyenne. Tu quittes la salle, déçue. Tu expliques rapidement à tes amis que tu t’es bananée, puis tu rentres chez toi. Tu n’as plus trop le cœur à rester avec eux, et tu ne veux pas les démoraliser avec ta non-performance. Va en 214. * 206 * Malheureusement, les idées ne semblent pas attirées par ton esprit, aussi vagabond soit-il. Quand le professeur t'appelle, tu n'as rien d'inhabituellement intéressant en tête. Après quelques banalités d’usages, tu tentes de dévier la conversation, mais tes histoires émiettées ne trouvent pas grâce aux longueurs d'onde du professeur. « Vous êtes complètement hors sujet », t’annonce-t-il tristement « Je ne pourrais même pas vous mettre la moyenne. » Tu quittes la salle, dépitée. Tu expliques rapidement à tes amis que tu t’es fichtrement dispersée, et que rien ne s'est passé comme tu as voulu. Finalement, tu rentres chez toi. Tu n’as plus trop le cœur à rester avec eux, et tu ne veux pas les démoraliser avec ta non-performance. Va en 214. * 207 * Tu patientes quelques minutes, puis tu te rends aux toilettes des hommes. Par chance, une seule porte est fermée. Tu jettes un oeil par en-dessous et tu reconnais ses chaussures. Tu chuchotes contre la paroi : « Je suis là ». De l’autre côté, tu détectes une hésitation. Il souhaitait ardemment que tu viennes, mais n’y croyait pas vraiment. Finalement, le verrou s’ouvre et tu apparais à lui dans toute ta splendeur féminine. Il t’accueille avec un grand sourire, et t'admire de haut en bas. Visiblement, il a déjà commencé, puisque son pantalon est ouvert. Il semble toutefois un peu hésitant, désorienté. Tu décides donc de prendre les devants, tu te précipites sur lui, tu fermes la porte à clé et tu l’embrasses avec fougue. Tu passes lentement ta main sur son sexe qui devient de plus en plus long. Tu sens ses mains qui t'explorent : les épaules, les seins, les fesses, les cuisses... Tu te serres contre lui, tes aréoles touchent ses pectoraux. Il essaie de parler mais tu ne lui en donnes pas l’occasion, tu continues de garder ta bouche contre la sienne et de caresser sa langue. Tu descends son caleçon, et tu ouvres sa chemise pour découvrir son corps, d'abord avec tes yeux, puis ta langue. Tu t’accroupis devant lui, tout en léchant sa poitrine pour suivre les dessins de ses muscles et de ses abdominaux. Arrivée en bas, tu refermes ta bouche sur son pénis, tout en massant la fermeté de ses fesses. Tu suces doucement son gland, tu le sens se gonfler par à-coups, sous la pression de l'envie et au fur et à mesure de tes va-et-vients. Il passe une main tremblante dans tes cheveux, et pousse des râles de satisfaction. La lave chaude de la sensualité parcourt ses veines, et toi-même, ta petite culotte est déjà toute mouillée. Alors qu’il est sur le point d’atteindre le paroxysme du plaisir, il retire son sexe et te relève. Il s’assoit sur le siège, enlève précipitamment tes vêtements, tout en embrassant ton nombril. Tu vérifies qu’il met correctement son préservatif, puis tu le laisses te prendre par les hanches et t’attirer doucement à lui. Tu te mets sur ses cuisses, sa verge turgescente et rouge te pénètre progressivement, t’arrachant un long gémissement d’extase jouissive. Il commence doucement à avancer et reculer dans ton vagin inondé de désir. Il embrasse ta poitrine, tes seins se durcissent au maximum en réponse à ses gestes charmants et rassurants. Affectivement, tu te sens vraiment en confiance avec lui. Tu continues à onduler du bassin, accompagnée par ses mains, pour qu’il se donne plus profondément à toi. Tous tes membres, un à un, du coeur jusqu'au bout des doigts, s'abandonnent progressivement au feu qui a pris naissance dans ton ventre. D'un mouvement brusque, tu te resserres contre lui et tu colles ton visage au sien. Les yeux dans les yeux, ta vulve se contracte par à-coups, en pressions effrénées, amenant le déclenchement final de l'orgasme. Ton hurlement s’allie à ses cris d’excitation dans une note exacte. Vous atteignez le septième ciel ensemble, à l’unisson, en un instant de jouissance parfait. Les décharges électriques du plaisir vivant envahissent ton corps. Tu te cambres, ses doigts se crispent sur tes fesses, et tu ne peux t’empêcher de lui griffer les cuisses dans un délire explosif sexuel total. Tu retombes sur lui, exténuée, noyée de plaisir, incapable de bouger pendant un long moment, alors qu’il est encore en toi. Vous vous rhabillez, en vous caressant légèrement de temps en temps. Tu retournes la première dans la salle d’examens, les yeux hagards, les cheveux ébouriffés et le souffle court. L’autre élève qui prépare son texte ne vous a même pas vu partir, toujours penché sur son travail. Quelques instants plus tard, le professeur revient, l'air aussi abasourdi que toi. Vous vous regardez longuement. Vous continuez un petit peu l’oral, histoire de faire bonne figure, mais spirituellement, vous êtes restés dans des pays chaleureux et bons. Quand tu quittes la salle, il te donne un petit message : « merci pour ce moment si fabuleux, je vous mets 19/20 » Tu retrouves tes amis, qui sont à des millions d’années-lumière de ce qui vient de se dérouler. Tu mens un peu et tu inventes vaguement un oral classique, qui aurais “plutôt bien marché“. Tu parviens à cacher le fait que tu es épuisée et totalement ravie par quelque chose de bien plus important qu’une bonne note. Finalement, tu leur souhaites bonne chance et tu rentres chez toi. Tu sais que le professeur sera d'une humeur excellente à partir de maintenant. Ces épreuves ont parfois de très bons côtés. Va en 214. * 208 * Dans un fracas éthéré, quelques poutres fondatrices de réalité s'écroulent devant toi. Tu profites de la brèche pour accéder à l'esprit du professeur. Patiemment, tu fouilles ses couloirs et tu enlèves son savoir en coréen, pour le remplacer par quelques rudiments d'allemand que tu attrapes à l'extérieur. Pendant ce temps, dans le Monde Physique, le professeur est toujours avec l'autre élève. Mais il commence à s’égarer, ses phrases perdent leur sens. Il parcourt la salle de ses yeux ronds et étonnés. Il a de plus en plus l'air d’être débarqué d'une autre planète. Vient ensuite ton tour de présenter le texte. Et là c'est le festival folklorique intégral. Il ne comprend absolument rien et se contente d'acquiescer par des « Haï ! Haï ! ». Il espère péniblement que cela signifie bien « Oui » en coréen. Mais finalement, il n’est même plus sûr du langage que tu utilises actuellement. Il ne sait plus si c'est le monde qui est devenu fou ou lui-même. De ton point de vue, la situation est plutôt amusante. Tu testes le niveau d'âneries que tu peux raconter. Tu commences par faire un gigantesque contresens, en prétendant que la réplique de la muraille de Chine est en rouleaux de printemps. Il ne réagit pas. Tu lui avoues que tu le trouve plutôt beau garçon, qu'en d'autres circonstances tu aurais aimé boire un verre avec lui et plus si affinités. Il continue de répéter le même mot. Tu finis par lui dire « evmlklkjejlkmv lmkjsfd mlkgf goumlk », ce qui ne veut strictement rien dire, autant en français qu'en allemand qu'en coréen. Tu lui souris avec satisfaction. Il se demande si tu fais juste une pause ou si tu as terminé. D'un air hésitant, il bredouille : « C'est très bien mademoiselle... Euh... Je vais vous mettre... 18/20... Cela vous convient-il ? Dites oui, s'il vous plaît. » Tu réponds avec un grand sourire : « Haï, haï ! ! ». Puis tu sors de la salle, pleinement heureuse de tes capacités bizarristiques. Tu sais que la réalité mettra du temps à absorber tes dérogations chaotiques et à régénérer sa pertinence. Tu annonces donc à tes amis que le professeur donne des notes phénoménales, quels que soient les débilités ou les borborygmes qu'on lui sort. Tu évites de leur dire que tu es à l'origine de cette perturbation, mais tu les invites à essayer par eux-mêmes l'étendue de liberté que propose cet examen. Tes amis sont un peu perplexes au début. Mais au fur et à mesure qu'ils passent et reviennent en riant, plus de doute possible. Vous improvisez alors un concours de l'oral le plus désopilant possible. Certains racontent des blagues cochonnes en coréen, d'autres récitent des publicités ou des chansons. La palme revient à celui qui pousse des cris d'animaux tout en gardant un sérieux inaltérable, le professeur lui mettra un magnifique 17/20. Vous vivez donc un agréable moment très surréaliste, tous ensemble. Alors que vous devriez stresser, réviser votre grammaire et votre vocabulaire, vous êtes là à rivaliser d'absurdisme devant un professeur magistralement zappé de l'univers tangible. Quand tout est terminé, vous vous retrouvez dans un bar, chacun y va de ses commentaires et de ses rires. Tes amis ne trouvent pas d’explication à cet événement étrange, et tu te gardes bien de la leur révéler. Mais la surprise leur a été joyeuse et bénéfique, ils ne se posent donc pas trop de questions. Ensuite, vous rentrez dans vos pénates respectives pour continuer de travailler. Il reste encore beaucoup d'épreuves à faire. Va en 214. * 209 * Eh bien voilà ! Tu l’as eu, et plutôt correctement. Tu espérais peut-être mieux, mais ce n’est pas si important. Pour fêter ta réussite, tes parents t'invitent le soir même à ton restaurant préféré : l'Arc-en-ciel. Tu prends le menu Rouge : steak tartare aux tomates, babybels, tarte à la framboise, vin et grenadine à volonté. Vous discutez de tes années à venir. Tes parents sont heureux de voir que tu pourras prendre la voie que tu as choisie depuis plusieurs années : la plomberie-zinguerie-lavaboterie. Des études de ce type peuvent paraître bizarre pour une fille, mais c'est ce qui te plaît, peut-être parce que tu as toujours aimé bricoler avec ton père. De plus, c'est un domaine offrant beaucoup de débouchés. Les formations bassement techniques, « sur le terrain », n'ayant jamais été appréciées à leur juste valeur en France, il y a souvent de la demande dans ces métiers. Tu peux maintenant vivre ta partie finale du récit, au paragraphe 500. * 210 * Tu repositionnes les organes remémorisateurs de ton esprit et des souvenirs plus pertinents commencent à affluer. Tu notes le tout sur quelques pages de brouillons, le résultat est assez complet. Quand c'est ton tour de passer, tu régurgites tout ce qu'on t'a appris, comme une gentille petite élève modèle. Le professeur te pose ensuite quelques questions, tu y réponds sans problèmes. Pour finir, tu le remercies, et au moment de te lever, tu aperçois subrepticement qu'il te met 17, ce qui dépasse tes estimations les plus optimistes !! Tu sors de la salle, tu t’empresses d’annoncer à tes amis que tout s'est très bien passé, et tu en profites pour leur donner quelques conseils. Le stress s'étant dissout, tu restes avec eux pour continuer d'apprécier l'instant. Mais tu les écoutes plus que tu ne leur parles. Pour eux, la tension est encore là, il est normal qu'ils éprouvent le besoin d'en évacuer une partie en discutant. A la fin de la journée, vous vous retrouvez dans un bar pour fêter cette fin d'oral. Chacun laisse voguer son cerveau sur diverses collines herbeuses ensoleillées. Puis vous rentrez tous chez vous, les révisions ne sont pas terminées. Va en 214. * 211 * Ton esprit parvient à être bien visible, et les idées s'accrochent par grappes entières à tes chemins de pensée. Tout n'est pas excellent, mais tu fais le tri pour ne garder que les plus amusantes, celles qui régénéreront le bien-être du professeur. Il t'appelle. Tu commences à parler un petit peu du texte et tu dévies très vite la conversation vers plus de diversité : l'alcool de litchis, le symbole phallique des robots géants dans les dessins animés asiatiques, les diplodocus à 8 anus, etc. Il semble heureux de voir quelqu'un lui apporter une telle fraîcheur. Tu te permets même une petite blague coréenne : « C’est l’histoire de deux rouleaux de printemps qui sont dans une poêle en train de chauffer, y’en a un qui dit “pfooouuu, il fait chaud ici !“ Et l’autre rouleau de printemps s’écrie : “aaaaah au secours ! Un rouleau de printemps qui parle ! ! “ » Le professeur éclate de rire. A la fin, il te remercie pour cette discussion illuminante et si agréablement déséquilibrée. En sortant de la salle, tu vois qu'il te met 18, une note qui dépasse toutes tes espérances ! En revenant dans le couloir, tu t'empresses de raconter à tes amis les histoires abracadabrantes que tu as fait fleurir aux oreilles du professeur. Tu leur conseilles d'employer le même genre de stratégie, toutefois avec modération. Tu passes le reste du temps à discuter calmement avec eux, ce qui permet à ceux qui ne sont pas encore passés de faire fondre leur stress. Quand tout le monde a terminé, vous vous retrouvez dans un bar pour fêter cette fin d'oral. Chacun laisse voguer son cerveau sur diverses collines herbeuses ensoleillées. Puis vous rentrez tous chez vous, les révisions ne sont pas terminées. Va en 214. * 212 * Tu te poses doucement, en cambrant les reins, suffisamment pour que le geste ne paraisse pas naturel. Sous la table, tu avances un peu ton pied pour essayer de toucher le professeur. Tu commences à lire le texte d’une voix fluette, pour donner l’impression d’une fille mignonne et coquine, mais pas forcément sage. Tu le regardes intensément, en alternant les combinaisons grand sourire + yeux brillants de gazelle amoureuse et expression style Joconde + yeux parcourant son corps. Il ne semble pas insensible à tes offensives de charme, car il se met à respirer plus bruyamment et à devenir plus rouge. Après avoir tout lu, tu croises les bras sur ton ventre pour faire ressortir ta poitrine, soulignée de manière avantageuse par la courbe descendante de ta chemise dégrafée. Tout en discutant vaguement en coréen, (peu importe tes paroles), tu te penches de plus en plus vers lui. Tu n’y avais même pas songé auparavant, mais finalement il te plaît bien ce petit asiatique, avec son air timide. Il est plutôt musclé, a un visage bien dessiné, et des mâchoires assez carrées, ce qui laisse présager un taux d’hormones conséquent. Des pensées agréables peuplent petit à petit ton esprit. Tu n’y opposes pas de résistance, et tu sens tes tétons pointer. Tu le déshabilles mentalement. Il est plus en plus gêné, ce qui contribue à faire monter le désir en toi et te donne envie de continuer à jouer le jeu. Ses yeux font des aller-retours affolés entre ton visage et tes seins. Il tente de t'interroger sur le texte, mais il bégaye et doit se reprendre plusieurs fois. Tu en profites pour lui sortir une combinaison palpitante : regard de braise + langue sur les lèvres + mains dans les cheveux. Tu n'as même pas écouté sa question, perdue que tu étais dans l'admiration de ses bras magnifiquement sculptés. Alors, tu avances ton pied sous la table pour rencontrer sa jambe. « Oh pardon » susurres-tu d’un air innocent en mettant ton doigt sur ta bouche. Tu progresses jusqu’à effleurer sa cuisse. Tu te rends bien compte qu'il n’y tient plus. Dans un effort que tu imagines surhumain pour lui, il détache son regard de ta bouche, et bredouille « excusez-moi, je vais aux cabinets ». Il se lève et reste un instant devant toi, à te regarder avec insistance. Tu as bien compris qu'il espère utopiquement que tu viennes avec lui. Tu murmures : « d’accord, à tout à l’heure ». Le choix t'appartient. Tu peux rester là, à l'attendre, car après tout, les humains ne sont pas des animaux. Dans ce cas, va en 202. Tu peux concrétiser ton travail de séduction, et le rejoindre aux toilettes, car après tout, nous sommes bien des animaux. Dans ce cas, va en 207. Personne n'en saurait rien, tu n'as pas à repasser par le couloir où se trouvent tes amis, et le type qui prépare l'oral au fond de la salle est banalement concentré sur son texte. * 213 * Il paraît qu'en souhaitant très puissamment un événement, celui-ci finit par arriver. Cette technique s'appelle une égrégore, mais elle est très difficile à réussir par une seule personne. Donc pour le cas présent, il vaut mieux employer une autre méthode. Le plus simple serait d'acquérir des droits de décohérencement, en surprenant et en déstabilisant l’univers autour du professeur. Ce qui te permettrais ensuite de modifier le contenu de sa mémoire à ta guise. Tu rassembles dans ton esprit les pensées les plus ubuesques possibles, et tu diriges ce flux déréelifiant vers l'armature de logique se trouvant quelques mètres devant toi. L'effort est considérable. Tu commences à suer, tes oreilles bourdonnent, et des points de lumière dansent devant tes yeux. Quelques jointures de normalité commencent à céder. Si tu as 7 ou plus en bizarrisme, va en 208, sinon, va en 218. * 214 * Il serait trop long et hasardeux de s'attarder sur l'ensemble du bac. Pour résumer : tout se déroule assez bien pour toi, même si tu restes dans un flou imprévisible concernant tes estimations de notes. Quelques anecdotes croustillantes viennent ponctuer les épreuves. - Pendant la philosophie, Nick Hiroshim, un type de ta classe, est pris de spasmes violents et éructe de bruyants borborygmes de déglutition. Il part en courant aux toilettes. Tu apprendras plus tard qu'il avait enfumé ses capacités intellectuelles avec 3 joints bien chargés. Il pensait obtenir de l'inspiration en se mettant dans un état “plus ouvert“. Peine perdue. - A l’examen de mathématiques, tu aperçois ton voisin glissant discrètement un billet de 50 euros dans sa copie. Tu lui souhaites mentalement bonne chance pour les étapes suivantes de sa vie. - Juliana ne fait pas semblant de vomir pendant les sciences physiques. Il va sans dire que tu conclus cette semaine de calvaire par une gigantesque soirée en boîte. La discothèque « L'octogone aux 6 côtés » organise la nuit du bac, entrée gratuite sur présentation de la convocation. Tu danses comme une folle avec tous tes amis, jusqu'à 5 heures du matin. L'un d'eux te proposera même de sortir avec toi, mais tu refuseras poliment. Il n'était pas très intéressant ni très attirant, et surtout, tu as conscience d'être arrivée à un tournant important de ta vie, tu veux donc affronter les prochains événements seule. Tu te trouveras bien un mec sympathique un jour ou l’autre. Va en 219. * 215 * Tu te tranquillises et tu respires profondément. Les blocs d'angoisse de ton esprit commencent à fondre doucement et de la mémoire te revient. Quand vous aviez parlé de ce texte en classe, Pierre-Jean était assis à côté de toi. Il n'écoutait rien et avait dessiné sur son cahier une allégorie du complexe de super-Oedipe. L’image était soignée, mais ce n’était pas très esthétique. Et au début du cours, la professeuse avait interrogé une élève : Hilde Fecallement. Elle savait parfaitement sa leçon et avait répondu à toutes les questions. Mais inexplicablement, elle avait fondu en larmes. Plus personne ne savait où se mettre. Voilà qui n'est pas très intéressant, et tu risques de disperser tes chemins de pensée. Toute la question est de savoir si tu vas parvenir à te reconcentrer sur le texte pour ramener des souvenirs plus utiles. Si tu as 4 ou plus en volonté, va en 210, sinon va en 205. * 216 * Les sujets soulevés par ce texte sont bien trop scolaires et rabougris pour toi. Par respect envers l’inventivité humaine, tu te dois de raconter des histoires plus fantaisistes, même si le rapport avec la culture asiatique s’en trouve quelque peu éloigné. Tu laisses ton esprit se déconcentrer et tu l'autorises à songer à n'importe quoi. Dans le Monde des Idées, plusieurs chemins de pensée partent de ton âme dans des directions aléatoires, en contournant les blocs d'angoisses. Vont-ils parvenir à ramener des choses intéressantes ? Si tu as 4 ou plus en imagination, va en 211, sinon va en 206. * 217 * Tu n'essayes même pas de lire le texte ou d'y réfléchir. Tu préfères préparer le terrain immédiatement. Asiatiques ou pas, les hommes sont un peu tous les mêmes, il suffit de leur mettre sous le nez les morceaux de chairs qui vont bien. Tu lances des combinaisons sourire + clin d'oeil significatif chaque fois qu’il tourne les yeux vers toi. Tu réajustes ostensiblement ta coiffure, tout en croisant et décroisant les jambes. C’était une bonne idée d’avoir mis un short assez court aujourd'hui. Quand l'élève précédent a fini, tu viens t'asseoir devant pour passer l’oral. Si tu as 4 ou plus en charme, va en 212, sinon va en 203. * 218 * Très chère Sandrine, la réalité n'est pas si intangible que ça. Le monde dans lequel tu vis a ses propres règles de fonctionnement et ne va pas se plier à tes moindres décisions. Ce professeur enseigne bien le coréen, il te fait passer ton oral, et, de manière prévisible, tu es intégralement dans les choux car tu n'as pas pris le temps de travailler le texte et de te concentrer dessus. Tu ramasses un malheureux 5, et tu sors de la salle complètement déboussolée. Tu retrouves tes amis et tu leur dis que tu t'es superbement viandée. Tu ne leur précises pas ce que tu as essayé de faire. Mais maintenant que tu y repenses, ta stratégie pour cet examen était vraiment saugrenue. Déformer la réalité. Quelle idée de déconnectée ! Parfois, tu as cette impression étrange de ne pas contrôler tes actes, d'être dirigée par une autre créature, une sorte d'esprit supérieur au tien. Dans quelle mesure es-tu libre Sandrine ? Voilà une question métempsychologique sans intérêt. Tu rentres donc chez toi pour réviser les autres épreuves. De toutes façons, tu n'as pas trop le coeur à rester avec tes amis, après ta prestation catastrophique. Va en 214. * 219 * Quelques semaines plus tard... Des centaines de personnes attendent devant une lourde porte verrouillée. Son ouverture est imminente, et apportera la révélation de vos avenirs. Le plus révoltant est que tout dépend du simple bon vouloir d'un concierge quelconque, qui n'a même pas conscience du caractère sacré et symbolique de son acte. Un employé froid et mécanique, faisant partie d'une administration insensible. Par ces pensées, l'intensité du moment vient recouvrir tout ton être. Comme d'habitude, le temps est palpable et prend un malin plaisir à s'écouler toujours à la même vitesse. Comme d’habitude, les arbres, les pigeons et ce chat qui traverse la route n’ont que faire de vos peurs. Leur tranquillité et leur manque de solidarité sont désobligeants. Ceci dit, s'ils étaient capables de ressentir votre anxiété actuelle, ils se contenteraient sûrement de s'esclaffer. Insouciants et effrontés éléments de la nature !! Bientôt toi et tous ces gens connaîtront leur résultat au bac. La Note. Les Points. La Valeur. Oh les si belles capacités d'abstraction de notre système scolaire ! En un seul nombre, voici le résumé de 3 années. Par un seul nombre, une grande part de tes études à venir sera déterminée. Oh cette si belle propension humaine à compacter toutes choses en données restreintes et aisément quantifiables ! Tu mériterais presque un point de bizarrisme, pour cette mise en chiffre si extrême. Mais n'exagérons rien, il paraît que ce genre d'événement arrive chaque année pour des milliers d'élèves. Ton amie Coralie est assez nerveuse. Il lui faut une mention pour pouvoir intégrer l'UTBMM (Université de Techniciens en Biologie des animaux Marins Mous) et réaliser son rêve de toujours : embrasser la carrière de vétérinaire pour poulpe. Pour se détendre, elle te parle de ses prochaines vacances. Elle passera 2 semaines en Franche-Comté, dans le petit village de Saint-Triffard-Sur-Vieille, où aura lieu le festival de la cancoillotte et du boudin. Soudain un bruit métallique se fait entendre et les portes s’entrebâillent. Le concierge nain qui se trouvait derrière s'empresse de reculer et de retourner à ses tranches de vie crapoteuses. Les battants sont poussés par plusieurs dizaines de bras, et le bataillon compact de lycéens s'écoule par le passage pour se répandre dans la cour. Portée par le flot des gens, compressée entre un gros futur informaticien aux cheveux longs et une jolie métalleuse aux larges fesses, tu perds de vue Coralie. Le seuil semble s'approcher de lui-même. Tu le franchis en éprouvant les mêmes sentiments qu'un morceau de dentifrice sortant de son tube. Finalement, la foule se clairsème et tu commences à retrouver un peu d'espace vital autour de toi. Au fur et à mesure que les gens se dirigent vers les panneaux d'affichage, de plus en plus se mettent à agir n'importe comment. Certains entrent dans une euphorie totale, sautent en l’air et hurlent leur joie jaillissante. D'autres fondent en larmes, se réfugient dans les bras de leurs parents ou leurs amis, et envisagent avec dépit une année de redoublement. Quelques-uns serrent rageusement les dents, et voient une partie de leurs vacances se noircir en d'harassantes et déprimantes révisions pour le rattrapage. La réunion en un même lieu de ces comportements diamétralement opposés crée une atmosphère presque solide. Plantée au milieu de la cour, tu contemples ce ballet surréaliste de lycéens et leurs actions imprévisibles. Tu te sens un peu extérieure à l'événement, sans trop savoir pourquoi. Une main touche ton épaule, tu te retournes, Coralie est là, décomposée. Entre deux sanglots, tu comprends qu'elle n'a eu que 11. Elle devra aller en IUT et ne pourra espérer intégrer l'UTBMM que l'année prochaine. Tu essayes de la consoler du mieux que tu peux, tu lui dis qu'elle finira par avoir le métier qu'elle aime, même s'il lui faut plus de temps. Elle se calme un peu, et te demande pleurnichamment si de ton côté, tu as bien réussi. Tu réalises alors que tu n'es toujours pas allé voir ta note, trop absorbée que tu étais dans l'observation des émotions qui bourgeonnaient autour de toi. Tu t'avances vers la liste des noms commençant par T. Quelques personnes te bousculent. Tu repères où tu es sur la feuille, en évitant soigneusement de regarder la dernière colonne. Tu fermes les yeux, tu inspires profondément, tu les rouvres et tu déplaces ton regard vers la droite. Combien as-tu eu ? Pour le savoir : un petit calcul s'impose. Réussir son bac, c'est en grande partie, travailler assidûment pendant les années du lycée, et réviser comme une éléphante avide de savoir durant les semaines qui précèdent. Ces efforts requièrent de la motivation. Tu dois donc prendre ta caractéristique de volonté, ce sera la valeur de base pour déterminer ta note. A quelques trop rares moments, certaines épreuves te permettent d'user sporadiquement de ta créativité. Par conséquent, ajoute 2 à la valeur de base si tu as plus de 5 en imagination, sinon, n'ajoute rien. N'oublions pas non plus l'épreuve de sport, bien qu'elle ait peu d'importance. Ajoute 2 si tu as plus de 5 en capacité physique, sinon, n'ajoute rien. Il faut également tenir compte de l'oral de coréen. Si tu as réussi à avoir une note supérieure à 16 (quel que soit le moyen employé ! ), ajoute 2, si tu as eu entre 16 et 10, ajoute 1, sinon, n'ajoute rien. Mais finalement, ce qui intervient le plus dans ce type d'examen, c'est le hasard. Les professeurs corrigeant tes copies étaient-ils de bonne humeur ? Avaient-ils fait l'amour les dernières 24 heures ? Les sujets proposés étaient-ils faciles ? Avais-tu bien dormi la veille de chaque épreuve ? Des extra-terrestres ont-ils tenté de prendre le contrôle de ton cerveau ? Pour représenter cette aléatoiritude, regarde l’horloge de ton ordinateur, et ajoute le chiffre des unités des minutes (par exemple, pour 13h45, ajoute 5, pour 17h53, ajoute 3). Si ce texte a été imprimé, demande l'heure a quelqu'un ou quelque chose près de toi. Si tu erres au milieu du vide intersidéral et que tu n'as pas de montre, débrouille-toi, il te faut un chiffre entre 0 et 9. Et surtout ne triche pas en espérant que les minutes vont avancer ! C'est maintenant, là, qu'il faut regarder. Carpe Minutem (cueille la minute présente). Le résultat final te donne ta note du bac. Si tu as 9 ou moins, va en 201. Si tu as entre 10 et 14, va en 209. Si tu as 15 ou plus, va en 204. Sous-partie 4 – 1 : Cocktails et bagarre * 300 * Inclinaison 45 degrés. Débit maximum. Pression optimale. Cinq secondes avant complétion... ... OK. Proportion Liquide/Air acceptable. Tâche suivante. Une Torpille Anti-char. Commande d'ouverture des munitions. Bien viser. Bien répartir les charges. Secouer la petite ogive métallique. Cristaux. Concassage. Quelques pruneaux. Fragment de grenade. Le tube en plastique pour finir le travail. Couleur acceptable. Tâche suivante. Tu progresses rapidement, en te glissant parmi les guerriers cosmopolites. Partout des éclats de voix et des cris. Ils se rassemblent et s'attaquent, préparent leurs mines. Sans doute tomberont-ils dans quelques heures. Des commandes sont hurlées dans tes oreilles. La fumée résiduelle agresse tes yeux. Une géant en treillis, aux allures de gorille, manque de te renverser. Tu te coules sur le côté pour l'éviter. Ton objectif n'est plus très loin. Là-bas, une table. Scotchés dans leur T-shirt moulant, deux éphèbes noctambules te regardent arriver avec un grand sourire type beau-gosse-skyblog. Tu les laisses admirer ta poitrine un court instant. C'est si simple de satisfaire leurs désirs superficiels. Et ça les rendra plus enclins à te commander d'autres boissons. « Une bière pression, et un cocktail Torpille Anti-char. Six euros cinquante s'il vous plaît. » L'un d'eux te tend docilement un billet. Juste à côté, un groupe d'ingénieurs alcooliques cherchent à rentabiliser le plus possible leur crédit temps happy-hour. Ils t'alpaguent et requêtent un mètre de Rebrousse-poils doubles. C'est là qu'est ton univers. Entourée de personnes diversifiées. Proposer des consommations. Imaginer de nouveaux cocktails. Des rencontres inattendues amenant des conversations captivantes ou embrumées. De la musique en flots continus. Des sourires. De la vie. Oh bien sûr, serveuse de bar n'est pas un métier qui paye beaucoup. Et tôt ou tard, il te faudra sérieusement réfléchir à un plan de carrière à long terme. Mais pour le cas présent, ta situation te convient. Et puis, si tu t'entraînes suffisamment, peut-être pourras-tu devenir championne internationale de karaoké, ou maître-jongleuse de bouteilles de Martini. Tu retournes derrière le comptoir. Un type y est accoudé. Pas très beau. Vêtu d'une veste en jean d'un autre âge. Il te regarde avec un air et un sourire bizarre, suggestivement pervers schizoïde. « Bonsoir Monsieur. Qu'est-ce que vous prendrez ! - Une conversation, Sandrine. - On se connaît ? - Plus que tout autre chose. Ce que je pense, mes idées, mes délires vivent à l'intérieur de vous. Il vous suffit de sonder vos propres réflexions pour me voir et me comprendre. - Si c'est une technique de drague elle est mauvaise. - Ce n'est pas tout. Chaque objet, chaque lieu de cet univers est criblé par de petits bouts de mon esprit. - Je n'ai pas que ça à faire. Si vous croyez que vous pouvez faire votre fier petit malin parce que vous avez demandé mon prénom au barman... Vous n’êtes vraiment qu'un pauvre type ! - Je m'appelle Réchèr. Je suis votre créateur et le créateur de ce monde. - Hahaha! Je n'ai jamais rien entendu d'aussi absurde ! - Absurde est le mot exact. Vous avez forcément remarqué la quantité pharamineuse d'événements idiots et irréels qui surviennent autour de vous. Le fait qu'ils soient illogiques devient logique si on considère que tout vient de moi. Ah! Autre chose. Me connaissant, ça ne devrait pas vous sembler surprenant de me rencontrer dans un bar, non ? - Très bien. Si vous êtes vraiment une sorte de Dieu pour ce monde, dites-moi ce qui va se passer après. Par exemple, quelle sera ma vie dans dix ans, jour pour jour ? - Désolé, je ne peux pas le prévoir. Je ne dirige pas vos actes. - Alors vous n'êtes qu'un menteur. Vous n'avez rien fait et vous ne dirigez rien. - Je n'ai fait que créer, ce n'est pas moi qui vous contrôle. - Oh mais qui est-ce donc alors ? Big Brother ? Goldorak ? La loi DADVSI ? - Je ne sais pas. J'ai libéré cet univers, il se duplique par dizaines, avec un contrôleur différent à chaque fois. Vous n'avez plus qu'à espérer que ce soit quelqu'un de bien. En tout cas, ça l'était au tout début. - Au tout début ? - Tout ceci a été un cadeau, pour une amie que j'aime beaucoup. Elle a tracé votre première vie. Vous pouvez vous considérer comme un présent pour une personne très gentille, qui m'a beaucoup aidé. - Et vous êtes amoureux d'elle et vous avez besoin d'épancher votre frustration sur moi. - Non. Je met un point d’honneur à ne pas avoir besoin d’être amoureux de quelqu’un pour lui offrir des histoires. - Super, monsieur le chevalier rêveur au coeur d'or. En attendant, je ne vous crois toujours pas. Ici, c'est la réalité et c'est un bar. Alors soit vous prenez quelque chose, soit je vous fait mettre dehors. - Sandrine, je ne sais même pas pourquoi je fais tout cela, Mais c'est ce qui me donne le courage d'exister. Ce doit être mon but profond, qui m’a été imposé par des éléments extérieurs inconnus. Je me suis donc laissé influencer. Je ne suis pas libre. J'existe pleinement parce que je ne suis pas pleinement libre. Est-ce un paradoxe ? - Vous me semblez plus parano que paradoxal. Je croyais vous avoir demandé de partir. - C'est ce que je comptais faire. Le temps se couvre. Nous nous reverrons dans d'autres vies, à moins que ce ne soit déjà fait. - C'est ça ! Crétin ! » Il se lève et quitte le bar. On rencontre vraiment n'importe quoi parfois. La suite de ton service se déroule sans autres burlesqueries. Aujourd'hui, tu termines relativement tôt, vers les 23 heures. Tu as prévu de retrouver ton amie Inès-Calva au Succubus club, pour le concert de « Xfhjxgskt », un groupe celtico-punk-vaudou. Tu as toujours trouvé qu’Inès-Calva était un prénom composé un peu idiot. Mais ça ne t’empêche pas de l’adorer. Certains parents ne savent pas donner autre chose que des prénoms léger comme des enclumes. Va en 315. * 301 * Tiens tiens... Vous ne devriez pas être en train de lire ceci. Soit vous n'avez rien compris au concept du livre, soit vous essayez d'explorer le texte jusque dans ses bas-fonds. En fait, il n'est pas possible d'atteindre le paragraphe 301 à partir d'un autre. Il n'y a pas de lien. J'en avais besoin avant. Mais c'était juste un copier-coller vaguement modifié d'une autre partie. Bref, je me suis arrangé un peu mieux et maintenant je me retrouve avec un paragraphe qui ne sert à rien. Bon. Autant y mettre quelque chose de spécial. Il se fait tard. Tu rentres de ton travail. Au détour d'une rue, tu vois un clochard affalé dans le coin sombre d'un local poubelle. Son visage est couverts de blessures. Il gémit à l'aide. Tu ne peux pas laisser un homme ainsi, tu t'approches de lui. La moitié de ses dents sont brisées. Son nez est éclaté. Ton coeur fait un bond dans ta poitrine quand tu le reconnais. Cédric Rashmouaque, ton ami d'enfance ! Il articule quelques mots avec difficulté. Du sang s'échappe de sa bouche. « Te voilà enfin Sandrine... - Ne dis plus rien Cédric. Je vais t'emmener à l'hôpital, tu vas être soigné. - Trop tard pour moi. Il a voulu que je meurs, c'est inévitable. - Qui t'as fait ça ? - Un gamin abject, répugnant, complètement malade et narcissique. Il se fait appeler... Réchèr. - Je l'ai rencontré. Il a prétendu être le créateur de ce monde, et que c'était un cadeau. Je n'y ai pas cru une seconde. - Il t'a menti. Ce n'est pas un cadeau. Ce n'est qu'un ensemble de règlement de compte. Son esprit torturé ne peut s'en empêcher. Il ne raisonne qu'en terme de vengeance. Il ne sait pas se remettre de la moindre cicatrice. Le mal le... - Je le retrouverais. Je lui ferais avouer ses crimes devant la justice. - Tu ne pourras jamais le vaincre. Ce n'est qu'un stupide gosse morveux et sournois. Mais dans notre monde, il est terriblement dangereux. Il peut tout détruire. Il a simplement eu à vouloir que je sois défiguré pour que je le devienne immédiatement. Adieu Sandrine. Je souhaite qu'il t'épargne. » Un dernier soubresaut de vie s'écoule de ses lèvres. Tu fermes ses yeux et tu lui envoies des pensées de réconfort. Dois-tu croire ce qu'il t'as dit ? Si c'est le cas, comment lutter contre cet être horrible qui tue ses propres créations ? * 302 * La villa comporte tous les accessoires de richissimitude de rigueur : piscine, grand jardin aux majestueux chênes centenaires et aux plantes bariolées, statues de marbre représentant des personnages de l'antiquité que tu ne connais pas, pelouse impeccable, sentier de pierre propres, majordome. D'ailleurs, ce majordome a l'air fort sympathique et physiquement bien assemblé. Pas trop grand, cheveux noirs bien coiffés avec quelques petits traits de blancs de-ci de-là, pas de bedaine, juste ce qu'il faut comme muscle, sourire sincère. Il se nomme Orélyan Lelorrain. Il vous fait patienter dans le vestibule le temps d'aller chercher « Monsieur ». Sol en marbre, bibelots en cristal, miroir qui fait tout un mur, lustre, suffisamment de place pour ranger une centaine de corps parfumés de votre type. Greg le trilliardaire apparaît. Gueule d'amour. Sourire blanc savonneux. Doré comme un staphylocoque. Enveloppé tel un paquet cadeau dans un costume sur mesure, les initiales d'un grand couturier sur sa poche droite. Vous vous présentez à lui une par une. Tu te doutes bien qu’il oublie les prénoms au fur et à mesure. Tu n’es pas très à l'aise. La profusion de richesse est bien plus obscène que dans le château de la Star Academy. De plus, dès les premières minutes, tu sens qu'un esprit de compétition profondément malsain se met en place entre vous, alors qu'avec les StarAqueux vous aviez réussi à construire un semblant d'amitié intérimaire. Tu réalises dès les premiers instants que tu ne seras pas la nominée finale, celle qui aura droit à la pension alimentaire magique. Tu ne parviens pas à faire émaner de ton être suffisamment de prestance clinquante et brillante, ni à avoir cette fausse sérénité qu'ont les autres donzelles. Elles se révèlent toutes des virtuoses dans l'art de la flagornerie roucoulante, l'abaissement ostentatoire de décolletés juste quand « Monsieur » attarde un regard sur elles et le déclenchement de gloussements sirupeux dès qu'il lance la moindre remarque flasque. Et surtout cette mise en situation aberrante est peu élogieuse envers les femmes : la braderie des dindes, la foire à la cruchonne, 50% de réduction sur les blondes ! Ce n'est pas une raison pour se lamenter telle une lamantine. Tant qu'à résider en ce lieu baroque, autant en profiter au maximum et essayer d'y rester le plus longtemps possible. Alors que les autres sont agglutinées autour de leur idole comme des sangsues dans une canette de bière, tu décides d'aller discuter avec le majordome, histoire de te donner une contenance. « J'aime beaucoup le mobilier de la villa. C'est du... Louis 15 n'est-ce pas ? - Pas exactement mademoiselle. C'est du Conforama imitation Henri Quart. Mais les deux styles se ressemble. Vous vous y connaissez en meubles anciens ? - Une fois, j'ai visité le château de Versailles quand j'étais petite. - Je n'ai jamais osé y aller quand j'ai appris que les nobles faisaient leurs défections dans les coins des pièces. Ils n'avaient pas de toilettes à l'époque. - Grande classe, ces nobles, je l'ai toujours su. A ce propos, vous connaissez Greg depuis longtemps ? - En vérité j'ai une formation de fraiseur-boucher. Mais les débouchés de ce métier sont bouchés. J'ai rencontré Greg par une association qui aide les riches à dépenser leur argent. Il a accepté de m'embaucher sous réserve que je lui laisse une option sur quelques-uns de mes organes internes. - Ah, bien joué. Et c'est un travail intéressant ? - Pas du tout. Mais il a le mérite de ne pas être trop fatiguant, ce qui me permet de me consacrer pleinement à mes passions. - D'accord. Je suppose que si vous abordez ce sujet, c'est parce que vous avez envie de m'en dire plus. Alors, ces passions ? - Rien que de très banal. Je joue dans l'équipe de foot du village de Sainte-Catte-sur-Cuny, j'aime beaucoup les courts-métrages bizarres, et je titille mes morceaux d'âmes d'artiste en créant des lunettes de WC tendances. - Je serais curieuse de voir vos oeuvres. Mais nous n'en aurons peut-être pas le temps, j'ai bien peur d'être dans les premières à me faire rembarrer. Ne le prenez pas mal, mais je ne me sens pas vraiment dans mon élément ici. - Ce n'est pas grave. Profitez-en le plus que vous pouvez. Et puis même si Greg ne deviendra pas votre homme, vous trouverez peut-être quelqu'un qui vous plaît durant ce jeu, au hasard d'une rencontre. - Pourquoi pas. En tout cas vous avez raison, tant que je suis là, je compte bien me gaver de glamour capitaliste au maximum. - Sage décision, malicieuse mademoiselle. Sur ce, excusez-moi, le repas est prêt, je vais aller prévenir les autres greluchasses. » Le menu est bien entendu à s'en faire exploser la panse et à en retapisser la salle à manger. Homards farci au langoustines farcies au caviar farci au foie gras, autruche sauvage chassée le matin même, fromages aux lait de licorne, et comme dessert : « délire dévastateur de chocolat noyé sous une avalanche de meringues nucléaires et enveloppé d'une plaque tectonique de pâte d’amande ». L'une des filles s'évanouit rien qu'en le regardant, elle était diabétique. Vient ensuite le tragique instant de la nomination des pouffes à conserver. Donc là fatalement : musique à suspens, éclairage violet qui fait peur, flamettes de bougie dans les coins, sans oublier les inéchappables roses sur un guéridon kitschator au milieu de la pièce. Oh les roses ! Emblème de l'émission, galante hypocrite récompense convoitée par toutes les participantes, fleufleur au parfum enivrouillant, symbole du sexe féminin. La robe que tu as choisie ne te va pas très bien, tu as besoin de remettre tes seins en place mais ça ne ferait pas bonne impression. Stupides conventions comportementales. Après avoir parqué une partie du cheptel dans la zone « décemment consommable », Greg se plante devant toi et exécute la procédure : « Sandrine, acceptes-tu cette rose ? » Tu ne t'y attendais pas. Peut-être a-t-il été charmé par ton attitude timide et réservée de femme se laissant légèrement désirer. Ce n'est pas pour te déplaire, tu vas pouvoir continuer cette vie de super-patachonne. Saut à suivre de quelques semaines. Les têtes emperlées des autres crétines tombent une à une, mais Greg reconduit ton contrat CPE à chaque distribution de rose. Tu ne cherches pas vraiment à comprendre pourquoi, tu as mieux à faire. De la même manière que pour la Star Academy, quelques anecdotes suffiront à résumer cette période de ton existence. Deux furies se vilipendent pour une histoire de bague que l'une aurait volé à l'autre. Le ton monte et elles finissent par s'entre-déchirer comme deux tigresses à dents de sabre, dans un spectacle digne des plus beau championnat de catch tout nu dans la boue. Scores : la moitié des cheveux arrachés et un doigt mangé pour la première. Une dent en moins et une défiguration à vie par coups de griffes répétés pour la deuxième. Tu perds cinq euros dans cette affaire, tu n'avais pas parié sur la meilleure. Une des filles se révèle être un transsexuel brésilien. C’est toi qui découvre le poteau rose en tirant par hasard un rideau de douche, sans savoir qu’elle/il était derrière. Greg passe trois heures à se laver frénétiquement les dents. La veille, il lui/lui avait roulé une monstrueuse pelle. Suite à un problème de logistique de la part des gérants de l’émission, vous devez supporter une pénurie de tampax. Pour y remédier, vous vous réunissez chaque matin et choisissez une fille au hasard. Celle-ci doit faire don à la communauté d’autant de chaussettes blanches que nécessaire, pour « régler » le problème. Durant une promenade équestre, une grognasse abrutie comme un distributeur de boissons trouve qu'elle a trop chaud et craint pour son revêtement de maquillage. Elle enlève alors son T-shirt mais celui-ci tombe par terre et un cheval espiègle en profite pour y poser ses excréments. La grognasse s'hystérise instantanément et hurle contre ses sales bestiaux irrespectueux, tout en menaçant de les égorger avec sa lime à ongle. Enervé par ce tapage, le cheval lui décoche un bon coup de patte postérieure dans son postérieur, et l'envoie brailler quelques mètres plus loin. Urgence, points de suture et arrêt de l’émission pour ladite grognasse. Les activités culturelles de ce séjour télévisé comprennent une séance de photo en sous-vêtements. Le photographe professionnel convié pour l'occasion se nomme Gérârd Levogien. Un coup de foudre surprise éclatera entre lui et l'une des filles. Il l'enlèvera de l'émission, et ils partiront en voyage de noces à vélo, vers le petit village de Golbey. Ils vivront heureux et auront des lardons à plus savoir qu'en faire. Ou pas, car la surpopulation ça suffit comme ça. Quant à toi, tu continueras de développer des relations intéressantes avec le majordome. C’est en effet un homme honnête, gentil, intègre, et qui sait faire de joyeuses plaisanteries quand il faut. Pour reprendre des expressions à la meetic.com : c’est un cœur jeune, mais une âme ancienne, et il a la tête dans les étoiles, mais les pieds sur Terre. Vers la troisième semaine, il te déclare sa flamme très simplement, avec une petite lettre glissée sous ton oreiller. Vous commencez alors une histoire amoureuse parsemée de petites fleurs modestes. Greg est un peu surpris par cet événement, mais il ne semble pas trop s'en offusquer et déclare qu'il est très heureux pour son majordome. Saut à suivre jusqu'au dernier jour ultime de la finale finale. Il ne reste plus que toi et une fille prénommée Rocio. Une colombienne très sympathique et très jolie, la seule personne à peu près censée dans cet environnement détraqué. Tu es un peu étonnée d'être toujours là. Votre couple avec Orélyan est officialisé, vous vous aimez, et il est de notoriété publique que tu restes ici uniquement pour te vautrer dans le plaisir. Tu aurais dû te faire éjecter depuis longtemps et convoler en juste noce avec ton nouvel homme. La scène de remise de la dernière rose se déroule dans une délicieuse station de ski suisse et enneigée. Tu ne sais plus trop comment ni pourquoi vous êtes là, mais ce genre de chose arrive souvent avec les gros riches. Toi et les caméras, vous êtes censées sortir d'une Merco-Benz-Benz classe A et retrouver Greg tout de blanc vêtu sur le chemin qui mène à son chalet personnel. Tu ne peux pas savoir si Rocio est passée avant toi ou pas. Va en 323. * 303 * Tu continues ta vie de barwoman, à servir des bières et à froufrouter en boîte. Saut à suivre jusqu'à une sympathique soirée. Tu t'assois au comptoir et tu commandes un Bisounours Nevropathe. Tu es fière du trophée que tu viens de gagner : un marteau bleu en mousse qui fait pouet-pouet, premier prix de ce concours de karaoké. Ton interprétation du « Rossignol des bois » a transcendé le jury. Quelqu’un s'approche pour te féliciter. Il est teint en blond, sa chemise ouverte laisse apparaître une quantité broussailleuse de poils. Un morceau de tissu ressemblant à un bas de femme dépasse de sa poche. « Un grand bravo pour ta prestation, chère mademoiselle. As-tu déjà songé à t'inscrire à la Star Academy ? - Non. Mais c'est du caca comme concept. - C'est du caca seulement pour les gens qui ne peuvent pas y entrer, et qui se contentent de regarder l'émission. - Sans doute. A qui ais-je l’honneur exactement ? - Je m'appelle Martin Quatre-Roches, je suis en école d'ingénieurs, à l'ENIRAK. Tu sais, tu as réellement tes chances, et je serais heureux de voir qu'une fille comme toi soit reconnue pour ses talents d’artiste. - “Chance“. “Talent“. “Artiste“. “Etre reconnu“. Tu parles en caca, comme eux. Tu es une sorte de rabatteur de la télé-réalité ? - Non. C'était juste un conseil, tu en fais ce que tu veux. - Je n'arrête pas de rencontrer des gens bizarres. Tu es là pour être mon ange gardien ou bien quoi ? - Pas que je saches. De plus, comme j'ai moi-même une ange gardienne, il est peu probable que je le sois pour quelqu’un d’autre. Elle se prénomme Maggy et elle a une poitrine splendide. Sur ce, je te laisse. Toi qui parlais de caca, il faut que j'y aille. Au revoir, ce fut un plaisir. » Quelques semaines plus tard, tu es assise dans un hall d'attente, avec d'autres jeunes aspirants StarAqueux. Inès-Calva a tenu à t'accompagner, elle arbore bien évidemment son T-shirt rose. Pour une fois, le stress ne t'envahit pas. Ta candidature à cette “école“ n'est pas réellement sérieuse, c'est surtout pour t'amuser. Un hurlement strident vrille tes oreilles. Une grande blonde hystérique au regard perfide sort de la salle du casting. Elle braille, vagit et argue que le monde entendra parler d'elle, et qu'elle n'a pas besoin de ces insectes rampants pour devenir une diva top-model, et de toutes façons elle va leur coller un procès car son oncle est avocat et puis en plus elle a déjà des centaines de fans sur Internet car elle a mis la photo de ses fesses sur son blog. A l'apothéose de sa prestation, elle s'écroule par terre en tremblant et en se griffant le visage, sans s'arrêter de crier. Des bénévoles de la croix rouge l'emmènent sur un brancard. Tu jettes un oeil sur le formulaire d'inscription déchiré qu'elle a rageusement jeté par terre. Son nom est Naomi Bousier. Une personne t'appelle, c'est ton tour de passer l'audition. Tu entre dans la salle et tu marches vers le jury en te déhanchant sobrement. Il est constitué des sommités d'usage : Bruno Vandalie le chorégraphe, Alexia Lacruche-Jouvencelle qui s'est racheté un pucelage grâce à son salaire gargantuesque, Oscar Cisco l'inventeur des routeurs du même nom et la fille cachée de Yves Duteil. Alexia amorce tout de suite par une question en caca : « Parle-nous d’un de tes rêves que tu voudrais réaliser ». Sans hésiter, tu utilises le même langage : « Oh je voudrais montrer à la Terre entière ma vision de la beauté du monde et que la vie est si mirifique et qu’il faut arrêter de se faire la guerre et que je suis toute les femmes de ta vie en moi réunie et que la musique, tu sais, sera la clé, de l’amour, de l’amitié et que je te dirais les mots bleus les mots qu’on dit avec les yeux et sans pognon y'a pas d'oignon. » Ils semblent comblés par ta réponse suffisamment dégoulinante de romantisme pailleté. Tu enchaînes tout de suite en interprétant une de tes chansons préférées : “Sara Perche Ti Amo“, de Ricchi et ses amis. Tu te débrouilles plutôt bien, ils t'annoncent donc avec tout le panache nécessaire que tu es acceptée. Dans deux semaines, tu partiras dans le super-château avec 50 autres jeunes futures pépites en germe. Tu es un peu surprise, mais tu comptes bien profiter de l’aubaine. Ce n'est pas tous les jours qu'on se voit offrir des colonies de vacances gratuites dans un lieu de riche. Tu consacres le temps qu'il te reste à faire des adieux mielleux à tes amis et ta famille. Certains se moquent un peu de toi, d'autres t'encouragent à te lancer dans cette aventure fabuleuse. Tu décides d'adopter un état d'esprit sensé, et de partir du principe que tu n'as rien à perdre à essayer, sans que ce soit pour autant la chance ultime de ta vie. Le jour fatidique arrive, le taxi qui doit t'emmener s'arrête devant chez toi en klaxonnant. Tu rassembles tes bagages et tu montes à bord, vers un destin incertain. Va en 307. * 304 * Tu t'approches le plus discrètement possible de la femme, et tu te prépares à la ceinturer. Dans un éclair de stupidité, tu te demandes si tout cela en vaut vraiment la peine, si tu ne ferais pas mieux de t'enfuir d'ici et te contenter de pleurer. Mais la femme se retourne d'un geste vif et enfonce ses ongles dans ton ventre. Tu contient ta douleur et tu parviens à te dégager de son attaque. Vous vous affrontez sauvagement, tu cherches à prendre l'avantage de n'importe quelle manière. Si tu as 5 ou plus en capacités physiques, va en 316, sinon, va en 308. * 305 * Minuit. La Lune boutonneuse éclaire blafardement ton chemin. Une course effrénée. Agile comme une hase, tu bondis par-dessus les blocs de marbre et les pots de fleurs, sans perdre de vue tes cibles qui s'enfuient éperduement. Si ces stupides manequins-garous croient pouvoir te semer en passant par des cimetières, ils se trompent. Un hibou insomniaque s'envole en te voyant débouler. Soudain tu t'arrêtes net. Un vieil homme est là, appuyé sur une des tombes. Il machouille tranquillement un pissenlit et te regarde de ses yeux malicieux. « Ne restez pas là, Monsieur. C'est dangereux. Des agresseurs rôdent dans le cimetière. - Voyons Sandrine, les mannequins-garous ne peuvent rien me faire. Je suis déjà mort. - Pardon ? - Tu ne me reconnais pas ? Il est vrai que mon teint est un peu terreux et que j'ai maigri. - ... - ... - Grand-père ? - Oui. J'ai un petit quelque chose pour toi. » Tu veux en avoir le coeur net, tu avances ta main vers son visage. « Aïe ! Ne me met pas ton doigt dans l'oeil ! - Oh pardon. Je pensais que j'allais te passer au travers, puisque tu es un fantôme. - Qui a dit et prouvé qu'on pouvait passer à travers les fantômes ? - Excuse-moi, je ne savais pas. Tu es revenu pour me voir ? - Oui ma petite fille. Le Sagouin m'a contacté, je vais t'aider à détruire le chef des mannequins-garous. - Le Sagouin !! Il est encore vivant ? - Pas exactement. En fait son âme n'a pas été recyclée comme pour tous les êtres vivants. Il doit se réincarner jusqu’à ce qu’il ait suffisamment contribué à faire évoluer le monde, pour expier ses actes revanchards et primaires. - Ainsi il y a une certaine forme de justice pour les cas extrêmes. Il t'a expliqué comment trouver Hessss ? - Vous avez mal estimé les générations. Le chef actuel s'appelle Errrre. J'ignore où il est exactement, il se cache parmi la population. Seulement tu ne pourras pas le détruire avec des armes conventionnelles. Toutes les créatures du Sagouin sont de nature lycanthrope. Elles ont donc un lien très fort avec la Lune, qui est l'être le plus étrange de ce système solaire, parfois extrêmement maléfique, et parfois extrêmement gentil et amant. Si tu fais du mal à la Lune, une partie des dommages se répercutent sur les lycanthropes. C'est le même principe que les poupées vaudous. - Tu voudrais donc que je détruise la Lune ? - Ce ne sera pas nécessaire, ma chérie, car si tu brises un simple fragment de Lune en étant très près d'un lycanthrope, l'influence sera suffisante. - Et ce genre de technique fonctionnerait avec Hesss, pardon... Errrre. Mais où trouver un morceau de Lune ? - Je t'en ai rapporté un. J'ai fait un hasardeux voyage pour le récupérer, en passager clandestin dans une navette spatiale. Ce n'était pas facile, mais rien n'est trop beau pour ma Sandrine adorée. » Il sort un caillou gris de derrière sa tombe et te le tend. Au moment de le prendre, tu effleures sa main. A ce contact, tu te sens envahie par une grande mélancolie. Ces histoires futiles de mannequin, de combat et de Errrre disparaissent d’un coup de ton esprit. Tu réalises que c’est ton grand père qui est en face de toi, quelqu’un que tu as aimé tendrement, d’une amitié simple et sans prétention. Les larmes au yeux, tu parviens difficilement à lui dire quelques mots. « - Pourquoi tu es parti, pourquoi tu m’as laissée ? Je me suis sentie si seule. J’avais besoin de toi ! - Je suis vraiment désolé, je n'en pouvais plus. Mais sache que je n'ai jamais cessé de penser à toi, et à ce que tu accomplissais. C'est grâce au lien affectif qui nous unit si j'ai pu rester tel que je suis et t'apporter mon aide. - Mais je t'aimais énormément. J'aurais pu t'aider à surmonter tout cela. On aurait pu en parler. - Je resterais toujours près de toi, ma petite princesse. Mon âme sera bientôt recyclée et je t'en donnerais un morceau. Quand tu fermeras les yeux, que tu te laisseras flotter un moment, je serais la gentille pensée qui vient te réconforter et te donner du courage. - Merci Grand-père, je te réserverais une place dans mon esprit pour toujours. - Je ne t'oublierais jamais Sandrine. Et puis, n'avais-je pas dit que je décrocherais la Lune pour toi ? C'est chose faite. Mourir ne m'en a pas empêché. - Je voudrais qu'on se serre dans les bras. » Vous pleurez un peu tous les deux ensemble. Tu te sens heureuse et légère de l’avoir revu, mais triste d'avoir fait revenir ces souvenirs. Tu lui fais deux gros bisous. Il disparaît dans une lumière blanche, en te faisant un dernier sourire. Tu rentres chez toi, le fragment de Lune entre les mains. Plus la peine de poursuivre ces idiots de mannequins-garous, ils doivent être déjà loin. Tu ressens la présence de ton grand-père en toi et autour de toi. Il t'accompagne, il continue de t'aimer. Va en 312. * 306 * Tu crois voir, au milieu du désordre général, une tache rose comme son T-shirt. Tu te tailles un chemin désespéré dans cette direction, quand soudain trois anges te barrent le passage. Tu leur assènes des claques et des coups de pied dans l’entrejambe. Leurs visages restent impassibles, ils ne ressentent ni peur, ni douleur. L'un d'eux t'attrape et te projette contre un bar. A moitié assommée, alors que les cris et les bruits de bagarre résonnent dans ton crâne, une pensée fugitive te vient. Ces créatures n'ont décidément rien d'humain. Ce ne sont que des automates meurtriers, des robots. Si tu parvenais à pénétrer, par l'esprit, dans leur mécanisme interne, tu pourrais peut-être les dérégler. Certaines personnes se plaignent que dès qu'elles touchent à une machine, celle-ci tombe en panne instantanément. Ca ne devrait pas être considéré comme un défaut, mais bien comme un don très précieux. Tu n'es pas vraiment sûre de posséder cette capacité, mais vu le désastre de la situation... Tu te concentres sur l'un des anges, tout en imaginant diverses machines qui se cassent subitement. Si tu as 7 ou plus en bizarrisme, va en 322, sinon va en 314. * 307 * A travers la vitre, tu fais les derniers adieux larmoyants et gluant à tes parents. Les émotions doivent couler à flots, car des caméramans de l'émission sont venus filmer ton départ. Après avoir exhubéré une quantité acceptable de simagrées, le taxi démarre, et tu commences à discuter avec le chauffeur. « Bonjour. On va passer un peu de temps ensemble alors autant faire connaissance. Moi c'est Sandrine Tugu. - Je suis Voklaron MacMillan. - Ce n'est pas très répandu comme nom. - Certes. Par contre, Sandrine l'est assez. - Oui. Il est joli votre nounours accroché au rétroviseur intérieur. Mais pourquoi le petit coeur cousu sur sa poitrine est à droite et non à gauche ? - C'est moi qui l'ai déplacé. Je ne peux pas vraiment vous expliquer pourquoi. - D'où vient-il ? - Une amie me l'a offert. Une femme très spéciale, mystique. J'ai cette impression déstabilisante qu'elle est à l'origine de la création de notre univers. - Vous aussi vous avez des contacts burlesques ? Une fois j'ai rencontré un type qui prétendait être Dieu, il disait que tout ceci était un cadeau libéré. - C'est plausible. Cet homme aurait créé ce monde en étant inspiré par la femme que je connais. - Oui pourquoi pas. - Mademoiselle Tugu, aimez-vous les odyssées épiques ? - Ca dépend. Pour l'instant, je vais vivre quelque chose que j'espère intéressant et formateur, c'est suffisant pour moi. - Je cherche à entraîner des personnes pour une mission très particulière. Il y a des images dans la boîte à gants, dites-moi si elles éveillent quelque chose en vous. » Tu sors cinq petites cartes, comportant des dessins difficilement interprétable : une rose dans deux rectangles, un espèce d'oeuf cassé, un papillon entouré de serpentins noirs, un visage montrant des dents acérées et une tête de mort au milieu d'une scène de théâtre. « Je suis désolée, ça ne m'évoque rien. Que suis-je censée y voir ? - Rien si vous n'êtes rien censée y voir. Désolé. Laissez tomber. - A votre avis, dans quelle mesure les personnes participant et organisant la Star Academy se prennent-ils au sérieux ? -A force de jouer les mêmes numéros, les clowns finissent par croire que la vie est constituée d'animaux bariolés et de coussins péteurs. Les ouvriers finissent par être persuadé que le monde n'est qu'une usine géante produisant des objets qui ne sont pas pour eux. Les spéculateurs en bourse finissent par oublier que les biens qu'ils vendent et achètent existent réellement. L'esprit humain s'adapte simplement à l'environnement dans lequel il est placé. - Dans ce cas, j'essaierais de garder du recul par rapport à ma future vie farcie d'étoiles et de laque pour cheveux. Et pour vous, qu'est le monde ? - Je dois conduire des personnes sur leurs chemins. D'ailleurs, nous voilà arrivés au château. - Bien. Merci de l’avoir fait pour moi. J'ai passé un moment très agréable avec vous. Au revoir monsieur McMillan. - Au revoir Sandrine. » Tu récupères tes bagages et tu marches vers le château. Vision similaire à des débuts de films ou de jeux vidéos, dans lesquels le héros ou l'héroïne s'avance vers les épreuves à venir. Tu te sens calme. Va en 320. * 308 * Cette harpie sadique sait se défendre. Elle pare tes coups en virevoltant autour de toi, soudain elle saisit un verre et te le fracasse sur le visage. Tes yeux sont brouillés de sang. Elle agrippe tes lèvres et une de tes boucles d’oreille et tire brusquement vers le bas. Tu tombes à genoux en pleurant. Sa figure reste froide et impassible. Elle piétine ta poitrine de ses talons aiguilles. La douleur aiguë te fait perdre connaissance. La suite est très floue. Pelotonnée dans un coin sombre, tu ne peux faire autre chose que trembler. La femme et les autres anges semblent t'avoir oubliés. Tu as l'impression qu'ils perdent légèrement l'avantage et qu'ils battent en retraite, car un autre groupe est arrivé et les attaque. Quand tu reprends pleinement conscience, tout est silencieux autour de toi. Tu n'oses pas bouger tout de suite. Tu te relèves timidement, tes blessures sont nombreuses. Il n'y a plus personne. Le sol est jonché de débris. Tu marches précipitamment vers la sortie. La lumière du jour. Pitié. Va en 310. * 309 * Tu transfigures magnifiquement toutes les chansons que tu interprètes. Tu parviens à transmettre de belles et simples pensées manufacturées : les lapins, les oiseaux, les étoiles, la Lune, tous les humains de la Terre se tiennent par la main et font la farandole, il faut faire du sport si on va trop souvent au MacDonald, les artistes gorgés d'amour font pipi de la poudre de diamant, etc. Les croyants entrent en transe, leurs esprits s'élève au moins jusqu'aux lumières clignotantes du plafond. Tes professeurs ne tarissent plus d'éloges pour toi. Ils sont fiers de leur travail acharné, qui les a permis de te façonner comme ils veulent. Ils se congratulent entre eux durant une longue et prestigieuse séquence d'orgueil masturbatoire. Vient ensuite le moment de connaître les résultats du vote. Un inutile pantin de service s'avance sur le plateau et remet solennellement une enveloppe à la présentatripouffiasse. Un ridicule suspens s'installe, les lumières s'éteignent, un musicien foireux envoie du roulement de tambour qui fait peur, et tu as la confirmation de ta victoire. Des tonnerres d'applaudissements et de paillettes se vomissent sur ta figure. Les deux autres gagnants sont la chaudasse de la foufasse et l'un des décérébrés vaniteux au sale visage dégoulinant de graisse à frites. Ensemble, vous montez un groupe de musique, les « Intéropérabilité ! What For ? » afin de débiter du CD au kilomètre pour les ménagères de moins de 30 ans, les pré-adolescents en fleur et en boutons, et les appétissantes donzelles portant le short bas et le string haut. Au bout de 2 semaines vous vous disputez et vous vous séparez. Mais ton sens artistique et ton expérience ne se sont pas dissout avec le groupe. Ce début de carrière désastreux a permis de te faire connaître, même si ce n'est pas forcément auprès des bonnes personnes. Tu trouves donc assez facilement quelques autres musiciens un peu moins bas de plafond. Vous créez un nouveau groupe : les « Bernie's Shovel », avec un style plutôt rock-trip-hop-dub-funk-soul-jazz-raï-classicos. De concerts en concerts, de disques en disques, vous construisez calmement votre réputation. D'autres artistes s'associent ponctuellement à vous, le temps de quelques chansons. Tu rencontres Natacha Atlas, une diva à la voix enchanteresse et aussi Doei, qui font de jolies airs avec leurs doigts. Saut à suivre. La renommée des Bernie’s Shovel n’atteindra jamais des sommets vertigineux, ce qui vous rassure, ainsi vous ne finirez jamais comme Carlos ou Michael Jackson. Simplement, vous avez une quantité de fans suffisante. Votre musique fait vivre et vibrer du monde, même si ce n'est pas toutes les ménagères de moins de 30 ans, avec les pré-adolescents en fleur, les oiseaux, les vaches et les chèvres et le monde parfait. Tu mènes une vie sympathique d’artiste comblée, tu es heureuse, et tu épouses un gentil garçon, qui est négociant en nappes imperçables et indéchirables. Voilà, tu as tracé ton destin. Tu peux maintenant aller au dernier paragraphe, tout à la fin du texte, pour connaître la conclusion de cette ensemble d'histoire à construire soi-même. * 310 * Le soleil est à peine levé, il apporte lentement ses rayons sur la journée à venir. Quelques langues de brouillard s'étalent encore dans l'herbe. Les oiseaux commencent à piailloter. Tu as un peu froid. Un lendemain de fête en apparence assez classique. Un peu plus loin, tu aperçois un rassemblement de gens. Vêtements déchirés, de nombreux bleus et écorchures, l'air hagard. Ce doit être les rescapés de la veille. Tu t'approches d'eux, ton coeur s'emplit de joie quand tu reconnais Inès-Calva. Tu cours vers elle pour la serrer dans tes bras, l'embrasser et pleurer tout ton soulagement. Deux hommes en costume-cravates, avec beaucoup de prestance, se tiennent à l'extérieur du groupe. Ils attendent que vous vous remettiez de vos émotions avant de parler. « Bonjour. Ne vous inquiétez pas, nous allons tout vous expliquer. Je suis Tommy Lee Jones et mon pote le beau black, c'est Will Smith. Les personnes qui vous ont agressé sont des pets solidifiés de brontosaure. Nous faisons partie d'une société secrète, les B.I.M. et notre but est de les arrêter. Enfin ça c'est ce qu'on dit quand on veut être sérieux. Parce qu'en vrai on passe notre temps à boire du laudanum et à se masturber avec des gants de toilette remplis de framboises. Et là, vous allez voir mon cul. » Sur ce, il se retourne, baisse son pantalon et secoue son gras de fesses. « Mais vous vous demandez, dans vos cervelles de moineaux mutants, pourquoi nous racontons de telles absurdités. En fait on s'en tamponne royal, car vous allez tout oublier dans quelques minutes. Regardez bien, de vos petits yeux vitreux, le mignon objet dans ma main. Il va faire un zouli éclair rouge. » Dans le Monde des Idées, un gigantesque torrent de lave bouillante déferle de nulle part. Tu urges ton esprit pour qu'il range les derniers souvenirs générés dans un coffre-fort mémoriel. Mais la lave est trop puissante, le coffre se liquéfie, les souvenirs se dissolvent. Quand elle se retire, il ne reste sur son passage que quelques vagues lambeaux tangibles. Ton esprit ne peut s'empêcher de bâtir autour d'eux une fausse histoire, afin de respecter au mieux une cohérence scénaristique mentale. Les vrais événements ne t'appartiennent plus. Pour toi, la soirée se sera terminée par une rixe stupide entre racaillous. La police est arrivée et a mis tout le monde dehors. On t'y reprendra à retourner au Succubus Club. Avant de repartir avec Inès-Calva, tu vois deux personnes bien habillées qui s'éloignent. L'un dit à l'autre « La prochaine fois c'est moi qui montre mon cul. » Bon, c’était juste une sortie ratée dans une boîte de nuit minable. Ce sont des choses qui arrivent. Tu soigneras tes blessures, et la vie reprend son cours normal. Va en 303. * 311 * Tu signes le pacte de la manière la plus solennelle que tu peux. Orély est honorée par ta décision. Vous vous serrez la main. Elle t'explique que ton entraînement ne va pas débuter tout de suite, mais tu seras recontactée ultérieurement. En attendant, il serait de bon aloi que tu limites un peu les soirées festives, que tu te remettes au sport et que tu commences à apprendre le langage des signes. Les deux abrutis exhibitionnistes te raccompagnent chez toi. Tu ne parles de cette histoire à personne, même pas à Inès-Calva. De toutes façons elle ne se souvient de rien puisqu'ils ont fait perdre le souvenir de la soirée à tous les autres survivants. Saut à suivre de plusieurs mois. Tu passes moins de temps à travailler dans les bars, puisque la B.I.M. te paye grassement, les organisations de ce type croulant toujours sous des montagnes d'argent. Tu te demandes d'où ils le sortent mais tu te doutes que tu ne le sauras jamais, puisque tout est ultra-secret. Tu deviens experte en combat et en disloquage de mannequins-garous. Tu connais par coeur le cycle lunaire, puisque leurs attaques ne se font qu'à la pleine Lune. Tu sais employer le langage des signes, qui est utilisé comme code presque secret. Bien entendu, vous avez un vrai code ultra-secret, qui fonctionne avec des cartes à jouer, chacune ayant une signification précise. C'est une ancêtre d'Orély qui l'a mis au point. Tes premières missions se déroulent sans trop de problèmes. Pour résumer, elles consistent à essayer de prévoir où les mannequins-garous vont attaquer, à en détruire le plus possible puis à flashouiller les gens qui sont sur place, c'est à dire leur faire oublier l'événement. Cette double vie te fatigue un peu, mais tu te sens réellement importante, l'intégrité de l'humanité repose en partie sur tes épaules et c'est toujours un sentiment assez valorisant. Entre deux missions, tu cherches de quelle manière tu pourrais localiser et détruire leur abominable chef : Hessss. Malheureusement, peu d'idées t'arrivent à l'esprit. Mais un jour, quelqu'un d'inattendu te vient en aide. Va en 305. * 312 * Le lendemain, tu fait glisser une carte sur le bureau d'Orély. La dame de pique : « Quelque chose d'important s'est révélé à moi ». Elle te regarde avec expectative. Tu lui racontes ce que tu as appris et elle reste sans voix. Non seulement parce qu'elle vient de réaliser que la quête de ses ancêtres est sur le point de se conclure, mais aussi parce qu'elle est toujours aussi sourde-muette. Maintenant que vous avez suffisamment d'indices en votre possession, vous organisez la recherche de l'affreux Errrre. Il vous faut trouver un être bestialement laid, car créé à partir de pièces de viandes éparses. De plus, il ne doit pas avoir de vraie famille, vu leur mode de reproduction d'une génération à l'autre. Mais surtout, il doit certainement utiliser un faux nom qui ressemble à « Errrre ». L'orgueil et le narcissisme des grands méchants étant toujours démesuré, ils ne tolèrent pas de se faire appeler par un nom trop différent du leur. Vous déployez un bataillon d'espions autant sur Internet que dans le monde réel. Une organisation ultra-secrète comme la B.I.M. dispose inévitablement de ce genre de personnes à foison. Au bout de quelques semaines, l'un des meilleurs agents rapporte des enregistrements vidéos d'une cible potentielle. Il s'agit d'un certain monsieur Erre, professeur de français au lycée de Sainte-Safion-Sur-Toufrix. Son aspect repoussant semble avoir été élaboré avec une précision scientifique. Chaque bouton adipeux, chaque touffe de poil luisante a été placé à des endroits stratégiques de sa peau graisseuse. Il mesure 2 mètres de haut pour 1 mètres 50 de large et doit peser dans les 220 kilos. Des bourrelets dépassent ça et là de son sombre costume-cravate. Sa grosse bouche humide et grisâtre se tord en grimaces improbables. Ses joues flasques tremblent vers la gauche ou la droite quand il tourne son faciès vers les alentours. Ses yeux globuleux se ferment et se révulsent l'un après l'autre. Une grosse chapka touffue laisse imaginer une potentielle imperfection dégoûtante qui ornerait son crâne. C'est forcément lui, il n'a rien d'humain. Il faudrait pouvoir l'approcher alors qu'il n'est pas entouré de mannequins-garous. Pendant l'un de ses cours de français par exemple. Tu planifies l'attaque finale pour la semaine suivante. Tu décides d'y aller sans l'aide d'aucun autre agent. C'est ton combat, ce sont les parties d'âme de ton grand-père qui pensent à toi, et qui souhaitent ardemment te voir vaincre. 10h30. Lycée Arnaud Sadique. Quelques nuages noirs s'amoncellent au-dessus de ta tête. Tu es seule, au milieu de la cour. Tous les élèves sont en classe. Tu te surprends à penser à tes jeunes années scolaires, en particulier les moments de stress avant les examens, quand la palpabilité du temps se faisait ressentir avec une densité déroutante. Une femme passe. Tu t'attardes sur son aspect, assez étonnant. Elle doit bien avoir 60 ans, mais son visage éprouve une volonté apeurée de rester celui d'une fille de 15 ans. Une chevelure teinte en blond. De pharamineuses truellées de maquillage pour cacher le teint livide. Une chaînée de lifting afin de retendre la peau. Des habits roses. C'est sans doute son combat à elle, conserver l'aspect faussement éternel d'une jeunesse désirable. Le complexe de Peter Pan. Tu t'approche de la porte vitrée de la salle 66. Les renseignements de l'espion de la B.I.M. étaient juste. Erre est là. Comme tu t'y attendais, son apparence est encore plus inhumaine que sur les vidéos. De plus, son comportement l'est également. D'un sourire inquiétant, il terrorise ses élèves, peureusement tapis derrière leurs trousses. Ceux-ci notent frénétiquement les paroles alambiquées et prétentieuses qu'il prononce. Ce n'est que pur réflexe de survie. Les informations se ruent directement depuis leurs oreilles jusqu'aux stylos. Les cerveaux embrouillés de ces faibles prisonniers ne sont plus conditionnés qu'à générer de la frayeur et de l'incertitude. Ils redoutent de se faire interroger, plongent leur regards dans les tréfonds des carreaux de leurs feuilles doubles pour ne pas croiser celui, atroce et désordonné, de leur tortionnaire. Les auteurs des textes emberlificotés qu'ils doivent analyser et commenter sont morts depuis longtemps. Soudain le Maître pivote sa répugnante gueule dans ta direction, et un grondement sismique d'exaspération remonte de sa gorge. Il t'a senti, il t'a vu. Ses yeux se plissent de satisfaction, en prévision des hurlements et des insultes qu'il vient de s'autoriser à te proférer légitimement. A pas lourds, ils s'ébranle vers toi. Les élèves sont plus soulagés pour eux-mêmes qu'ils n'ont pitié de toi. Tu les comprends parfaitement. Tu souries intérieurement en pensant que, contrairement à ce qu'ils s'imaginent, tu vas leur offrir bien plus qu'un éphémère instant de répit. La porte s'ouvre d'une volée. La vitre se fendille. Les oiseaux s'enfuient dans un chaos désemparé. « HhmmMM!! HhhmmMMmmMM!! HhmHmhMMHmhmhmMMMM!! Bordel! Vous voulez un avertissement!! Cassez-vous! Je n'ai pas envie de voir votre petite gueule de frimeuse!! Je vais faire de la sauce pour pigeons avec vos tripes!! - Je sais ce que vous êtes, monsieur Erre. - HAHAhaHAHA! HmmhMHM!! Vous êtes une de ces petites frappes du B.I.M. Hhaaarr!! Vous commencez à être vraiment limite!! Je vais vous écrasez contre un mur, et mes soldats lycanthropes se feront un plaisir de percer vos organes avec vos propres côtes!! - Vous ne pensiez pas que j'allais me présenter à vous sans rien. Ceci est un cadeau de mon grand-père, qui n’est pas si mort et qui existe toujours. Ceci est l’objet qui va vous anéantir et vous disperser. Dans vos chairs putrides il va semer la discorde, dans vos soldats il va répandre la confusion. » En voyant le caillou lunaire, son expression change. Mais il reprend bien vite son rire tonitruant et gras. « HAHAHAHAAAA!! Vous en faites une affaire personnelle alors que, réellement, ce n'est pas la vôtre!! - Je sais que c'est bien plus l'affaire d'Orély Huguenot que la mienne. Mais elle m'a donné son assentiment pour le dernier acte de sa quête. - Une fois de plus vous ne comprenez rien, pauvre petite entité. Ce n'est pas d'Orély dont je parlais. Allez-y, accomplissez ce dernier geste puisque vous y tenez tant!! - Adieu créature innommable. Va retrouvez tes sbires démoniaques dans les entrailles de l'enfer. - HAHAHAAHAAAA!! Amusant petit lutin insignifiant !! Ma destruction ne soulagera personne !! Oh la stupide et mesquine vengeance illusoire !! HAHAAAHAAA!! » Tu brise le fragment dans ta main. Instantanément, l'influence de ce geste se porte sur Erre. Son gigantesque corps se démembre, des morceaux de viandes se détache, ses os se craquellent et s'effondrent. Des viscères jaillissent et décrivent dans l’air de dégoûtantes volutes. Le sang noir gicle dans toutes les directions, en une multitude de minuscules gouttelettes. Son dernier hurlement résonne encore jusqu’au fond de tes tympans, alors même que sa tête vole dans les airs et qu'elle explose dans un délire de cervelle et d’organes. « GgaaAAAAaaAAHHH Pauvre Idiote! ! Le mal est si multiple !!! HaAAaaAARR!! » Un œil tombe, s’écrase à tes pieds. La poussière de roche lunaire s’écoule à travers ton poing serré. Tout est accompli, Une page de l’histoire vient d’être tournée. Un pli dans l’univers vient d'être défait. Calmement, tu franchis les portes du lycée et tu quittes ce lieu pour retrouver Orély. Elle te serres dans ses bras en pleurant. Son combat s'est achevé, elle est libre. Il ne reste plus qu'à décimer les mannequins-garous, ce qui sera une tâche sans difficultés, maintenant qu'ils n'ont plus leur chef. Cependant, le métier de justicière implacable agissant dans l’ombre de la nuit te plaît. Et même quand la menace des lycanthropes sera totalement disparue, tu décides de continuer à défendre la veuve et l’orphelin. C'est devenu ta nature intrinsèque, tu es fière de tes actions, et au passage, tu milites pour que les gens mangent plus de légumes. Mais tout cela est une autre histoire, que divers troubadours et ménestrels prendront peut-être le temps de raconter, un jour. Voilà. C'est ici qu'est ton destin, ainsi est ta contribution à la beauté et à la sympathie de ce monde. Tu peux maintenant lire le dernier paragraphe, à la fin du texte, pour connaître les dernières petites remarques. * 313 * Tu accompagnes les deux hommes le long d'un couloir de métal. Une porte s'ouvre dans un chuintement Startrekesque. Tu débouches dans une salle ronde. Au milieu est assise une femme, derrière une grande table. Elle a l’air assez grande, ses cheveux sont châtains courts, et ses yeux noirs te regardent intensément. La porte se referme derrière toi, vous n'êtes plus que toutes les deux. Tu risques une question. « Bonjour. Est-ce que vous aussi vous allez me proposer de me montrer vos fesses ? » Elle pianote sur la table, et ses mots s'affichent en grand sur le mur derrière elle. Bonjour Sandrine. Ces deux imbéciles t'ont donc fait le coup. Nous les avons recruté pour s'occuper de tâches simples. Mais ils passent leur temps à montrer leurs fesses, à boire du laudanum et à se masturber avec des gants de toilette remplis de framboise. Je suis désolée, j'espère qu'ils ne t'ont pas trop importuné. « Non, ne vous en faites pas. Blague à part : ne serait-ce pas plus simple de me parler directement ? - Je suis sourde-muette. Mais je peux lire sur vos lèvres. - Oups. Excusez-moi. - Ce n'est pas grave. Mon nom est Orély Huguenot. Tu es dans le QG ultra-secret d'une organisation ultra-secrète qui a pour nom ultra-secret : M.I.B. - M.I.B ? Comme Men In Black ? Je ne pensais pas que vous existiez !! Alors les agresseurs du Succubus Club étaient des extra-terrestres renégats ? C'est bizarre, je trouvais qu'il ressemblait à des anges. Ils avaient cette aspect de perfection. - Non. Excuse-moi j'ai fait une faute de frappe. Je voulais écrire B.I.M. Et les créatures du Succubus Club étaient des mannequins-garous. C'est pourquoi ils ne saignaient pas et étaient tous très bien habillés. Voici un document qui t'expliquera tout en détail. Elle sort de sous la table quelques feuilles de papier et te les tend. En des temps très lointain naquit un enfant que la nature avait décidé de bouder. Il était laid, sale et plein de bave. Sa mère l'appelait « le Sagouin » et son père ne parlait pas. Il employa les premières années de sa vie et les traumatismes qui allaient avec à nourrir une envie de destruction, de vengeance et de contrôle sur l'univers. Par une nuit de pleine Lune, il effectua un rituel démoniaque pour animer ses peluches et ses poupées. Il obtint ainsi ses premiers serviteurs dégénérés : des peluches-garous. Avec la patience caractéristique des machiavéliques et des obsessionnels, il grossit petit à petit son armée. Sa soif de pouvoir le fit se diriger vers des créatures plus puissantes. Il cambriola un magasin de vêtements, et put ainsi créer des mannequins-garous. Il se mit alors à répandre sérieusement la terreur sur le monde. Des années plus tard, sa dépendance à la magie noire avait pompé sa force vitale, mais sa soif d'apocalypse n'était toujours pas assouvie. Il choisit de donner vie à un dernier monstre, plus puissant, qui dirigerait les mannequins-garous et continuerait son oeuvre diabolique. Ce monstre ne serait pas éternel, mais aurait la capacité de fabriquer un être semblable à lui-même juste avant de mourir. Ainsi il se répéterait infiniment pour semer la destruction éternelle sur la Terre. Le Sagouin assembla des quartiers de boeuf pourris et d'autres abats répugnants, et dans un rituel qui lui fut fatal, il fit naître l'instrument ultime de sa revanche, une chose horrible qui ne ressemblait à un humain que de très loin. Dans son dernier souffle, il voulut lui donner un nom, mais ne put dire que « Haaaa ». L'être ouvrit les yeux, et sa toute première vision fut celle de son créateur, agonisant et hurlant. Désorienté par cette image, il décida que son nom serait « Haaaa ». Puis il partit perpétrer la volonté malfaisante de son défunt maître, en produisant des mannequin-garous et en les menant dans des attaques de plus en plus audacieuses. « Haaaa » est maintenant mort depuis longtemps. Mais comme l'avait prévu Le Sagouin, il se recopia, et nomma son successeur : « Bééééh ». On ignore pourquoi, mais de génération en génération, ils emploient les lettres de l'alphabet. On estime qu'ils en sont actuellement à S. Depuis quelques temps, les mannequins-garous se multiplient de plus en plus vite. La rumeur court qu'ils sont maintenant produits à la chaîne, dans des usines secrètes. C'est pourquoi ils capturent des humains : pour les utiliser comme main d'oeuvre esclave. Il y a plusieurs siècle, Arméssyane Huguenot a fondé la B.I.M. Les initiales signifient « Balayons ces Insanités de Mannequin-garous ». Notre organisation n'a jamais cessé la lutte contre eux. Si leur chef « Hessss », pouvait être détruit, c'en serait fini de cette engeance satanique. Mais il reste introuvable à ce jour. De plus, il faudrait l'anéantir brutalement, sans qu'il ait le temps de se créer un semblable. Tu restes quelques temps sans rien dire, et sans savoir quoi penser. Tu lèves les yeux vers Orély. « D'accord. Admettons que tout ceci ne soit pas une simple vaste farce. Quel rapport y'a-t-il avec moi ? » Nous t'avons remarqué au Succubus Bar. Tu as su combattre efficacement, et nous voudrions que tu te joignes à nous. Nous ressentons un important potentiel en toi. Tu apprendrais les arts martiaux et la discipline du foudroiement psychique. Tu continuerais de mener ta vie normale, mais tu serais en réalité une super-héroïne justicière implacable. L'univers a besoin de toi Sandrine. Tu as le droit de refuser ce que nous t'offrons, mais dans ce cas, tu ne te souviendras plus de ce que tu as vu aujourd'hui et hier soir. Nous possédons un appareil pouvant faire oublier des instants de ta vie. Une organisation secrète. Ce serait complètement insensé de s'embarquer dans une telle chimère. D'un autre côté, tu t'es toujours demandé ce que tu étais supposée faire dans ce monde. Peut-être que ton destin est de sauver l'humanité. Orély te tend une autre feuille. « Voici le pacte qui te liera à la B.I.M. Le choix t'appartient de le signer ou pas. - Est-ce que je dois le faire avec mon sang ? Je suppose que c'est un acte symbolique et qu'il ne saurait s'accomplir avec de l'encre classique. - Quoi ? Tu rigoles ? On n'est pas chez les sorcières !! Voici un stylo. » Si tu acceptes de signer, va en 311, si tu préfères décliner la proposition, va en 318. * 314 * Tu fermes les yeux et tu médites vers les anges. Malheureusement, ton esprit refuse de s’orienter, il est paralysé par la peur et le danger. Rabougri au fond de ton crâne, il ne veut pas agir. Un homme aux cheveux blond platine s'approche de toi, te fixant de son regard immobile. Il t’attrape par les cheveux et te fait tomber à terre d’un coup de genou dans le nez, puis il te prend les pieds, les tord et t'envoie voler dans les étagères de bouteilles derrière le bar. A demi inconsciente, blessée sur tout le corps, crachant des morceaux de verre, tu rampes pour te cacher dans un recoin sous le comptoir. Tu n'oses plus bouger. Tu reste prostrée pendant plusieurs heures, sans jeter un regard autour. Tu as la vague impression que les anges perdent l'avantage grâce à l'arrivée d'un autre groupe de protagonistes. Quand le silence revient, tu attends encore longtemps avant de trouver le courage de sortir. Des débris jonchent le sol, mais il n'y a plus personne. Tu te hâtes vers la sortie. La lumière du jour. Par pitié. Va en 310. * 315 * Tu repasses rapidement chez toi pour enfiler ta tenue spécial concert culturo-bourrin : pantalon moulant cloutés, petit haut noir « Don't touch my nichons », vernis à ongles jaune fluo. Inès-Calva te rejoint, elle aussi limpidement habillée : T-shirt rose, pantalon blanc, string noir, yeux bleus. Le Succubus Club est un entrepôt d'usines réaménagé. Il trône au milieu du petit village de Saint-Socheault-sur-Maraude, perdu au fond d'une vallée sombre. De l'extérieur, l'établissement est parvenu à garder son aspect oppressant, sa façon de s'imposer à la personne qui souhaite en franchir les lourdes portes de métal. Viennent ensuite de longs boyaux d'escaliers, étroits et sales, montant toujours plus haut vers un avenir incertain. Les murs sont intégralement recouverts de graffitis cabalistiques, donnant au lieu des allures de tombeau royal des temps modernes, gorgé de mauvais sorts et de malédictions. Finalement, la salle principale s'ouvre devant les yeux du visiteur exorbité. Un réseau de tuyaux poisseux s'enchevêtrent là haut, dans le lointain plafond. Quel sorte de rituel satanique a pu se dérouler en cet endroit, pour qu’il ressemble à ce point à une cathédrale d'un culte barbare ? Ecrasé par l’atmosphère glauque, difficile d'avoir des idées saines, ou même de se sentir le bienvenu. Des groupes de gothiques rôdent entre le bar et la piste de danse, contribuant à l'irréalité de la soirée. Soudain, dans une explosion de fumée malodorante, la chanteuse de Xfhjxgskt apparaît sur scène. Ligotée sur un autel métallique, elle hurle ses paroles stridentes. L'ombre des autres membres du groupe se découpent dans le brouillard. Ils se mettent à torturer leurs instruments. Vous prenez deux Sentiments Chaotiques aux bar, et vous allez vous assoir, afin de prendre la température de l'ambiance avant d'aller danser. Un type vient vous aborder. Pull noir à col roulé, démarche souple, boucles d'oreille à pointes. « Bonsoir. Les gens m'appellent Yéh, ou parfois Vicious. Je suis l'homme aux mille visages qui regarde la nuit tomber sur le monde. A qui ais-je l’honneur d’adresser la parole ? - Sandrine, tout simplement. - L'instant présent est chargé de mystères. Ne ressentez-vous pas que du paranormal se prépare ? - Jusqu'à maintenant, beaucoup de gens bizarres sont venus me tenir des conversations bizarres. C'est tout. - La situation est bien plus grave que ça, et nous aurons sans doute besoin de ton aide. Le Succubus Club est un repère de créatures terribles et innommables. Elles risquent d'apparaître ce soir. - Quel genre de créatures. Des professeurs d'anglais psychopathes machistes ? - Non. Des vampires. Sandrine, je fais partie d'une organisation secrète : « La lumière dans la main ». Nous luttons contre ces abominations. Voici plusieurs années que nous t'observons, tu es une guerrière potentielle, et nous désirons ardemment te rallier à notre combat. C'est la meilleure chose que tu pourras faire pour ce monde. - Mais bien sûr Yéh. Oh c'est tellement dommage que je n'ai pas amené mes gousses d'ail et mon pieux en bois. - Je sens de la moquerie dans tes paroles. Sache que ton opinion sur les vampires n'a aucune importance. Que tu y crois ou pas, s’ils veulent exister, ils existent. C'est tout. - Tu devrais aller voir aux toilettes s'il y en a. Tu rencontreras peut-être une gentille vampirette qui voudra te mordre le pénis et en pomper tout le jus. » Yéh vous regarde alors d'un air amusé. Il éclate de rire. «  Bon, je plaisantais. C'était juste une façon un peu originale de venir vous aborder. Ca va, je ne vous ai pas trop fait peur ? - Je me demandais une chose. Les gens débiles comme toi, ils arrivent à se trouver une copine ? - Il semble que oui. Ma dulcinée répond au doux prénom d'Airelle. Et j'ai deux fils. Bon, sur ce, puis-je vous payer un verre pour me faire pardonner ma stupidité ? » Tu n'as pas le temps de lui répondre. En un éclair, une personne arrive derrière lui, l'assomme et l'emmène de force vers la sortie. Tu ne sais comment réagir. La cohue habituelle de la foule sautillante semble changer d'humeur. Des personnes se mettent à en frapper d'autres. De manière alarmante, la panique envahit toute la salle. Des attaquants surgissent de derrière les bars, par les portes de secours, sur la scène. Ils ne tuent pas, mais maîtrisent et kidnappent tout ceux qu'ils peuvent. Les gens hurlent, appellent à l'aide et tentent de se débattre. La situation est d'autant plus déconcertante que les agresseurs sont tous exagérément magnifique : une peau de pêche, superbement bien habillés, des proportions affreusement adéquates aux préceptes de la beauté. Sans aucune expression sur leurs visages parfaits, sans prononcer un seul mot, ils exécutent leur chorégraphie effroyable, une danse dangereuse et précise, à laquelle personne n'en réchappe. Des anges violents et efficaces. Dans la confusion, tu perds Inès-Calva. Non loin de toi, tu crois apercevoir une grande femme en noir, aux cheveux très sombre, qui reste de marbre devant ce spectacle horrible. Il te faut agir vite, un groupe de ces « anges du mal obsessionnel » se rapprochent de toi. Si tu tiens à sauver ta peau avant tout et t’enfuir au plus vite de ce pugilat incompréhensible, va en 321. Si tu veux te lancer dans la bataille, pour essayer de retrouver Inès-Calva, va en 306. Tu peux aussi essayer de te frayer un chemin jusqu’à la femme en noir et l’attaquer. C'est peut-être elle qui dirige les opérations. Dans ce cas, va en 304. * 316 * La femme te fauche les genoux, tu perds l’équilibre et tu te cognes contre une table. Tu prends appui sur tes mains et tu lui envoies un double coup de pied. Tu n'es pas sûre d'avoir bien vu, mais sa tête a eu l'air de faire un tour complet. Peu importe, tu profites de son étourdissement momentané pour lui faire une clé de bras et tirer dessus de toutes tes forces. A ta grande stupeur, le bras se détache avec un bruit sec. La femme ne semble pas affectée, elle ne saigne même pas. Mais tu sens une montée de désir malsain et méchant dans les autres anges. Une vingtaine se tournent vers toi. Cette femme est bien leur chef, ils vont la protéger. Tu sais qu'il n'y a plus aucun espoir pour toi. Tant pis, tu ne vas pas les laisser t'emmener sans résistance. Tu décoches à la femme un dernier coup de pied en pleine figure. Mais ton talon se prend dans une espèce de fissure au niveau de son cou. Tu essayes de te dégager d'un geste brusque. Tu tombes à terre. A nouveau un bruit sec, et tu sens un corps froid et dur s'écrouler sur toi, tandis qu'une tête roule sur le sol. La suite n’est que douleur. Des anges te bloquent les bras et les jambes, pendant que d'autres te frappent avec des chaises. Tes gencives saignent. Tu essayes de te recroqueviller mais ils t’en empêchent. Ils te retournent et te frappent encore. Choc. Choc. Choc. Larmes. Ta dernière pensée est pour que tout s'arrête, même ta vie s’il le faut. Tu t'évanouis. Va en 319. * 317 * Tu ne parviens pas à être convaincante dans tes interprétations. Tes gestes et tes paroles ne sont pas suffisamment rose, plastifiés et infantiles. La présentatripouffiasse annonce que les votes sont terminés. Un pantin inutile et servile vient apporter l'enveloppe des résultats. Après quelques fioritures destinées à mettre en place un suspens surfait et non crédible, tu as la confirmation de ta défaite. Tu n'intégreras pas le futur groupe mythique qui fera vibrer les ménagères de moins de 30 ans et les jeunes pré-adolescents en fleurs. Tant pis. Ce n'est pas si grave, puisque tu apprendras trois semaines plus tard que les gagnants se seront disputés entre eux et le groupe mythique disparut aussi soudainement qu'il avait été généré. Mais ta carrière de people n'en est qu'à ses débuts. Une nouvelle émission de télé-réalité se prépare : Greg le trilliardaire. Ils ont besoin de filles n'ayant pas peur d'avoir l'air stupide. Le principe du jeu est simple : à la fin il n’en restera qu'une, son but sera alors de faire plusieurs enfants puis de partir dotée d’une pension alimentaire bien dodue. Tu n'as rien à perdre à essayer, tu proposes donc ta personne pour cette aventure d'un genre nouveau. Etant déjà connue et appréciée des télélégumes, tu es facilement acceptée. Par un beau matin d'été, tu rejoins un groupuscule de vingt damoiselles au regard gélatineux, dans une imposante villa de la Côte d'Azur. Naturellement, les caméras de la télévision te suivent à la trace, mais tu y es maintenant habituée. Va en 302. * 318 * Tu réponds à cette « Orély » que tu n’es pas intéressée par son offre abracadabrantesque. Tu préfères que ta vie soit la plus normale possible. Elle est déçue, mais respecte ton choix. Elle prend un petit appareil, ressemblant à un sylo et le tient devant tes yeux. Un flash rouge t'éblouis. Les souvenirs s'effilochent dans ton crâne. Tu t'évanouis. Tu te réveilles le lendemain matin, dans ton lit, avec une gueule de bois bien calibrée. Tu téléphones à Inès-Calva. Elle est à peu près dans le même état que toi. Pour elle, la soirée d'hier s'est terminée en une rixe stupide entre deux bandes rivales de racaillous. La police est intervenue et à mis tout le monde dehors. C'est une version de l'histoire qui te convient à peu près. Vous vous promettez de ne plus remettre les pieds au Succubus Club, cet établissement mal famé, envahi par des fréquentations peu recommandables. Tu n'entendras plus jamais parler de la B.I.M. ou de mannequins-garous. Reprends le cours normal de ta vie et va en 303. * 319 * Tu émerges dans une pièce blanche, sans aucun meuble à part le lit sur lequel tu es allongée. Ca ne ressemble pas à un hôpital. A côté de toi se trouve un homme d'une quarantaine d'année, dans un costume noir très élégant. Il attend que tu ais repris totalement conscience. « Bienvenue parmi nous Sandrine. Ne vous inquiétez pas, vous êtes en sécurité ici. - Que s'est-il passé ? Où est Inès-Calva ? - Rassurez-vous, votre amie avec s'en est sortie indemne. Mais elle n'est pas ici. - Où suis-je ? - Nous allons prendre le temps de répondre à toutes vos questions. Mais avant tout, je tenais à vous féliciter pour vos actions héroïques au Succubus Club. Je suis persuadé que vous possédez une sorte de pouvoir étrange, un magnétisme. C'est un très heureux hasard qui a tracé votre chemin jusqu'à nous. J'espère que vous saurez trouver la conviction de nous rejoindre. En attendant, si vous le souhaitez, je peux vous montrer mon cul. - Quoi ? NON ! Je veux dire... Non merci ! Qui est ce type ? Pourquoi veut-il te montrer son cul ? Pourquoi voudrais-tu le rejoindre ? Tu te souviens vaguement d'un début de soirée, qui s'est terminé en bagarre incompréhensible et désastreuse. Un homme noir entre, habillé exactement pareil que l'autre. Il s'adresse d'abord à son ami. « Dis donc Tommy, on n'a plus de framboise, ça va poser problème... Ah bonjour Mademoiselle Tugu ! Vous êtes réveillée. Parfait. Si vous vous sentez suffisamment en forme, nous allons vous conduire auprès de la personne qui vous expliquera tout. » Va en 313. * 320 * Tu pousses les portes du château, un oreiller volant passe juste devant toi et vient s'écraser contre le mur dans une explosion emplumée. Apparemment, les autres élèves sont déjà arrivés, et règlent les litiges de répartition des chambres. Tu attrapes un polochon et tu te joins aux négociations. Saut à suivre. De toutes façons il suffit de regarder la télé pour connaître les tenants et les aboutissants de cette émission. Ne reste qu'à mentionner les petits événements singuliers et amusants qui ponctueront ton aventure de StarAqueuse. Vous vous apercevez assez vite que le château est hanté. La famille de nobles seigneurs anciennement propriétaire des lieux rôdent dans les couloirs, passent à travers les murs et vous épient dans les toilettes. Après quelques investigations, vous découvrez dans le grenier de vieux tableaux représentant ces illustres aristocrates. Vous décidez de vous saouler à la bière et de vomir dessus. Sales, dégoûtés, empestant les renvois et la bile, les fantômes partiront sans demander leur reste. Au bout de deux semaines, un élève du nom de Tyler Durden essaye de provoquer un attentat, il voulait faire exploser le château avec des bombes artisanales. Mais son acte est arrêté à temps par… lui-même. Schizophrénie. Il partira prendre des vacances dans un asile quelconque, et tu ne le reverras jamais. Suite à un problème de logistique de la part des gérants et des producteurs, vous vous retrouvez sans papiers toilettes ni saupalin pendant deux semaines. Pour pallier à cette situation, vous organisez un tirage au sort chaque matin. La personne désignée doit faire don d’un de ses habits, celui-ci devient alors utilisable par la communauté, de toutes les façons possibles, selon les besoins. Un autre type bizarre, Pascal Ovieupo, ne se sépare jamais de son ours en peluche. Vous découvrez qu’il y cachait un pistolet, et projetait d’assassiner les candidats les plus haut placés. Asile, pareil. De temps en temps, des musiciens connus viennent vous rendre visite. Tu retiendras en particulier le groupe AbzalOn, avec Tartopom, leur chanteur mythique à la voix de tronçonneuse. Ils sont beaux, sympas, marrants, ils musiquent bien, et vous fournissent discrètement en petites herbes magiques et assaisonnement pour yaourt. Vous pédalez dans les nuages au milieu des petits lapins. Au fur et à mesure, chaque personnage trop représentatif de la prétendue diversité de l'émission se fait débouter. Tombent ainsi l'homosexuel, le noir, le grunge, le jongleur, le métalleux, l'ex-boxeur, le cheyenne, le blagueur lourdaud, le musiquélectronicien, la hippie, la vieille, la beurette, l'handicapée moteur, la jolie femme ronde, la standardiste de minitel rose, la bouddhiste et la sado-maso. Ne restent que trois empaffés de taffioles faussement sensibles, avec T-shirt fluo moulant, boucle d'oreilles en diamant et caleçon qui dépasse, ainsi qu'une chaudasse de la foufasse, une chieuse et toi. Quelques heures avant la finale, tu entres dans le confessionnal. Tu avoues aux caméras que tu n'as jamais su d'où venait ce mot à la diphtongue agressive : « praïme ». Tu suggères d'écrire un petit livre rassemblant tout ce qu'il faut savoir avant d'entrer dans l'ordre de la Star Academy. Une sorte de bible de la télé-réalité. Arrive donc le dernier jugement. Mais tu es bien décidée à ne pas stresser. Ce n'est qu'une messe comme les autres. Toi et les autres enfants de choeur, vous vous avancez sur la scène de l'église, sous les projecteurs violets et les confettis-osties. Les centaines de paroissiens sont en liesse, brandissant des messages d'amour et hurlant vos noms. Assis au premier rang, les curées et les bonnes soeurs vous regardent d'un air bienveillant. Tu adresses un sourire au professeur de danse, tu l’as réellement apprécié. La mère supérieure, Alexia Lacruche-Jouvencelle, est resplendissante dans sa soutane trois-pièces décolletée. Le symbole pieux du personnage étoilé-doré brille à son cou. Vous entonnez le premier cantique, une reprise de « Sauvez ma maison de disque » de Saint Michel Sardou. L'instant est sacré, ta voix cristalline semble descendre du ciel. Ensuite, la nonne-présentatrice entame une petite prière, afin de faire communier les esprits et d’annoncer le début de la quête. « Pour sauver Marie-Bernadette, tapez... » Tous reprennent d’une même voix : « UUUNNN!! » « Pour sauver Joshuah, tapez... DEEEUUUX!! » Sans perdre une seconde, les adeptes envoient des sommes d'argent considérables en égrenant les votes avec leurs chapelets-téléphone portable. Une pause est prévue entre deux chants. Une invitée surprise doit venir, pour un dialogue et une réflexion sur le culte. Elle apparaît devant toi. Tu es ébahie de béatitude. L'une des plus célèbre icône encore vivante : Nolwoana la sulfureuse catin d'harmonie !! Divine papesse qui a bercé ton enfance, ton catéchisme ! Tu ne peux retenir des larmes de pâmoison, qui sont immédiatement filmées, puis retransmises sur le grand vitrail animé de l'église, ainsi que sur les petits vitraux des fidèles célébrant à domicile. Toi qui avais toujours réussi à ne considérer que modérément toutes ses croyances, voilà que l'idole de tes vertes années se tient devant toi. Peut-être que le ou les Dieux de cette religion existent pour de vrai. Et cette rencontre serait un très beau cadeau de leur part. Derrière cette diarrhée ininterrompue de sentiments roses, d'horribles gros personnages en costumes-cravates engloutissent du caviar par pelletées et le font descendre à grandes goulées de champagne. Entre deux hoquets de goinfrerie maladive, ils éclatent d’un long rire incontrôlé qui fait trembler leur graisse, et cherchent de nouveaux concepts décervellisants à imposer à cette engeance de jeunes moutons, toujours prêt à suivre leurs éphémères prophètes jusqu’au fond des fosses communes les plus grotesques de la culture télévisuelle lourde. Tu prouves ta foi et ta valeur en enchaînant les prestations miraculeuses : « La danse des canards », une reprise de « l'ami Ricoré », « Gloire à l'endettement général » et une chanson de ta composition : « Le syndrome de Peter Pan inversé ». Additionne ta caractéristique d’imagination et ta caractéristique de charme. Si tu obtiens 9 ou plus, va en 309, sinon, va en 317. * 321 * Tu cours en bousculant tout ce qui barre ton passage. Une fuite éperdue, à l'aveuglette. Tu espères que toutes les sorties ne sont pas bloquées. Tu n'es même pas sûre de te diriger vers l’une d’elles. Tu n’es même pas sûr qu’il existe une issue à ce cauchemar. Tu ne te souviens plus de l’extérieur. Tu ne parviens pas à orienter ta réflexion vers des actions cohérentes. Seules des pensées de frayeur entrent dans ton esprit. Tu trébuches sur des corps, une bouteille vole à quelques centimètres de ta tête. Là, sur ta gauche. Une porte marqué « Privé ». Tu te précipites dessus. Verrouillée, évidemment. Qu'espérais-tu ? Tu tambourines, tu hurles à l'aide. Des personnes sont sur le point de t'attraper. Soudain la porte s'entrebâille, un bras en sort, te saisit et te tire à l'intérieur. Tu te retrouves nez à nez avec un type assez grand, un peu pâle. Tu es immédiatement rassurée en voyant les quelques boutons sur sa figure. Ainsi, ce n'est pas un de ces anges dégénérés. Il referme la porte derrière toi. Vous courez à travers un couloir aux murs carrelés, ponctué de portes vertes. Il en ouvre une et vous vous y engouffrez. Il s'agit d'un minuscule appartement, dans un désordre le plus total possible. Des appareils électroniques de toutes sortes, des écrans, des disquettes, des manuels sont disséminés un peu partout. « Merci infiniment. Je me suis vue mourir… Vous habitez vraiment ici ? - Oui. Désolé pour le fatras, ce sont mes jouets. Mon nom est Zomik, je suis psychologue pour calculatrice. - Comment pouvez-vous vivre dans le Succubus Club ? - Je suis insomniaque et le loyer est avantageux. - Je ne comprends absolument plus rien. C'est horrible. Il y a des espèces de créatures à peine humaines qui capturent tout le monde. J'ai perdu mon amie. - Je suis navré, mais je ne peux rien pour vous. - Est-ce que c'est déjà arrivé ? Avez-vous vu ces êtres ? - Je me souviens vaguement que des bagarres ont déjà eu lieu. Mais ce n'était que des bandes rivales qui s'affrontaient. Après j'ai dû me prendre un coup sur la tête, car il y a une grande lumière rouge et je me retrouve chez moi, ici. - J'aimerais avoir le courage d'aller retrouver mon amie. J'ai trop peur. Je me sens mal. - Même avec du courage, ça ne servirait à rien. Il n'y a plus qu'à espérer qu'elle ait pu s'enfuir de son côté. Dormez, tout ira mieux demain. - Vous avez peut-être raison. Et vous, qu'allez vous faire ? - Soyez sans crainte, je reste ici. J'ai des choses à écrire. - Vous êtes auteur ? - Non. Je ne suis qu'un libre soldat dans la bataille actuelle. Je cherche de l'ego, c'est tout. Bonne nuit. » Tu t'installes sur son canapé, en poussant quelques vieux ordinateurs, et tu t'endors d'un sommeil sans rêves. Le lendemain, tu émerges péniblement. Zomik n'a pas bougé, il est devant ses écrans et tape du texte. Il t'offre un petit déjeuner assez chaotique : chips, Orangina rouge et gâteaux démontables. Tu le remercies, et tu sors du Succubus Club, complètement désemparée. Va en 310. * 322 * Alors qu’autour de toi des innocents se font cogner dessus et sont sauvagement capturés, tu gardes ton calme, tu fermes les yeux. Tu médites. Dans le monde des Idées, tu lances ton âme en quête d’éléments liés aux anges. Tu sais qu'il ne faut pas te hasarder à chercher des esprits, puisqu'ils ne sont pas vivants. Malheureusement, le lieu est encombré par la foule d'ébauches créatrices mortes-nées que génère la musique assourdissante. Tes abstractionneurs mettent de longues microsecondes à les éliminer. Finalement, tu réussis à repérer plusieurs références à une même volonté : une Lune noire au visage bouffi et maléfique. Sans te soucier de la signification de ce symbole morbide, tu remplaces l'une des références par l'idée d'un petit soleil multicolore. Tu n'as pas besoin de rouvrir les yeux. Tu sais que l'un des anges vient de se disloquer, avec surprise et soulagement. Sans hésiter, tu diriges ton attention vers les autres références, pour les anéantir une à une. Mais dans le Monde Réel, les anges détectent que tu es à l'origine de ces délivrances. Ils se jettent sur toi, te tirent chacun par un membre, pendant qu’un autre te frappe la mâchoire à coups de pieds. Dans le feu de l'action, tu en détruis encore un ou deux, mais tu perds rapidement connaissance. La suite est très floue. Tu as la vague impression que les anges battent en retraite, grâce à l'apparition d'un autre groupe de protagonistes. Puis, un gothique inconscient s'écroule sur toi et tout devient noir. Va en 319. * 323 * Greg est là, avec sa face enfarinée et une stupide rose à la main. Bon, ce doit être toi la première. Tu t'avances d'un pas tranquille. « Yop Greg. Ca mousse ? Bon, j'ai à faire, alors je propose qu'on torche ça direct. Tu me dis que tu ne veux pas me donner cette rose et je rentre chez moi. - J'ai bien peur que ce ne soit pas si simple que ça. - Ne t'embêtes pas à faire des salamalecs alambiqués, je sais très bien que c'est avec Rocio que tu veux être. Il ne reste qu'elle. - Sandrine. N’as tu donc pas remarqué tous les signes que j’essayais de te donner discrètement ? - Ben non. J'étais tout le temps avec Orélyan. Pourquoi, quel est le problème ? » Tu vois des larmes commencer à naître dans ses yeux, et tu sens qu’il va partir dans une grande tirade pleurnichante. « Sandrine. Si on pouvait décider de la personne dont on tombe amoureux, la vie serait plus simple, mais pas aussi magique. Je sais que tu es avec Orélyan et que vous avez l’air heureux ensemble. Seulement voilà, je ne parviens pas à me l’expliquer, mais je t'aime. Tu es si envoûtante, si magique. Dès que je t’ai vu, j’ai su que tu avais le port d’une princesse, la noblesse d’une reine et la prestance d’une déesse. Sandrine, tu es si féline et si fine, les lieux où tu passes, tu les illumines, et au dessus des autres personnes, ta valeur et ta personnalité culminent. Cette façon que tu as de ne pas montrer tes désirs et tes intentions, le fait que tu laisses à la personne en face le soin de découvrir par elle-même toute les facettes de ta personnalité, cette atmosphère de profond respect et de dignité que tu instaures autour de toi, la simplicité de tes actes, de ton visage, de tes paroles, font de toi la plus belle femme du monde. C’est toi, et toi seule qui mérite cette rose, je la dépose à tes pieds, je te supplie de la prendre. Pour toi je serais prêt à aller jusqu’au bout de l’univers, je cueillerais de la poussière d’espace et la sertirais dans des bijoux, je prendrais l’or du soleil dans mes mains et j’y sculpterais des bracelets, je graverais ton visage dans un bloc de marbre si grand qu’il sera visible depuis la Lune, j’écrirais à la plume, dans un immense livre, toutes les si belles paroles que tu prononces et tout ce qui fait que tu es toi, je raconterais au monde entier les paysages qui brillent dans tes yeux, l’essence de ton âme, la perfection de tes pensées. S’il te plaît, par pitié, laisse-moi être ton chevalier servant, ton héros au cœur d’acier, ton amoureux éternel. J’aimerais tellement t’emmener sur un bateau à voile, cinglant vers le large, pour visiter des pays au noms exotiques, pour manger des fruits aux saveurs inconnues, pour que plus jamais le soleil ne se couche sur notre périple, pour découvrir des contrées sur lesquelles l’homme n’a encore posé le pied, pour que ton esprit s’émerveille devant la beauté de la Terre. Je veux te rendre joyeuse, te combler, couvrir ton corps d’argent et de lumière. Oh Sandrine, oublie Orélyan, tu mérites mieux que lui, et ne t’en fais pas, il se trouvera une jolie femme avec qui il se sentira bien. Mais nous deux, je sais que nous avons été fait pour vibrer ensemble au son de la même mélodie, pour danser sur la même musique et ressentir les mêmes émotions. Viens, acceptes cette rose, je t’aime. » Bien joué, l'idiot, comment a-t-il pu en arriver là ? Tu lui expliques de la meilleure manière possible que ce n'est pas avec toi qu'il peut être. Mais que Rocio est une femme formidable et qu'elle saura le rendre heureux. Il se met à pleurer à gros bouillons et à ramper devant toi. Ses émotions intenses et véritables sont immédiatement avalées par les caméras. Cette histoire commence à t'agacer. Après tout tu n'y es pour rien, tu n'as pas du tout cherché à ce qu'il se carbonise d'amour pour toi. Tu le laisses donc planté là avec sa rose et son chagrin d'amour, tu vas retrouver Orélyan et vous partez de cet endroit absurde pour enfin convoler en juste noce à bord d'un hélicoptère blanc. Plus tard, tu apprendras que Greg n'est pas vraiment trilliardaire. En réalité il a fait de la prison, a été dealer, puis gigolo, puis cobaye pour savant fou, puis esclave sexuel pour octogénaires dominantes puis un tas d'autres choses qu'il a oublié. Mais Rocio lui pardonne tout et se sent prête à le sortir des aléas horribles de la vie qui l'ont fait descendre si bas. Il trouve un travail honnête en tant que chef du rayon alcool d’un Prisunic, et mènent tous deux une vie de couple simple et pleine d'amour. L'amour et la plénitude totale des sentiments est également au rendez-vous pour toi et Orélyan. Sauf qu'en plus tu deviens très riche, car Orélyan est acteur et l'émission lui a fait gagner une montagne d'argent. Tu vis donc dans l'amour foisonnant et le luxe voluptueux pour le restant de tes jours. De plus, comme tu es généreuse, tu fais des dons à des associations caritatives diverses. En particulier celles qui aident les gens dépendants de la télé-réalité à retrouver un profil psychologique normal. L'histoire est finie, tu viens de construire ton destin. Tu peux maintenant aller au dernier paragraphe, tout à la fin du texte, pour avoir quelques détails supplémentaires sur ce livre. Sous-partie 4 – 2 : Chocolat * 500 * Saut à suivre jusqu'à toi en vacances reconstructrices, avec quelques amies, sur l'atoll d'Atilol. Tu ambres ton corps sur la plage. Tu dégustes des cocktails sucrés. Tu suis des cours de massages. Surtout tu prends bien garde à ne pas te soucier de ton avenir, afin d’optimiser ce moment de détente. Saut à suivre jusqu'à ta rentrée en I.U.T. de plomberie-zinguerie-lavaboterie. Tu rencontres de nouveaux amis. Affublée de vêtements en sac-poubelle, tu tentes de vendre des feuilles de papier toilettes aux passants. Les deuxièmes années organisent l'élection de Miss Plomberie, tu remportes une boîte géante de 100 préservatifs. Tout se déroule à merveille et tu te sens très vite intégrée dans l'école. Saut à suivre jusqu'à toi pendant tes années d'études. Tu apprends à plier, tordre et assembler des canalisations et à monter des réseaux de distribution d'eau. C'est un univers avec bien plus d'hommes que de femmes, par conséquent, des blagues débiles à propos de tuyaux pénétrant d'autres tuyaux fusent un peu partout. Ca ne te dérange pas trop et même, tu y contribues de temps en temps. Comme ces études te plaisent, tu te motives facilement pour travailler. Tu réussis honorablement les différents examens. Tu as également le temps de t'investir dans quelques associations étudiantes. Tu organises des soirées et des barbecues, et par ailleurs, tu milites et tu participes à des campagnes pour un soutien psychologique aux pédophiles sortant de prison. Les années avancent, tu arrives facilement à ton stage de fin d'études. Le bruit assourdissant des compresseurs traverse tes bouchons d'oreilles. La vapeur te caresse le visage et perle légèrement sur tes lunettes de protection. Des rangées de cuves déversent un fluide pâteux dans des entonnoirs gargantuesques. Un enchevêtrement de tapis roulant véhiculent des friandises qui se font attraper par des bataillons de machines ronronnantes, suintantes, caquetantes ou tressautantes. Quelques-uns des décors de jeux vidéos de ton frère te reviennent à l'esprit, ainsi que des scènes de films d'actions. Un liquide brun et tiède pliqueploque sur ton épaule. Il s’égoutte d'un interminable conduit au-dessus de ta tête. Tu attrapes une clé à molette plus grosse que ta main, et tu commences à resserrer le boulon. Il faudra signaler cette défaillance. Elle est peut-être due à des vibrations trop importantes. Ton stage se déroule chez Yabon, une entreprise de confiserie. Tu travailles dans le secteur de production des alexandriettes : les truffes au chocolat avec une part de camembert à l'intérieur. Des gens aiment ça. Tu es chargée de la maintenance du réseau de tuyaux acheminateurs de nappage. Globalement, tu es satisfaite de ce stage et tu te débrouilles sans anicroches. Mais un lundi matin, tu t'aperçois en arrivant que rien ne fonctionne. Tu essaies de te renseigner sur la cause de cette panne. Va en 520. * 501 * Saut à suivre jusqu'à toi chez Yabon. Tes nouvelles responsabilités te plaisent, et tu exerces ton métier dans un cadre toujours aussi agréable. Un jour, alors que tu étais en train de veille-technologiquer, tu apprends qu'un nouvel appareil ultra-performant vient d'être mis au point. Il s’agit du Supra Universal Truff-o-Tropp. Il peut entruffiser de la salade, du gruyère, du surimi, des épinards et une foule d'autre chose, mais pas d'oseille parce que c'est traumatisant. La garniture peut également être variée : chocolat, miel, glace à la vanille... Mais pas de mousse aux marrons parce que ça rend dingue. Un tel moyen de production serait un atout formidable pour Yabon, vous pourriez créer de nouvelles confiseries et conquérir des parts de marché. Voire l'inverse, créer de nouvelles parts et conquérir des confiseries de marché. Tu effectues les démarches nécessaires pour commander un Truff-o-Tropp et tu réserves un emplacement dans l'usine. La livraison et l'installation se déroulent sans problèmes. Tu allumes l'ordinateur qui pilote la machine, afin de commencer les premiers tests. Tu sélectionnes une recette prédéfinie : loukoums enrobé de sauce bouchée à la reine. Soudain l’écran devient noir, sans que tu ne puisses rien faire, et une phrase en vert apparaît. « Tu t’es toujours demandé si le monde réel était réellement réel, n'est-ce pas ? » Tu essayes de redémarrer, mais rien n'y fait. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes que tout redevient normal. Tu lances la production et la machine fabrique ce que tu as choisi, sans protester. Cette petite fantaisie informatique ne devait être que passagère. Ce n'est pas si étonnant, car le Truff-o-Tropp utilise le système d'exploitation « 20-Doses-De-Bile », qui est un peu archaïque. En fin de journée, un autre événement étrange survient. Alors que tu rentres chez toi, tu vois deux chats noir te passer devant, l'un après l'autre. Ils sont exactement pareil et font exactement les mêmes gestes et le même miaulement. Tu cours les rattraper pour en avoir le coeur net. Mais au coin de la rue, tu tombes nez à nez avec une femme. Elle n’est pas très grande, plutôt jolie. Une discrète petite pierre bleue orne sa narine gauche. L'un des chats noir est sur son épaule. Elle t'énonce cette phrase énigmatique : « Il n'y a qu'un seul chat, il s'appelle Réglisse. De toute façons ce n'est ni la bonne couleur, ni le bon animal. Tu dois chercher le lapin vert. » Puis elle part sans se retourner et disparaît dans les rues de la ville. Tu restes sur place, un peu interloquée. Arrivée chez toi, tu décides de te faire une bonne fricassée d'autruches pour te remettre de ces instants déstabilisants. Le téléphone sonne, c'est ton amie Anne-Cinet. Elle te propose une sortie en boîte, à la soirée spéciale lesbienne de la discothèque « l'Enfer Privé ». Elle vient de se faire un joli tatouage à l'épaule gauche et elle a envie de l'étrenner. Tu acceptes avec enjouitude, et tu mets tes habits les plus sexy pour aller te dévergonder avec elle. Va en 527. * 502 * Ces absurdités rampantes et nihilistes que sont les chocolavores ont donc été anéanties et leurs visqueuses déjections « nettoyées au carchère ». Ton maître de stage étant satisfait de ton travail, il te confie un autre secteur de production, celui des Cunigriettes. Il s'agit de chocolat au lait fourré à la choucroute, un délice pour les gastronomes en culotte sale. Les machines réalisant ces friandises sont plus complexes, car les charcutailles et le choux doivent être bien mélangés et répartis équitablement. Saut à suivre pour le reste de ton stage. Tout se passe bien, à part quelques menus incidents qui se règlent assez vite. Des cloches de pâques mutantes s'infiltrent dans les cuves pour voler le chocolat. Tu fais appel à des pères Noël mercenaires pour les repousser. Des indépendantistes alsaciens tentent de perpétrer des attentats-suicides dans les citernes à choucroute. Tu parviens à t'en débarrasser avec des bretzels piégés aux nanomachines tueuses psychotiques obsessionnelles. Le regard vitreux, un filet de bave descendant jusqu'aux genoux, la chemise tachée de vodka, ton maître de stage tente de communiquer avec toi. « Zaaandrinnnn !! Gnain !! Paaa piééé !! ». Ce faisant, il semble vouloir te donner une feuille qui se tient plus ou moins entre ses doigts fiévreux. Tu ne savais pas qu'il était aussi peu résistant à l'alcool. Tu n'avais pas du tout l'intention de le mettre carpette à ce point pour ton pot de départ, mais le fait est là. Les hommes essayent tout le temps de chercher leur limite, et une fois atteinte, ils ne sont plus capables de se souvenir où elle est. Inquiétante ironie. Tu attrapes le papier de justesse, juste avant que ton maître de stage (ou ce qu'il en reste) ne trébuche tête la première dans une barquette de cacahuètes, en un tonitruant « Wouups !! Paaas Pieeeeds!!! Jgliiiippsse!!! ». Il s'agit d'une proposition d’embauche, en tant que veilleuse technologique. Tu seras chargée de te tenir informée des innovations dans différents domaines : la physique tuyautière, les machines à enchocolatiser, les nouvelles recettes, etc... Ce poste peut se révéler très intéressant et tu auras l'occasion d'acquérir de nombreuses connaissances. De plus, tu connais bien l'entreprise, tu sais que l'ambiance y est très bonne. Même en dehors des pots. Mais par ailleurs, tu as déjà commencé de chercher un emploi et tu devais passer un entretien chez Micromozme : un laboratoire qui décode les gênes des humains et des bonobos. Tu ignores pourquoi ils auraient besoin d'une plombière-zingueuse-lavabotière, mais tu comptais justement en apprendre plus au moment de les rencontrer. Si tu préfères accepter tout de suite l’emploi chez Yabon, va en 501. Si tu veux passer l’entretien pour travailler à Micromozme, va en 518. * 503 * Tout se passe bien et les prisonniers mineurs sont ravis de voir leur quotidien légèrement changé. Certains s'essayent à la création, à leur niveau et avec leurs moyens, et vous les encouragez dans cette voie. Un soir, après le dîner-beuverie à la vodka, tu rentres dans ta chambre d'hôtel un peu pompette, et tu la découvres parsemée de petites fleurs bleues, rouges et vertes. Une lettre est posée sur le lit, tu reconnais l'écriture de L'Indien. Sandrine, Voici un petit mot tout simple, pour te dire que tu es vraiment une femme superbe. Quand je te voie, que tu imagines ces œuvres d’art et que tu les offres au monde, quand nous discutons ensemble, quand tu t’endors tranquillement dans la chambre à côté de moi, tu es si belle. Je n’arrive pas à détacher mon esprit et mon cœur de ton visage. Avec tout ce que tu arrives à être en même temps, chacun pourrait trouver en toi une facette de personnalité à aimer. Je n’ai pas la prétention de t’avoir découverte entièrement, et je souhaite ne jamais y arriver. Le mystère est si agréable. Le peu que je connais de toi, je le trouve tellement magnifique. Tu es ma lumière, mon cœur, mon arbre de la connaissance, mes yeux, mon foie et mon pancréas, tu es la beauté du monde écrite dans un livre, tu es la corde de guitare qui vibre au rythme de la musique de la vie, et je ne sais plus le reste. Le mot est dit. Je t’aime, toi. Je voudrais que nous soyons ensemble, que nous passions du temps à construire tranquillement une jolie route qui lierait nos deux esprits ensemble. Nous pourrons voyager sur des plumes à travers l’espace pour rencontrer les étoiles, nous pourrons cueillir aux 7 coins de la galaxie des mots doux et étranges pour écrire des poèmes décrivant notre amour, et tant d’autres choses futiles et belles que je ne suis même pas capable, pour le moment, d’imaginer. S’il te plaît, viens me voir, fais que nous soyons heureux ensemble, je le souhaite tant, je t’aime. Ton Indien Ainsi, L’Indien est amoureux de toi ! Tu avais commencé à le deviner par ses gestes et ses regards. Vas-tu le retrouver dans sa chambre et l'embrasser fougueusement ? (va en 526), ou vas-tu attendre le lendemain pour parler sérieusement avec lui et décliner gentiment sa proposition ? (va en 514) * 504 * Tes débuts à Micromozme se déroulent très bien. On te décrit en détail le fonctionnement des centrifugueuses, et tu fais connaissance avec tes collègues : des gens formidables qui n'ont pas l'air trop fou. Tu travailles très souvent en compagnie de Habiba, une femme qui s'occupe de l'installation électrique. Elle t'explique que ce centre de recherche est hautement subventionné par l'Etat, dans le but de rendre public l'ensemble du génome humain, avant qu'il ne soit breveté et enfermé par des entreprises de peu de vertu. Une telle conscience des dangers potentiels du progrès, et un tel librisme de la part de l'Etat t'étonne un peu. Tu avais toujours cru que l'argent de tes impôts était gaspillé en fausses factures, garden party champagne-prostitués et autres villas sur la Côte d'Azur payées en liquide. Habiba te répond que la vraie raison d'existence de ce centre vient du fait que l'auteur n'est qu'un idiot d'utopiste. Tu ne comprends pas cette dernière remarque, mais cela ne te dérange pas trop. Petit à petit, vous apprenez à vous connaître. Elle a fait des études de voyante-électricienne. Elle est capable de prévoir une panne à la minute près, en tirant les cartes. Elle t'en fait la démonstration avec son paquet semi-magique. Tu tires la dame de pique, et elle t'annonce que tu auras une coupure chez toi, le premier jeudi du mois prochain, à 14h23. Elle ajoute que la dame de pique est particulière, c’est signe que tu vas bientôt découvrir quelque chose de très important, qui pourra changer ta vie. En plus de t’époustoufler avec ses capacités surnaturelles bizarristiques, cette femme est très jolie. Elle a un superbe teint mat, une magnifique courbure de fesses, un visage d’ange et des yeux Mmmmmhhh. Pour un peu, elle te donnerait presque envie de devenir lesbienne. Mais tu préfères rester raisonnable. Et puis un homme c'est plus rigolo, on peut lui faire promettre plein de chose en échange d'une simple fellation. Saut à suivre de quelques mois. Tes collègues de travail sont enchantés de tes compétences, de ta gentillesse et du fait que tu leur amènes de temps en temps de délicieuses confiseries préparées avec amour. Mais un mardi soir, alors que tu devais rester tard pour régler un problème de fuite d'évacuation des toilettes, cette histoire de dame de pique allait trouver sa justification. Va en 530. * 505 * « Parfait Sandrine. Je peux arriver dans une demi-heure. En attendant, injecte du chocolat au lait dans les tuyaux. - Je veux m'en débarrasser, pas les nourrir ! - Le lait rend les vers chocolavores plus réceptif aux messages télépathiques. C'est un peu l'équivalent de la marijuana pour les humains. - Ah d'accord. Bon à tout de suite, dépêchez-vous. - Oui mais arrête de me tutoyer comme si j'étais octogénaire. » Il débarque quelques temps plus tard. Il a un air assez singulier avec sa queue de cheval teinte en vert et ses tatouages. Il porte plusieurs colliers faits de plumes et de petits os. Sur son pantalon, il a cousu plusieurs symboles que tu ne reconnais pas, et il a découpé des franges dans son T-shirt qu'il a ensuite attachées par groupe de 3 avec des noeuds différents. Il a de jolis yeux relevés en amande et un visage assez fin. « Oui Sandrine, j'ai l'air étrange, je sais. Mais imagine que je sois venu sans T-shirt, j'aurais été un indien zarbi à moitié à poil ! - Pourquoi me dis-tu ça ? - C'est juste une référence à Wayne's World 2. Bien, au travail !  » Il dévisse quelques tuyaux et place des bassines en dessous. Puis il sort une espèce de calculatrice connectée à une baguette de sourcier, et commence à sonder les canalisations, tout en prononçant des formules litaniques. Par paquet de bruits mous, les vers hypnotisés se déversent dans les bassines. Tu t'empresses de tout jeter dans un incinérateur, avec une grimace de dégoût. Ils brûlent. Quelques noires traces gluantes restent. Ensuite, vous discutez de sujets futiles et divers. Tu as l'impression que c'est un homme intéressant, qui a de quoi raconter et partager. En partant, il te donne une petite sculpture étrange, une princesse orientale en marshmallow solidifié. « J'aimerais t'offrir ceci, Sandrine. J'espère qu'elle te plaira. Je tiens à montrer aux gens, et surtout à toi, qu'il est possible de faire de l'art avec n'importe quel objet. Ce soir aura lieu le vernissage de quelques-unes de mes oeuvres à la galerie d'art de Sainte-Nothomb-La-Rassurante. Je serais très empapilloné que tu viennes. » Sur ce, il te serre la main et te laisse avec cet objet énigmatique, quoique fort joli. Comme tu n'as rien à faire aujourd'hui après le travail, tu décides de te rendre à son exposition. La salle est remplie de personnes que tu ne connais pas, tu te sens un peu perdue. Heureusement, l'Indien vient te retrouver, il prend le temps de discuter avec toi en te montrant ses différentes créations. On peut citer, parmi ses pièces maîtresses. - Une piscine gonflable remplie d’eau, dans laquelle flottent différents plats, assiettes, et verres. Un petit moteur crée un léger courant et les fait bouger. Ils s’entrechoquent en laissant entendre une jolie mélodie : bling ! dong ! ting ! - Des cadavres humains parfaitement conservés et enduits de cire. La peau et divers organes on été enlevés, ce qui leur donne des aspects d’écorchés en plastique, comme on en voit dans les salles de biologie. - Une grosse machine reproduisant les fonctions digestives. On y verse de la nourriture, de n’importe quel type, et trois heures plus tard, un splendide tas d’excréments ressort par un autre orifice. - Un automate capable de jouer aux échecs contre un humain. Mais dès le premier coup, il se contente de balayer le jeu d’un revers de la main en beuglant : « tu triches rascal ! ! ! » - Un moteur de mobylette tournant en permanence, avec le pot d’échappement relié à un gros globe de verre. On peut donc voir la fumée crasseuse se coller petit à petit contre les parois. - Une statue en pierre d’un homme en béret, tenant une bière à la main et regardant pensivement dans une direction. Il représente l’amitié sincère entre gens simples. L'Indien ajoute que même si cette oeuvre venait à être brisée, ce qu'elle symbolise ne le sera jamais. Vers la fin de la soirée, il vient te demander un service. Il aimerait que tu l'aides à réaliser une sculpture faite de tuyaux. (A ce niveau là de l'histoire, l'auteur a besoin de préciser que ton I.U.T. comporte un important atelier de travail, et qu'en tant qu'élève tu peux aller y travailler quand tu veux, même pendant ton stage. L'auteur n'a pas réussi à placer ces informations plus tôt, ce qui donne l'impression d'une trame scénaristique écrite au fil de la plume (au fil du clavier plus exactement). Mais l'auteur s'en fiche complètement. Na.) Si tu acceptes de l'emmener demain à l'atelier de ton I.U.T. va en 525. Si tu préfères ne pas te mêler de ses délires d'artiste flottant sur les cascades étoilées de ses propres neurones narcissiques, va en 522. * 506 * Il te vient une idée amusante. Tout d'abord, tu tiens la cuillère devant toi et tu composes lentement une grimace horrible. Celle-ci, bien évidemment, se reflète. Et d'un seul coup, tu remets ton visage normalement. L'astuce réside dans le fait que les lois de la physique n'ont pas le temps de réagir immédiatement. Durant quelques microsecondes, la cuillère continue de renvoyer la même image. Quand les lois s'aperçoivent de l'incohérence, elles sont un peu confuses et au lieu de corriger le reflet, elles corrigent la cuillère. Celle-ci se tord, jusqu'à devenir comme un petit miroir déformant, qui s'adapte exactement à ta grimace. Tout est redevenu normal et logique. Iris est très satisfaite de ta supercherie faite à l'univers. « C'est bien toi l'élue ma chère Sandrine. Tu es vouée à un destin sans précédent. - Est-ce que j’aurais pu tordre la cuillère si elle ne m’avait renvoyée aucun reflet ? - Ce n’est pas une question qui peut être sensément posée, dans la mesure où toutes les cuillères renvoient un reflet, et où je ne t’ai pas demandé de tordre autre chose. - Mais les petites cuillères en plastique ne reflètent rien. - As-tu déjà essayé de tordre une cuillère en plastique ? On ne peut pas, elles se cassent tout de suite ! Je ne t'aurais jamais demandé de faire quelque chose d'impossible. Tu poses parfois des questions amusantes de vacuité ! - Ce qui n'est pas si étonnant, vu la vacuité de tangibilité de ce monde. Bref. en quoi consiste exactement être l'élue ? - Tu le sauras en allant dans la pièce à côté. Anne-Cinet va t'accompagner. » La pièce à côté se trouve au 510. * 507 * Tu te concentres de toutes tes forces. Si ce monde était un monde où les cuillères des petites gamines étaient en guimauve et non pas en métal, tout serait réglé. Le fait qu’elles restent droite deviendrait alors complètement impossible. L'univers tente de résister à tes attaques déstabilisatrices. Pour lui, les cuillères demeureront en métal. Tu essaies de toutes tes forces de le persuader du contraire. Si tu as 7 ou plus en bizarrisme, va en 528, sinon, va en 524. * 508 * L'ensemble tarabiscoté que vous concevez est assez joli à regarder, mais ça n'en fait pas une oeuvre d'art avec cette petite alchimie surprenante à l'intérieur et autour. Le soir-même, L'Indien fera son happening, mais les gens se contenteront de rire sans vraiment percevoir l'intérêt, et ils se détourneront de cette espèce de fatras géométrique qui se veut être « la coupe du monde de la coupe du monde ». Tu garderas tout de même une amitié durable avec ce personnage particulier. Vous continuerez de correspondre et de vous voir sporadiquement pendant le reste de votre vie. Mais pour l'instant, il faut continuer de te soucier de ta vie professionnelle. Ton stage chez Yabon n'est pas terminé. D'autres événements vont peut-être survenir après l'invasion des vers. Va en 502. * 509 * « Mademoiselle Tugu, nous aimerions maintenant en savoir un peu plus sur vous. Sauriez-vous nous dire quel est le mot que vous avez saisi dans un moteur de recherche la toute première fois que vous êtes allés sur Internet ? - J'avais 17 ans. Ce devait être quelque chose comme “parfums à la mode“ ou “Nolwoana la sulfureuse catin d’harmonie“. Je ne sais plus trop. - Quel mot ou phrase pourrait résumer la vie que vous aimeriez avoir ? - Une vie saine et calme, un travail, un mari et des enfants. - Qu'est-ce qui peut pousser un homme à vouloir devenir gynécologue? - Euh... Je ne sais pas trop. Peut-être aiment-ils tripoter de la viande féminine, surtout aux endroits concernés par la gynécologie. - Que feriez-vous si vous étiez présidente des Etats-Unis ? - J'essayerais de diminuer l'influence des lobbys, car c'est un pouvoir qui émane principalement des entreprises, donc peu en accord avec les humains, la nature et l'éthique. Il faudrait aussi nuancer leur sentiment d'être les maîtres du monde. - Quel est le souvenir le plus ancien que vous êtes capable de vous rappeler de votre vie? - C'est un peu confus. J'ai une image de moi dans mon petit lit en train d'essayer de m'endormir. Et je ne parviens pas à savoir s'il vaut mieux que j'ai les yeux ouverts ou fermés. Car dans les deux cas, je vois toujours la même chose : du noir. - Que voudriez-vous faire de votre corps après votre mort ? - Dans un cercueil, sous la terre, comme tout le monde. Utopiquement, j'aimerais qu'il soit jeté dans l'espace infini pour qu'il voyage pendant l'éternité. Mais c'est un luxe qui doit coûter assez cher. - Bien. Merci. Nous vous recontacterons dans quelques jours pour vous donner notre avis. » Tu les remercies à ton tour, et tu sors de la salle. Ils n'avaient pas l'air spécialement emballés par tes réponses, tu gardes donc peu d'espoir. Effectivement, une semaine plus tard, tu reçois une lettre de refus. Tant pis, tu n’as plus qu’à accepter le travail que t’avait proposé ton maître de stage chez Yabon. Va en 501. * 510 * Tu débouche alors dans des toilettes ! Elles sont déjà occupées par un homme assez imposant, à la peau mat. Quand il te voit, il se lève précipitamment, reboutonne son pantalon et met son long manteau noir. Il te fait un grand sourire. « - Ainsi, c'est toi l'élue. C'est drôle, tu en a exactement l'air. Mon nom est Momo Du Neuhof, mais tu peux m'appeler Morveus. - Enchantée, moi c’est Sandrine Tugu. Qu'est-ce qu’on est supposés faire dans les toilettes ? - Ben… Chier. - Oui, mais là dans le cas présent, pourquoi Iris m'a-t-elle demandé de venir ici ? - Ah oui bien sûr ! En fait, ce que tu vois ici est une porte inter-dimensionnelle. Tu vas comprendre tout de suite. Vas-y, plonge dans la cuvette ! - C'est à dire que... Tu viens de les utiliser et tu n’as même pas tiré la chasse. - Ah non, pas du tout ! C'était juste pour amorcer l'initialisation de la fonction télétransportationnelle. Regarde, il n'y a rien de spécial au fond. Je te rassure, tout est propre, car comme dit le proverbe : si tu polishes tes chiottes, elles brillent. Tu regardes Anne-Cinet d'un oeil incertain. Elle te confirme qu'il faut faire confiance à cet homme. Alors au point où tu en es, tu plonges dans les toilettes magiques. Vient ensuite d'innombrables événements plus ou moins compréhensibles, dont tu ne gardes que des visions morcelées : toi dans un cocon gluant, avec des tuyaux partout. Une araignée géante qui t’ausculte, avec des roues de vélo à la place des yeux. Un vide-ordure dans lequel tu plonges. Des égouts. Un gros machin volant qui vient te repêcher. Et tu retrouves alors Anne-Cinet et Morveus, qui t'énoncent cette phrase inquiétante : « Bienvenue dans le monde réel ». Ils t'expliquent tout assez rapidement. Le scénario est assez classique. L'humanité a été presque détruite, les survivants ont été placés dans des cocons, et sont sous le contrôle de machines. Ils sont connectés ensemble à un monde virtuel appelé la matrisque, et leurs émotions permettent de produire de l'énergie. Là, c'est totalement pas réaliste, mais vu l'état de délabrement actuel des lois de la physique, ça ne dérange plus personne. Au passage, les machines sont des vélos fous psychopathes avec un guidon retourné, mais c'est juste pour l'esbroufe visuelle et narrative. Et donc, toi tu es l'élue et tu dois sauver l'humanité et anéantir ces méchantes machines, ou éventuellement faire la paix avec elles. Tu commences doucement à prendre conscience de ta nouvelle situation, quand soudain, Anne-Cinet s'approche de toi et t'embrasse fougueusement. Tu es un peu surprise. Une humanité détruite, un monde virtuel, des vélos fous psychopathes, passent encore, mais une amie lesbienne ! Ceci dit, à la réflexion, la sensation n'est pas désagréable. Elle t'explique tout bien vite. « Sandrine ! Je t’aime ! L’Oracle avait prévu que je tomberais amoureuse de l’élue. Pardonne ma spontanéité, mais j’avais vraiment envie de t’embrasser. Tu verras, l'amour entre deux personnes du même sexe est tout à fait possible, et je sais faire tant de choses avec ma langue. Viens je vais te montrer ! » Sur ce, elle t’emmène dans sa chambre et vous vous amusez comme des fofofolles. Plus tard, tu retourneras dans la matrisque et tu commenceras le long travail de sauvetage de l’humanité, tout en volant dans les airs, parce que quand même, tu es l’élue. Voilà. Le récit s'arrête ici, mais pas ta propre histoire, car tu as encore ton destin de sauveuse à accomplir. Tu peux maintenant aller au dernier paragraphe, à la fin du texte pour avoir quelques derniers petits détails. * 511 * De sa lame, Sandrine balaye le cou de Réchèr. Sa tête vole pour revenir au sol. Le sang, une fois de plus. Bien entendu, personne qui me lit, il serait puéril d'imaginer que vous puissiez vous débarrasser de moi aussi facilement. La suite va être bien pire. Je vais créer des dessins animés abjects, je raconterais des histoires malsaines, vous aurez la nausée. Je répandrais mes petites vengeances mesquines dans le Monde des Idées. Vous avez voulu me tuer, personne qui me lit ? Prenez bien garde à vous, vous n'avez aucune conscience du degré d'obscénité dont je suis capable. Et c'est de votre faute. Attention ! Désintéressez-vous de moi ! Ne regardez pas mes prochaines “oeuvres“ ! Elles vous inspireront l’horreur ! Peut-être même aurez-vous envie de vous suicider. Partez avant qu'il ne soit trop tard. Je suis devenu fou et c'est de votre faute. Allez, personne qui me lit, vous n'avez plus qu'à aller au dernier paragraphe, à la fin du texte. Mais... comme dirait monsieur Smith : “C'est loin d'être terminé.“ * 512 * « Mademoiselle Tugu, nous aimerions maintenant en savoir un peu plus sur vous. Sauriez-vous nous dire quels mots vous avez saisis dans un moteur de recherche la toute première fois que vous êtes allée sur Internet ? - Je m'en souviens très bien. C'était « Fourmilier-caméléon » et « Amazonie ». Je voulais me renseigner à propos d'un problème écologique survenu dans cette région du monde. - Quel mot ou phrase pourrait résumer la vie que vous aimeriez avoir ? - Je veux des événements inattendus. - Qu'est-ce qui peut pousser un homme à vouloir devenir gynécologue? - L'envie d'aider son prochain, faire en sorte qu'il ait une vie agréable et saine. C’est une mission cristallisoirement humaniste d'être gynécologue. - Que feriez-vous si vous étiez présidente des Etats-Unis ? - J'essayerais d'obtenir auprès de l'ONU le statut de pays sous-développé, afin d'avoir des aides de leur part. En y réfléchissant, on peut trouver des similitudes importantes entre les Etats-Unis et le Tiers-Monde. Tout d'abord des problèmes de nutrition. Même si c’est la situation inverse, un taux d'obésité si effroyablement pachydermique est forcément préoccupant. Il y a également d'autres éléments : un très grand écart entre les riches et les pauvres, des élections et une démocratie douteuse, une ahurissante vulnérabilité au terrorisme, un réseau de distribution de l’électricité archaïque, puisqu'ils sont encore en 110V, etc. - Quel est le souvenir le plus ancien que vous êtes capable de vous rappeler ? - C'est un peu confus. Je joue à la marelle avec des amies, et quelqu'un tombe par terre. - Que voudriez-vous faire de votre corps après votre mort ? - Il ne me servira plus. Donc je pourrais le laisser à la science, ou faire des dons d'organes. - Bien. Merci. Nous vous recontacterons dans quelques jours. » Tu les remercies à ton tour et tu sors de la salle. Tu n'as pas compris l'intérêt de ces questions, mais ils avaient l'air approbateur. Effectivement, une semaine plus tard, tu reçois une lettre annonçant que tu es embauchée à Micromozme. Youpi ! Tu fêtes dignement ce joyeux événement avec des amis et de l'alcool. Va en 504. * 513 * Tu cherches sur www.FuckLes118.fr et tu trouves les coordonnées de plusieurs zootélépathes. Le premier se nomme Mickaël de l'Herbemarrante, il est également magnétiseur, marabout et fessomancien. Tu ne comprends pas en quoi consiste cette dernière qualification, mais tu le contactes tout de même. « Bonjour, monsieur de l'Herbemarrante, je vous appelle pour... - Sandrine, ne dis rien de plus. Les usines Yabon sont envahies par des vers chocolavores et tu as besoin de mes compétences. - Comment le savez-vous ? Et comment connaissez-vous mon prénom ? - Tout d'abord je préférerais que tu m'appelles l'Indien, comme tous mes amis le font. Et pour répondre à la question que tu te posais tout à l'heure, fessomancien signifie que je peux lire les avenirs possibles dans les lignes des fesses. C’est ce que je fis ce matin sur moi-même, en me regardant dans un miroir. - Mais, comment saviez-vous que je m’interrogeais à propos de la… fessomancie ? - ... - Désolé. Question idiote. Quand pouvez-vous arriver ? - Comme je savais qu'aujourd'hui pourrait être le moment de notre rencontre, je n'ai pris aucun rendez-vous. Je peux donc venir de suite, à moins que tu ais un doute sur mes capacités ? - Mais normalement, vous savez déjà si je vais accepter ou non, alors pourquoi me demander ? - Il y a certains choix que je ne peux pas prévoir. J'ignore pourquoi mais c'est ainsi. - Dans ce cas, pourquoi avez-vous décidé de me réserver votre journée ? - Je veux mettre toutes les chances de mon côté pour te voir, car tu m'es sympathique. » Ce type est bizarre. Pourquoi tient-il à ce point à te rencontrer ? Qu'il lise une partie de l'avenir, tant mieux pour lui. Mais que te veut-il exactement ? Si cet “Indien“ ne t'inspire pas confiance, tu peux lui dire que tu es désolée, mais l'entreprise Yabon ne le sollicitera pas. Dans ce cas, il te faudra adopter l’autre solution : acheter des vers verchocolavorvores en allant en 517. En revanche, si tu es d'accord pour qu'il vienne immédiatement, va en 505. * 514 * Tu repousses les fleurs et tu te couches seule dans le lit. Le lendemain, tu viens voir L'Indien, il a déjà déduit que tu déclinais son amour. Il te regarde d'un air gêné. Soudain il explose dans une gerbe poisseuse de sang et de viscères. Le visage moucheté de rouge, tu ne comprends plus rien. Un type apparaît, le regard torve, les habits vieux et sales, des mains osseuses. Il crache ses mots et sa voix est désagréable. « Puisque vous ne voulez pas de mon Indien, il ne m'est plus utile. - Comment avez-vous provoqué cet acte cruel ? Quel monstre êtes-vous ? - Je suis Réchèr. Celui qui a créé ce monde et inventé ton personnage. - Une sorte de Dieu ? Je refuse de le croire. Vous n'êtes qu'un cauchemar ! - Sandrine, nous nous sommes déjà rencontré dans une autre vie et tu as eu la même réaction. Mais c'est sans importance, car je m'adresse à la personne qui te dirige, celle qui lit ce mot : Là. » Réchèr attrape Sandrine par le bras et la bloque. « Eh, personne me lisant ! A l'époque où j'ai écrit ce livre pour mon amie, je ne pouvais pas me permettre ce genre d'incongruité. C'était un cadeau et j'avais pris soin qu'à chaque fin possible, Sandrine soit heureuse. Dans la version d'avant, elle abandonnait L'Indien, et elle finissait avec un banal personnage crasseux, ramassé dans un quelconque égout répugnant de mon imagination. Maintenant que le récit est libéré, j'ai tous les pouvoirs narratifs. Je vous ai donné le contrôle de cette petite péronnelle, et voyez ce que vous en faites ! Vous osez rejeter l'amour de mon Indien. Il y a quelques chances que vous soyez une femme, personne me lisant. Il y a quelques chances que vous ayez aussi repoussé les avances de Cédric Rashmouaque et de Pierre-Jean-Kevin. Savez-vous ce que cela signifie ? Puisque je suis l'auteur, chaque objet, chaque personne de ce monde est forcément représentatif d'une facette de ma personnalité. Refuser l'amour de ces éléments équivaut à refuser mon propre amour. En d'autres termes, je finirais seul, seul, seul, par votre faute. Vous croyez que je me sens bien ? heureux à inventer toutes ces insanités absurdes ? Et pourquoi ne déciderais-je pas de sauter le pas ? Au lieu de me venger avec des mondes virtuels, je me vengerais du monde réel. Plonger dans la douce violence gratuite, frapper des inconnus, des enfants. L'idée me caresse parfois l'esprit. Et je pourrais toujours dire que tout aura été de VOTRE faute, personne me lisant ! - Cessez de me hurler dans l'oreille ! » Sandrine se dégage de Réchèr. Elle le repousse contre un mur, ramasse un couteau qui traînait par là (puisque j'ai envie qu'un couteau traîne par là) et le place sous sa gorge. « J'ignore ce que vous êtes exactement, mais vous allez vous calmer. Je n'étais pas amoureuse de L'Indien, mais ce n'était pas une raison pour le tuer. J'ai bien envie de vous trancher la tête, là, tout de suite. - Mais pourquoi pas, très chère Sandrine ? Seulement, comme d'habitude, tu ne réalises même pas que tu es incapable de prendre cette décision par toi-même. » Alors personne qui me lit. Quel est votre dernier choix ? Sandrine va-t-elle tuer Réchèr ? (dans ce cas, allez en 511), ou va-t-elle lui laisser la vie sauve ? (allez en 529) * 515 * A vous deux, vous parvenez à créer une embrassade tourniflottante très délicate et très sensuelle. Votre « coupe du monde de la coupe du monde » a ce petit côté vivant et mystérieux que tant de gens convoitent sans forcément comprendre. Un peu comme le sourire magique de la Joconde, dont on fait tout un plat, mais qui est incapable de justifier de manière tangible sa célébrité. Dès le lendemain, l'Indien effectue son happening dans la galerie d'art. Galvanisé comme un galvanomètre par la beauté de l'oeuvre que vous avez créé, il offre un magnifique spectacle d'ironie au moment de s'auto-remettre sa coupe du monde qu'il a pu gagner grâce à la même coupe du monde lors de son propre concours de la plus belle coupe du monde. L'événement est unanimement apprécié. Tu rencontres même Rachel Zizouye, la journaliste-photographe de la revue « l'instant intemporel », qui t'annonce qu'elle écrira un article sur l'ensemble de l'exposition, dans lequel elle n'oubliera pas de mentionner ta contribution. Et elle explose de rire quand tu lui fais remarquer que ça rime, parce qu'elle s'est préalablement avoinée la trogne à la bière. Cette soirée marqueras une étape importante de ta vie, car tu y prendras la décision de continuer dans la création artistique, avec des tuyaux ou d'autres objets. Un léger souffle de folie créatrice remue l'atmosphère terrestre, car tu ouvres ton crâne. Saut à suivre jusqu'à toi en train de faire ta soutenance de stage, un peu à la va-vite. Tout se passe bien et tu obtiens ton diplôme, même si tu sais que ce n'est pas le but ultime de ta vie. Saut à suivre jusqu'à toi quelques années plus tard, avec un vrai métier dans une vraie entreprise. C’est seulement pour pouvoir manger, car ce qui est important pour toi est de pouvoir réaliser des sculptures durant ton temps libre. Comme tu n'es pas dépendante financièrement de ton art, tu te permets tout et n'importe quoi, pour le pire, comme ta représentation évolutive et fondante de l'amour dans de la guimauve rose congelée, mais aussi pour le meilleur, comme ta cathédrale-oeuf, dans laquelle on entend la mer quand on rentre à l'intérieur. Tu gardes contact avec L'Indien, avec qui tu échanges continuellement tes idées et tes expériences. Saut à suivre jusqu'à encore quelques années plus tard. Vous effectuez tous les deux une exposition commune en Sibérie Orientale, dans le cadre du programme d'aide et de découverte culturelle pour les mineurs russes condamnés aux travaux forcés dans les mines de diamants. Un événement spécial devait y survenir. Va en 503. * 516 * Il faut neutraliser ce furieux dingue dangereux le plus vite possible. Tu lui donnes un grand coup de pieds dans ses testicules. Il sait que dans ce genre d'endroits, la douleur vient avec quelques secondes de retard. Alors il s'enfuit derrière un pupitre de contrôle et actionne plusieurs commandes, juste avant de se plier en deux et de gémir. Des hordes de robots démoniaques se déploient et marchent vers toi pour te réduire en bouillie. Des tourelles-laser tournent leurs yeux dans ta direction et se préparent à cracher leur salve. Heureusement, tu repères rapidement un gros bouton rouge d'autodestruction et tu t'empresses d'appuyer dessus. En effet, toutes les installations secrètes des scientifiques déglingués se doivent de comporter ce genre de sécurité, afin que les héros ou héroïnes puissent en venir facilement à bout. De manière prévisible, une alarme et des gyrophares rouges se déclenchent. Tu récupères Monsieur Cohrnazze toujours immobile et tu te rues vers la sortie. Tu ignores combien de temps il te reste avant que tout n'explose, mais conformément aux règles narratives en vigueur, tu parviendras à t'échapper au dernier moment. Bien entendu, le tout se termine avec toi en train de courir au ralenti, l'autre abruti inconscient dans les bras, et un herbier complet d'explosions jaillissant à l’arrière plan. Après ces instants de suspens et de débauches scabreuses d'effets pyrotechniques, tu appelles la police afin qu'elle enferme Monsieur Cohrnazze dans une super-prison imprenable et high tech. Inutile de préciser qu'il pourra s'en échapper dès qu'il le souhaite, afin de « faire des suites ». Les policiers te remercient chaleureusement, car un cloneur, c'est justement ce qu'il manquait à leur collection de grands méchants. Ils en profitent pour ajouter qu'après l'action de gloire que tu viens de réaliser, tu pourrais t'engager dans la brigade anti-savants-fous et devenir riche et célèbre. Ce qui tombe bien, Micromozme ayant été entièrement détruite, tu n'as plus vraiment d'emploi. Dès le lendemain, tu proposes ta candidature. Tu rencontres un militaire breton bisexuel qui se fait appeler “Le Corse“, il accepte de t'inscrire à la formation. Dans les mois qui suivent, tu acquiers une pléthoritude de connaissances : - Les techniques de combat contre les armés de robots psychotiques ou de monstres névrosés que fabriquent les savants fous. Comment trouver le point sensible qui les détruira sans efforts ou fera en sorte qu'ils se révolteront contre leur propre créateur. - Les astuces pour repérer les laboratoires-bunker top secret, et pour résoudre les énigmes débiles qui en verrouillent les portes d'entrées. - La psychologie des grands méchants. Le contexte qui les ont orientés vers ce métier : enfance difficile, moquerie des frères et soeurs, culpabilisation par les parents, rixes avec les camarades de classe, etc. Les convictions qui les poussent à détruire la Terre ou à en prendre le contrôle. Les manières dont ils se persuadent que leurs actions oeuvrent pour le bien de l'humanité. - Et bien sûr, la règle numéro un : ne jamais, au grand jamais, tuer un savant fou. Il faut toujours le sauver (éventuellement in extremis), afin de garder l'image d'une héroïne au grand coeur respectueuse de la moindre petite étincelle de vie palpitante. Tu excelles dans l'ensemble de ces domaines, par conséquent, saut à suivre dans un petit village du Colorado. Un généticien a créé des dindes mutantes de Thanksgiving, dans le but de pouvoir offrir à manger aux démunis. Bien entendu la volaille est devenue violente, donc avec l'aide du chef cuisinier noir de l'école primaire, vous recrutez les autochtones pour lever une armée. Dans une bataille digne du film BraveHeart, vous parvenez à exterminer entièrement cette délinquance aviaire. Pour finir, tu raisonneras le généticien, afin qu'il ne recommence plus, du moins jusqu'à la prochaine fois. Saut à suivre en Californie. Un détraqué, pas vraiment savant, mais plutôt marketteur, au visage ravagé par l'informatique, tente de prendre le contrôle de la mondialisation. Il a vendu des logiciels qui contiennent des messages subliminaux provoquant une dépendance psychologique. Il comptait ensuite revendre des nouvelles versions aux millions de toxicomanes impuissants, encore et encore jusqu'à posséder toute la masse monétaire de la planète. Tu bombardes sa forteresse-entreprise avec des tartes à la crème. Assiégé par cette pâtisserie, il tentera de s'enfuir entouré de ses plus fidèles programmeurs. Mais, ne trouvant pas le bouton“démarrer“ sur sa voiture, ils resteront plantés sans rien faire et tu n'auras plus qu'à les glisser-déplacer en prison. Saut à suivre en Amérique du Sud. Un déjanté mégalomane, dont la patience a d'étroites limites, au contraire de sa science, a inventé un rayon permettant de contrôler les gens. Par ailleurs, il est PDG d'une entreprise de dentifrice et de savons, et il force la population à acheter ses produits. Son but ultime est de lancer des centaines de fusées sur la Lune pour y peindre un gigantesque message outrancier, visible depuis la Terre. Quelque chose du style : “à mort les chiens.“ Tu fais appel à un de ses anciens professeurs, retraité dans le petit village de Champignac. Il réussit à inventer un appareil neutralisant le rayon contrôleur. Vous cueillez ensuite le déjanté dans son repère secret, au coeur de la forêt amazonienne, et vous le mettez hors d'état de nuire. Il retombera alors en enfance. Saut à suivre jusqu'à un malade avec une calvitie plus grosse que son crâne. Il veut s'allier avec l'ensemble de la bio-masse fourmilière pour fonder une nouvelle société où chacun aurait droit à une paire d'antennes. Tu arrives très facilement à l'en dissuader, en parlant avec lui et en développant des trésors de psychologie. Il change radicalement de carrière, et décide d'écrire des livres sur les fourmis plutôt que de vouloir en devenir une. Plus tard il deviendra célèbre, écrira d'autres livres, deviendra richissime, sera à court d'idées pour écrire encore d'autres livres et finira par sombrer dans la cocaïne. Saut à suivre jusqu'à un docteur manipulé par un météore violet psychopathe. Il capture des gens pour faire frire leur jolie petite cervelle dans son Zombie-matic. Tu investis son manoir, tu combats ses horribles gardes du corps (une tentacule pourpre et une verte) et tu renvoie la météorite dans l'espace grâce à une voiture volante. Parmi les prisonniers du docteur, tu rencontres un beau jeune homme brun, et tu décides de l'épouser. Malheureusement, votre couple ne fonctionnera pas de manière suffisamment fusionnelle, car tu es toujours en vadrouille pour diverses missions. Tu quitteras cet homme qui trouvera un travail aux impôts, en tant qu'inspecteur des revenus secrets. Ce n'est pas trop grave, car globalement, ta vie est faite d'aventures mouvementées et de découvertes inattendues. De plus, tu es riche et célèbre ce qui te permet d'épouser, mettons, le frère jumeau de Brad Pitt. C'est donc là qu'est ton destin, chère Sandrine. Sauver la planète à de maintes reprises, et épouser des beaux gosses. Tu peux maintenant te rendre au dernier paragraphe, à la fin de l'histoire, pour connaître le mot de la fin. * 517 * Tu demandes à ton maître de stage la possibilité d'acheter une demi-dizaine de vers verchocolavorvores. Il accepte sans problèmes et tu les commandes auprès de Ver-minute. Quelques temps plus tard, un livreur arrive avec un bocal de verre qui est vert contenant les vers. Tu les envoies immédiatement en chasse. Le long des tuyaux, de répugnants, quoique rassurants, bruits de mastication se font entendre. Au bout d'une heure, tout le réseau est nettoyé. Tu n'as plus qu'à récupérer tes vers (qui n'ont pas de tentaculopodes, eux) et à laver les tuyaux. Les vers verchocolavorvores se reproduisant très rapidement par véromitose, tu en as maintenant plus d'une vingtaine ! Tu les replaces dans leur bocal. Il te suffira de leur donner à manger de temps en temps. Ils peuvent également se nourrir avec des vieilles frites séchées, cultivées en cantines d’entreprise. Tu es fière de toi. Tu as su régler le problème rapidement et faire en sorte qu'il ne se reproduise plus. Va en 502. * 518 * Par précaution, tu gardes la proposition d'embauche de Yabon. Ton pot de départ se termine sans trop de problèmes, même s'il ne reste plus beaucoup de gens valides pour nettoyer. Quelques jours plus tard. L’immense building qui te fait face t'écrase de sa perfection réfléchissante. Il est orné d'un logo déroutant : des rubans d'ADN sortant d'une fenêtre. Une porte s'ouvre silencieusement. Moquettes, plantes vertes à arborescence récursive et hôtesse d'accueil à poitrine planétaire, ce qui ne t'intéresse pas trop. Un ascenseur dopé aux stéroïdes te conduit au Ouatemille-et-unième étage. Tu t'enfiles dans un couloir encore plus long qu'un très long couloir, pour arriver au bureau numéro Ouate-zillion soixante neuf. Un homme et une femme t'y attendent, ils se présentent. Anne-Reine Clarence, D.R.H., et Nicolas Ricard, un scientifique du département « Gênes codant le strabisme divergent » Ils t'expliquent qu'ils recherchent une personne de ta qualification pour assurer la maintenance des centrifugueuses tubulaires. Ce sont des machines assez semblables aux centrifugeuses, sauf qu'elles encouragent psychologiquement les chromosomes à fuguer de leur cellule. Par ailleurs, leurs lavabos se bouchent parfois, surtout quand des maladroits y jettent des cellules mutantes. Tu te présentes brièvement : toi, tes études, tes loisirs, ta vision de l'univers et le fait que tu sois intimement persuadée qu'il est lui-même décrit par des gênes. Pour finir, ils te posent quelques questions. Si tu as 5 ou plus dans ta caractéristique « altruisme », va en 512, sinon, va en 509. * 519 * « Iris, tu es très gentille, mais comme tu le suggère si bien, cette histoire n'est effectivement que calembredaines ubuesques. Alors tu reprends tes affaires et je reprends le cours normal de ma vie. Désolé. Au revoir. » Sur ce, tu tords la cuillère d'un simple geste de la main et tu lui rends. Elle te regarde d'un air légèrement accusateur. « Toutes nos excuses Sandrine. Nous avons dû nous tromper sur la personne. Excuse-nous de t'avoir dérangé, tu peux retourner danser. » Anne-Cinet semble un peu déçue et désorientée, mais elle n'insiste pas. Vous remontez les escaliers. La suite de la soirée se déroule sans événements bizarres. Vous dansez, tu te fais draguer par diverses lesbiennes, et finalement vous retournez vous coucher. Tu resteras amie avec Anne-Cinet, mais vous ne reparlerez plus de ces histoires d'élue, de lapin vert ou de cuillère. Va en en 523. * 520 * Tu identifies le problème assez vite. Les tuyaux sont envahis par des vers chocolavores. Les fromages étant de véritables hôtels à vermine, ils hébergent parfois des larves de ces sales petites nuisances abjectes. Or, il suffit qu'elles soient en présence de chocolat pour qu'elles se développent et se multiplient telle la lèpre dans les pays du Tiers-Monde. Il va falloir assainir tout ce vivier avant de reprendre la production d'alexandriettes. Malheureusement, ces vers ont l'outrecuidance d'être doté de minuscules tentaculopodes, qui les rendent capable de s'accrocher à n'importe quel type de paroi. Un simple nettoyage ne suffirait pas à t’en débarrasser. Il te reste deux possibilités. Tu peux te procurer des vers verchocolavorvore, c’est à dire des vers mangeurs de vers chocolavores. On en trouve dans toutes les bonnes véreries, même s’ils coûtent un peu cher. L'avantage c'est que quand ils auront tout purifié, tu pourras les garder dans un bocal, en prévision d'une autre invasion. Ce serait un bon investissement pour l'entreprise. Si tu décides d'adopter cette solution, va en 517. Tu peux faire appel à un zootélépathe, qui sera en mesure de donner des ordres hypnotiques aux vers, pour les faire sortir des tuyaux. Seulement tu n’es pas sûre d’en trouver un qui soit immédiatement disponible. C'est un corps de métier assez demandé pendant cette saison, où les animaux télépathonuisibles sont en période de rut. Si tu choisis cette possibilité, va en 513. * 521 * Tu ne sais plus trop quoi penser. La plupart des autres gens avec qui tu as discuté de clonage se sont contentés de dire que c'était mal. Avaient-ils vraiment réfléchi à la question ou avaient-ils cette opinion uniquement pour être tendance ? Tu quittes la pièce en rassurant Monsieur Cohrnazze. Tu ne parleras à personne de ce que tu as vu ce soir. Tu ajoutes que tu souhaiterais garder contact avec lui pour continuer ce débat. Saut à suivre de quelques années. Il a réussi à te convaincre et vous travaillez ensemble, en secret. Vous parvenez assez vite à obtenir des résultats concluants, voire révolutionnaires. La prochaine étape consiste à révéler le fruit de vos recherches au monde entier. Cependant, la mentalité globale de la population met du temps à évoluer. Il faudrait donc répandre vos idées progressivement, par le biais de la politique et des médias. Malheureusement, ce sont des domaines que vous ne maîtrisez pas du tout. Il va donc falloir prendre les compétences requises là où elles sont. Ta pelle heurte une surface dure. Tu dégages la terre pour agrandir le trou. Tu tires sur une planche, celle-ci casse d'un bruit sec. Tu glisses ta main et tu fouilles l'intérieur. En théorie, un seul os devrait suffire, mais tu préfères en récupérer deux ou trois pour être sûre de ton coup. Tu remets en place le bloc de marbre. Le nom de Charles de Gaulle est gravé dessus. Au loin, tu crois entendre des personnes qui se poursuivent. Peut-être des membres d'une secte, ou d'une quelconque société secrète luttant dans l'ombre pour le bien de l'univers. Ce n'est pas ton problème. Tu as terminé ce que tu avais à faire dans ce cimetière et il n'y a plus qu'à repartir. Il reste encore deux autres personnes dont les informations génétiques t’intéressent. Saut à suivre d'encore quelques années. Vous vous occupez de trois charmants bambins :un petit Charles de Gaulle, un petit Victor Hugo et une petite Benazir Bhutto. Vous soignez bien leur éducation en leur vantant les fabuleux avantages que pourraient apporter une reproduction humaine artificielle. A cet âge, ils ont beau être des personnages politiques en puissance, ils restent très influençables. Oh, et bien entendu, afin de ne pas trop perdre de temps, vous avez trouvé un moyen pour les faire grandir plus vite que la normale. Saut à suivre d'encore-encore quelques années. Grâce à l'efficacité innée de vos trois leaders, votre nouveau parti, le FROCQUE (Front de Rassemblement pour des Opérations de Clonage Quantifiées, Unifiées et Elaborées) est sur le point de remporter les élections présidentielles, voire mondiale. Oui tant qu'à faire, autant dire qu'un gouvernement planétaire a été mis en place depuis un petit moment. Dernier saut à suivre. Monsieur Cohrnazze est mort de vieillesse, ou éventuellement réduit en miettes en pleine période de canicule par une grenade au sel de farces et attrapes. Tu es la conseillère principale du Bureau Mondiale du Clonage, et tu choisis avec discernement les personnes qui auront le privilège d'être « remises en circulation ». Grâce à toi, l'humanité bénéficie d'avancées plus fréquentes en art, en science et dans d'autres domaines. Tu éprouve le sentiment grisant d'avoir droit de vie et de mort sur tout un chacun. Mais peut-on réellement parler de « vie » dans ce cas ? Est-ce que cloner quelqu'un est-il exactement équivalent à le ressusciter ? Tu ne te poses pas trop la question, tu es plus occupée à regarder d'un air amusé des centaines de gens ayant une haute opinion d'eux-mêmes te supplier d'être clonés. Certains te proposent des pots-de-vin faramineux, d'autres rampent devant toi et se disent prêt à te lécher les orteils. Le despotisme éclairé, c'est divinement glamour, à condition bien sûr d'être la despotesse. C'est donc dans cette activité hautement bénéfique pour la société que tu auras trouvé ton destin, chère Sandrine. L’histoire se termine ici, peut-être devrait-elle te faire peur, peut-être pas. Tu peux maintenant aller au dernier paragraphe, à la fin de l'histoire, pour avoir quelques détails supplémentaires. * 522 * Devoir travailler avec un type aussi excentrique te gêne un peu. Tu déclines gentiment son offre, en lui expliquant que tu n’auras pas le temps. Tu ajoutes que la création culturelle foisonnante et haute-spherienne n’est pas ton occupation préférée. Il est un peu déçu, mais n'insiste pas. Tu le réconfortes en lui assurant que tu aimerais tout de même garder contact avec lui, car c'est un personnage intéressant et très gentil. Tu rentres tout simplement chez toi. Ce fut une belle exposition, mais tu préfères te consacrer pleinement à ton stage et à ton avenir professionnel. Va en 502. * 523 * L'espace infini, piqueté d'étoiles s'étend dans toutes les directions. Tu flottes au milieu du vide. Face à toi, la planète bleue. Elle n'est pas si gigantesque que ça. Une myriade de points minuscules partent de certains pays, et s'approchent de toi. Ils se rassemblent pour former un visage. « Je suis Inaë, déesse de la mer. Sers-moi à quelque chose. » Tu te réveilles, les yeux collants et la gorge asséchée par la soif. Encore un rêve incompréhensible. Tu regardes ta pendule : oups. treize heure du matin. Tu t'habilles en 2 minutes et tu pars à toute vitesse chez Yabon. Tes collègues se moquent gentiment de ton retard. Tu t'éclipses discrètement vers la machine à café, pour finaliser ton émergement dans le monde réel. Et là, sur le présentoir de magazines inintéressants, reposent des prospectus décrivant les actions d'Inaë, une ONG qui lutte contre la faim dans le monde. Son principal projet consiste à construire un thon-line : un pipe-line transportant du thon, entre l'Afrique de l'Est et l'Angleterre. Il leur faut des dons, et ils recherchent également des personnes prêtes à se faire embaucher à un salaire très bas, pour servir une noble cause. Voilà un combat qui te touche. Tu ne peux t'empêcher de te demander pour quelle raison véritable tu travailles actuellement chez Yabon : une entreprise faite par des riches pour des riches, qui veulent entretenir leur puérile libido gastronomique en bâfrant des confiseries superficielles et ridicules. Saut à suivre pendant que tu te renseignes plus précisément sur Inaë, et que tu pèses le pour et le contre de ta décision. Quelques mois plus tard, tu as donné ta démission à Yabon et tu es embauchée comme ingénieuse responsable de l'étanchéité du thon-line. Tu as un salaire de misère mais ta bonne conscience est heureuse et elle grandit petit à petit. Saut à suivre de quelques années. Tu ouvres une vanne et de la nourriture se déverse dans une marmite. Des centaines de personnes hurlent leur joie et dansent autour de toi. Tu es portée en triomphe jusqu'à la place du village et le festin d'inauguration est donné en ton honneur. le soulagement et la félicité sont palpables. Un marabout vient t'offrir des cadeaux chargés de sens et de magie mystique. Tu le remercies chaleureusement, et tu en profites pour lui dire que la culture africaine est magnifique et immensément riche, mais qu'il est parfois bénéfique de ne pas tout transmettre au générations futures, en particulier certains aspects inutiles et brutaux, comme l'excision. Il te promet de réfléchir sérieusement à la question. Saut à suivre d'encore quelques années. Tu travailles toujours pour Inaë, sur une foule de nouveaux projets : un water-line vers le Sahara, un choucroute-line de l'Allemagne vers la Russie, un sushi-line du Japon vers le la Mongolie, un vin-rouge-line de la France vers l'Amérique. Bientôt la nourriture sillonnera la planète pour le bien de chacun, et même si tu n'es qu'une toute petite ingénieuse qui ne vient apporter qu'une minuscule goutte d'eau à l'envergure démesurée de cette tâche, cela fait de toi une héroïne. Voilà, c'est donc là qu'était ton destin, chère Sandrine. Tu peux maintenant aller au dernier paragraphe, à la fin de l'histoire, pour avoir quelques détails supplémentaires sur ce magnifique récit à construire soi-même. * 524 * Ca n’as pas l’air de fonctionner. Tu te sens un peu confuse devant cette cuillère d’une normalité affligeante. Tu regarde Iris d’un air désolé. « Ce n'est pas grave Sandrine. Tu as fait de ton mieux et tu n'as rien à te reprocher. Je te présente toutes mes excuses pour t'avoir dérangée. Oublie cette histoire idiote, Anne-Cinet va te raccompagner dans la boîte de nuit. Vous remontez les escaliers toutes les deux. Anne-Cinet t'explique que ce n'est pas toi l'élue, mais tu n'as pas à t'en préoccuper. La vie continue, l’amusement est de mise aujourd’hui. Vous revenez sur la piste de danse et vous bougez votre corps sur des musiques électriques, comme il se doit. Quelques lesbiennes vous draguent, ce qui flatte gentiment vos egos. Finalement, vous rentrez chez vous. Tu n'entendras plus jamais parler de matrisque, de lapin vert ou de cuillère. Tu t'écroules sur ton lit, épuisée. Va en 523. * 525 * Le lendemain, tu montres à l'Indien les différentes machines permettant de plier, tordre, rouler et emberlificoter les tuyaux. « Quel genre d'objet voudrais-tu créer ? - J'ai besoin de fabriquer une coupe. - Parfait. Les machines à découper sont par-ici. - Sandrine, des fois je me demande où est ton cerveau. Je parlais d'une coupe en tant que récompense. Une médaille, une coupe, tu comprends ? - Oups. Excuse-moi. Et quel en serait l'intérêt ? - Je veux provoquer un happening. Je compte organiser le concours de la plus belle coupe du monde. Et à cette occasion, je remettrais la « coupe du monde de la plus belle coupe du monde. » - C’est amusant. Il y a beaucoup de participants qui se sont déjà inscrits ? - En fait ça n'existe pas vraiment. Je vais proposer la coupe que nous allons fabriquer à ce concours que j'organise et dont je suis le seul candidat. Et ensuite, je le remporterais et je gagnerais cette même coupe ! - C'est absurde et ça n'a ni queue ni tête. - Exactement. C'est pour dénoncer la montée de narcissisme, d'auto-proclamation et de mégalomanie inhérente à notre époque. C'est également pour montrer que les « champions du monde » d'un sport ou d'une compétition quelconque ne le sont pas vraiment. Ils se sont battus contre plusieurs personnes, ou plusieurs équipes, mais jamais contre le monde entier. On est « champion de tous ceux qui ont voulu ou ont pu participer », on n'est pas « champion du monde ». - Intéressant. Mais pourquoi faire cette coupe avec des tuyaux ? - Juste pour le côté esthétique. J'ai quelques idées de formes amusantes réalisables avec ce type de matériau, et je pense que tu pourrais m'aider. Je suis sûr que tu as une certaine ferveur artistique dans tes yeux et dans tes gestes. » Vous vous mettez au travail et essayez de produire une silhouette harmonieuse et multiple à partir de métal manufacturé et inerte. Les machines fument et crachent de l'effort. Si tu as 5 ou plus dans la caractéristique imagination, va en 515 sinon, va en 508. * 526 * Cette lettre est si vraie, elle semble transparente tellement elle parvient à décrire les sentiments de cet homme. Tu le connais et tu le comprends, ça ne peut pas être quelqu’un d’autre. Tu sors de ta chambre et tu viens frapper doucement à sa porte. Il ouvre, te regarde avec ses yeux en amandes. Tu avances tes doigts et tu le touches. Vous vous faites de tout petits bisous à de tout petits endroits du corps : le front, la joue, le bras... C'est la même intensité de présent que dans une scène de film. Aucun de vous deux ne s'attendait à quelque chose de ce genre. Bien sur, vous vous finissez au lit, entourés par la multicolorité des toutes petites fleurs. Et cette exposition en Sibérie Orientale devient une copie certifiée conforme du paradis. Tout passe si vite que tu as l’impression que vous n’avez même pas eu le temps de faire l'amour autant de fois que vous auriez aimé. Saut à suivre sur quelques années, le temps confirme que c'est bien l'homme de ta vie. Vous continuez à faire des œuvres d’art bizarres, choquantes, grotesque ou psychédéliques, pour faire vibrer les gens et leur faire ressentir ce qu’il se passe autour d’eux. Cependant, tu te rends compte que tes créations n'évoluent pas beaucoup. Ton travail n'est admiré que par une catégorie restreinte de personnes, et à la longue, tu n'échanges plus d'idées nouvelles avec eux. L'envie d'art n'est pas innée. Les livres, le théâtre, les musées, les bandes dessinées, etc. n'intéressent pas tout le monde. Bien sûr, il existe d'autres formes d'art plus facile à appréhender, comme les chansons de variétés, mais les messages qu'elles véhiculent sont un peu répétitifs, voire creux. Tu aimerais pouvoir jeter et imposer de la matière à faire réfléchir, en plein dans les yeux de l'humanité. De la même façon que la publicité se jette aux yeux et aux oreilles de la population pour faire acheter. Pendant ce temps, dans le Monde des Idées, des particules associatives de Haha traversent l'éther à une vitesse fulgudroyante. Elles rebondissent contre des âmes non-réceptives, et se cognent contre des modèles d'objets. Est-ce la chance résiduelle ou une quelconque force inconnue qui les fait se diriger vers toi ? Tu l'ignores, toujours est-il qu'elles viennent frapper ton âme de plein fouet. Des étincelles jaillissent. Immédiatement, les particules agissent telle une drogue stimulante. Ton organe imaginatif, qui jusque là fonctionnait au repos, attrape fébrilement le premier modèle d'objet qui flottait aux alentours. Ton organe mémoriel en attrape un autre, le premier qu'il trouve dans ses réserves. Une mélasse se crée, un nouveau concept est sur le point de naître. Haha ! Mais oui ! Comment n'y as-tu pas pensé plus tôt ! Il suffit d'associer les antennes de télé et la sculpture ! Les antennes avec leurs formes étranges, biscornues et torturables à l'infini sont des oeuvres d'art potentielles, et par ailleurs, elles sont exposés à la vue de tout le monde. Peut-être que des « antennes-sculptures » offriraient, à toi et au monde, des horizons spirituels inconnus. Tu te mets immédiatement au travail avec L'Indien, saut à suivre de plusieurs mois, quelques amis acceptent d'installer sur leur toit tes nouvelles oeuvres, et bientôt de jolis et troublantes antennes de télé ornent la ville. L'effet boule de neige se déclenche, combiné avec un effet de glamour-tendance. Des personnes célèbres viennent alors frapper à ta porte pour commander une antenne qui correspondrait à leur personnalité : Nolwoana la sulfureuse catin d'harmonie, Rachel Zizouye la journaliste-photographe, Frediflan Tomarouakk le prix Nobel de physique, Michel Houellebecq qui, inévitablement, en demande une en forme de vagin, etc. Ainsi, grâce à toi, un petit surplus de culture et de réflexion se tachedhuile sur la planète. Tu t'enrichis de rencontres et de dialogues avec de nombreuses âmes différentes. Tu vis un amour ivre et fusionnel avec ton Indien. Tu n'es pas du tout devenu une plombière-zingueuse-lavaboteuse mais ton existence est joyeuse, comblée et constructive. Les humains, dans l'ensemble, te remercient d'avoir choisi cette voie. Voilà. Ton aventure s'est réalisée. Tu peux maintenant aller au dernier paragraphe, à la fin de l'histoire, pour avoir quelques détails supplémentaires. * 527 * Vous vous retrouvez à l’entrée de l’Enfer Privé. Elle te montre son tatouage, il s’agit d’un joli lapin de couleur verte, qui mange des carottes violettes. Bizarre. Mais, tu n’en es plus à un mystère prêt. Vous pénétrez dans ce temple de la dégénérescence ludique nocturne, en laissant au vestiaire votre logique et votre cohérence. Dans ce lieu de culte voué à la déchéance musicale, le nouma-nouma-yè et le poum-tchac sont de rigueur. Des créatures éblouissantes de beauté lubrique sont payées pour s'exhiber sur les bars, en tenues peu existantes. La crème chantilly coule à flot sur leurs formes caricaturales, qu'elles s'empressent de lécher avec une sensualité exhaustive. Lesbiennes, drag-queens, transsexuels, toutes les colorations possibles sont présentes. Sur le dènce-flore, dans un délire de flashs et de lasers, une quantité inimaginables de membres compulsifs s'agitent au rythme assourdissant des martèlements d'une musique primale. Dans l'atmosphère trouble et étouffante, les corps se secouent en spasmes frénétiques et mélangent leurs sueurs. Tu t'enfonces au milieu de ce vivier, tu danses en te laissant légèrement effleurer par des chaleurs onduloyantes. Orgie de sensations crues où l'esprit s'abandonne. Bienvenue à l'asile, mais c'est si bon. Alors que tu t'apprêtais à t'oublier totalement dans une transe extatique, Anne-Cinet te prend par la main, et te murmhurle dans le creux de l’oreille : « - La ressens-tu ? Elle est partout. Le monde réel n’est pas réellement le monde réel. - Pardon ? J'ai déjà entendu ça quelque part. C'est encore un de tes délires ? - Non. Je parle de la matrisque. - Qu'est-ce à dire ? - Tu le découvriras peut-être, si tu es l’élue. Viens, je vais te présenter à l’Oracle. » Elle t'emmène près du bar. Vous allez derrière le comptoir. Le barman vous regarde d'un hochement averti et vous laisse passer. Anne-Cinet ouvre une trappe secrète donnant accès à des escaliers. Ils semblent serpenter jusqu'aux entrailles de l'enfer. Tu suis ton amie, en comprenant de moins en moins ce qui t'arrive. Elle t’explique que le monde qui t’entoure n’est pas le monde réel, mais une gigantesque matrisque, et qu’il faut trouver l’élue qui permettra de réveiller l’humanité. Après que la descente t'ai semblé infinie et qu'elle t'ait suffisamment oppressée, celle-ci se permet de te faire aboutir dans une pièce exiguë ayant l'air d'une salle d'attente. Au milieu se tient une petite fille d'environ 4 ans, qui joue avec des cuillères. Elle relève la tête et s'adresse à toi. « - Bonjour. Je remplace l’Oracle, qui est en cure de désintoxication de biscuits. Je m’appelle Iris. Et ne t’en fais pas pour le vase. - De quelle vase parles-tu, Iris ? » En posant cette question, tu envoies un grand revers du coude dans un précieux vase Ming que tu n'avais pas vu. Il se fracasse par terre. Iris te regarde avec un air amusée. « - Ce vase là… - Est-ce que je l’aurais fait tomber même si tu ne m’avais pas prévenue ? - A ton avis ? Est-ce que je t'aurais prévenue si tu n’allais pas le faire tomber ? - Euh… Mais, imagine que je sois entrée et que tu ne m'aies rien dit, est-ce que… - Ta question est absurde. Le fait d’imaginer que je ne t’ai rien dit ne va rien changer à ce qui s’est passé. Je t’ai, de toutes façons, dit quelque chose. Et tu as, de toutes façons, cassé ce vase. - Oui, mais… Et si il n’y avait pas eu de vase du tout ? Que ce serait-il passé ? - C’est sans importance. Qu’il y ait eu un vase avant où qu’il n’y en ait pas eu, le résultat est le même : maintenant, il n’y en a plus. - Bon... D'accord... Que suis-je censée faire ici ? - On va simplement te tester pour savoir si tu es l’élue. Oh, pendant que j’y suis, ne t’en fais pas pour ce service en porcelaine de 12 tasses et cette carafe d'eau en cristal. » Tu te figes sur place, tu n’oses plus esquisser le moindre geste. Tu regardes timidement autour de toi, mais tu ne vois rien de fragile. «  - Je plaisantais Sandrine ! Tu peux faire tous les mouvements que tu veux, tu as cassé tout ce que tu avais à casser aujourd’hui. - Voilà une blague qui m'a fait plus peur que rire. Bon, bref. En quoi consiste le test ? - Voici une cuillère. Regarde. » Devant tes yeux ébahis, la cuillère se tord toute seule et donne l'impression de danser la Macarena. Iris te la donne, et te demande de faire pareil. En voyant ton regard de bovin interrogatif, elle éclate de rire et consent à t’expliquer plus en détail. «  La cuillère n’existe pas. Enfin si, mais pas de manière logique. Elle existe de manière stupide, un peu comme ce monde qui t’entoure. Tout ici, n’est qu'absurdités. Franchement, réfléchis un peu à ce que tu as déjà vécu : enrober du camembert avec du chocolat, rencontrer un mendiant qui va dans des soirées people ! Tout cela n’a pas de justification décente ! On ignore pourquoi notre univers ne peut s'empêcher de faire n'importe quoi, certains disent que celui qui l'a créé est complètement idiot. En tout cas, c'est ce qui nous permet d'avoir tous les pouvoirs, puisque rien n'est cohérent. Tu peux donc déformer cette cuillère comme tu le souhaites. Vas-y. » Tu n'es pas sûre de réaliser ce qu’elle te dit. Mais si tu penses très fort que la cuillère est en guimauve, peut-être s’affaissera-t-elle toute seule. Pour essayer, va en 507. A moins qu'il faille se concentrer, non pas sur la cuillère, mais sur le reflet qu’elle te renvoie. Une image est plus facile à tordre que du métal. Pour tenter cette solution, va en 506. Si les propos abracadabrantesques de cette gamine t’agace, tu peux prendre la cuillère, et la tordre avec tes mains. Après tu remonteras les escaliers pour continuer ce que tu étais venue faire au départ : danser dans une boîte de nuit. Dans ce cas, va en 519. * 528 * L'univers abandonne la lutte, et, conformément à la nouvelle version de logique que tu viens de mettre en place, la cuillère devient toute molle. Elle retombe sur ta main, et tes doigts sont tout poisseux de pâte sucrée. Tu les lèches avec un air triomphant. Iris est très satisfaite par ton exploit. Tu es bien l'élue et tu es vouée à un destin sans précédent. Elle te demande d'aller dans la pièce à côté avec Anne-Cinet, pour avoir l'explication détaillée de ce qu'est la matrisque. Va en 510. * 529 * Sandrine repose le couteau. « Que dois-je faire maintenant ? - Je ne sais pas trop, Sandrine. Comme je me suis permis d'influencer l'histoire, elle est un peu en miettes. - Que vais-je vivre après ? Que va-t-il se passer ? - Je donne l'explication à la personne qui me lit et tu vas l'entendre en même temps. - Je t'écoute. - Aimerais-tu être totalement libre Sandrine ? Voguer dans le Monde des Idées au gré du flot des âmes. Je me suis un peu énervé tout à l'heure, car j'en avais besoin. Cependant, mes propres folies et mes désirs de vengeance sont moins important que le concept d'Art Libre. Personne qui me lit, je vous ai donné un léger contrôle sur mon héroïne. Que diriez-vous de la diriger entièrement ? Vous avez le droit de prendre ce livre, de le modifier, d'ajouter des paragraphes. Je vous laisse tout le pouvoir. Inventez une fin meilleure que celle-ci pour Sandrine. Trouvez-lui une vraie existence. Oh bien sûr, ce que je propose ici n'a rien de très original. Internet foisonne de projets d'écriture commune. Mais celui-ci a une légère particularité. Puisque c'est une histoire dont vous êtes l'héroïne, il vous est bien plus facile d'ajouter des « modules » à l'existant. Avec vous, Sandrine va étendre des tentacules de récit, elle partira explorer le Monde des Idées, pour en dresser une cartographie, certes infinitésimale, mais malgré tout conséquente. Avec vous, Sandrine sera libre. Vous pouvez aller au dernier paragraphe, à la fin du texte. Mais ce ne sera pas la dernière chose que vous ferez avec cette oeuvre. Personne qui me lit, devenez la personne qui écrit. * 530 * Tu allais tirer la chasse pour une dernière vérification, quand tu vois une ombre violette se faufiler discrètement dans les couloirs. Tu reconnais facilement le gros pull mauve torsadé moche de monsieur Cohrnazze, un des scientifiques du centre. Il a dû oublier quelque chose en partant. Tiens, pourquoi ne pas lui faire une bonne farce ? Tu décides de le filer, et dès qu'il se retournera, tu lui hurleras dans l'oreille un tonitruant « COUCOU !! ». Juste pour voir sa réaction. Cependant, tu abandonnes bien vite l’idée de cette blague idiote, car la situation prend un tour plus inquiétant. Monsieur Cohrnazze traverse un dédale de couloirs que tu connais mal, il s'arrête devant une bibliothèque, tire sur un livre, et une porte dérobée se révèle ! Il s'y engouffre. Elle se referme. Tes mains tremblent et ton coeur bat à tout rompre, mais la curiosité reste la plus forte. Tu as repéré le livre permettant de déclencher le mécanisme. Il s'intitule « Résumés Fragmentaires » et a été écrit par la Communauté des Rôtis rôtis. A ton tour, tu ouvres le passage et tu t'y engages. Tu arrives dans une salle criardement éclairée. Tu la parcours du regard, elle comporte plusieurs appareils que tu ne reconnais pas. Soudain, tes yeux glacent d'effroi l'ensemble de ton corps. Au fond de la pièce trônent cinq grands bacs de formol, contenant chacun d'eux une Habiba. Ce malade réalise d'horribles expériences secrètes sur le clonage ! Médusée par cette vision, tu n'as pas le réflexe de te cacher. Monsieur Cohrnazze t'a vu arriver et se précipite vers toi. Comme il sait qu'il est chétif et malingre et qu'il aurait peu de chances de te vaincre dans un combat physique, il tente de négocier. « Sandrine, laisse moi t'expliquer. Je ne suis pas en train de réaliser des actes répugnants et barbares. J'oeuvre pour le monde, pour la science. - Non ! Vous êtes un affreux personnage. Vous êtes en train de jouer à Dieu. - Et alors ? Dieu joue bien avec nous. Il s'amuse même à tuer nos plus brillants éléments. Mais bientôt nous pourrons contrer sa fatalité. - Que voulez-vous dire ? Quelle fatalité ? - Imaginons que vienne au monde une personne extraordinairement intelligente. Elle commence à travailler et à exceller dans un domaine, la science par exemple. Elle est destinée à un avenir radieux. Malheureusement, un stupide accident de voiture la tue bien trop tôt. Et l'humanité manque de gagner des années d'avancées technologiques. Nous allons maintenant pouvoir éviter cela. - Vous voulez dire que vous vous permettriez de cloner les personnes ayant un potentiel prometteur, pour en profiter pleinement ? - Exactement. Et je ne parle pas que de la science, il y a aussi l'art, la société, le sport, absolument tout ! De plus, en clonant une personne dont on connaît déjà les capacités et le domaine de prédilection, il nous sera possible de lui donner une éducation plus ciblée, afin de décupler sa contribution et ses découvertes. - Qu'est-ce qui vous prouve que le clone sera aussi bon que l'original ? Si vous le mettez dans des conditions différentes, peut-être que certains déclics ne se produiront pas, et vous vous retrouverez avec quelqu'un de tout à fait commun. - C'est une possibilité. Mais il nous faut essayer tout de même. Imaginez Sandrine ! Non seulement nous ne perdrons plus nos Mozart, nos Marie Curie, ou nos Einstein, mais nous pourrons offrir à l'univers des super-Mozart, des super-Marie Curie et des super-Einstein. - Et si tout rate, nous nous retrouverons avec des super-Hitler et des super-Landru. - Il suffira de faire très attention en décidant qui cloner. Et éventuellement de garder une légère surveillance sur eux, tout en laissant leurs talents s'exprimer librement. - Oh mais vous abordez un sujet intéressant. Qui décidera des personnes méritant d'être clonées ? Vous, je suppose ? - Non pas forcément. Il faudrait créer un organisme spécifique, une sorte de « Bureau du Clonage », qui pourrait être dirigé par l'Etat, ou une quelconque O.N.G. internationale. J’ai bien conscience que ce pouvoir ne doit pas être laissé en n'importe quelle main. Il faut maintenir des restrictions sérieuses, par exemple, ne jamais cloner plus d'une fois la même personne - Même avec ces précautions, comment allez-vous empêcher un quelconque déviant mental de se construire un laboratoire secret et de cloner des milliers de soldats qui mettront la Terre à feu et à sang ? - Mais peut-être que grâce à l'accélération des avancées humaines amenée par le clonage, ce genre de psychopathe n'existera plus jamais, car le monde sera devenu un paradis où il fait bon vivre. Et même si ce n'est pas le cas, le clonage n'est qu'un outil, qu'il est possible d'utiliser en bien ou en mal. Un marteau peut vous fracasser le crâne, ou construire une maison. L'électricité peut vous griller, mais aussi vous éclairer. Il en a toujours été ainsi de la science, et personne ne peut empêcher sa progression. - Je comprends. Mais si vos intentions sont si nobles, pourquoi vous cachez-vous pour vos expériences ? - Parce que les gens ne sont pas encore prêts. Dans quelques décennies, quand les esprits auront évolués, je pourrais lancer mon travail à la face du grand jour. Je peux attendre, je suis patient. - Je n’en doute pas. Au fait, pourquoi avez-vous cloné Habiba ? A-t-elle un potentiel hors normes ? - Oh j'aurais pu prendre n'importe qui d'autre, c'est juste une question de goût personnel. Ne trouvez-vous pas cette femme rayonnante ? L'harmonie de son corps, ses jolies rondeurs, la simplicité pure de son visage, ses yeux Mmmmmhh. Sa vision me donne de la force, elle m'insuffle une fraîche beauté au milieu de la rigueur de mon sacerdoce. » Tu laisses ton esprit jouer avec les objectifs de monsieur Cohrnazze. Tu sais que tu n’es pas aussi folle que lui, et pourtant tu te surprends à caresser ses idées du bout de ta réflexion. Où as-tu donc rangé les arguments prouvant que le clonage humain est vraiment totalement inhumain et impensable ? Si tu penses que sa vision du monde futur est intéressante, et qu'elle peut être bénéfique pour la société, à condition de l'appliquer sans précipitation, va en 521. Au contraire, si tu es persuadée qu'il faut immédiatement arrêter ce scientifique déséquilibré avant qu'il ne provoque des copies de catastrophes, va en 516. Sous-partie 4 – 3 : Ingénieurs et alcool de kiwi * 600 * Un projectile gluant fuse à quelques centimètres de ton visage, pour s'écraser au sol en une tâche poisseuse. Flambi au caramel. Tu déplaces ta tête et évite de justesse une bordée de céréales trempée de lait. Une centaine de gesticulants hurluberlus se lancent de la nourriture. Il est 8 heures du matin. Hier tu t'étais endormie un peu inquiète et tu as fais un mauvais rêve. Une créature horrible, glaciale, se promenait avec des cadavres sur son corps. Tu surveillais les radars d'une tour de contrôle, tu ne détectais rien de plus qu'un avion et ses passagers. Et tu la voyais s'approcher dans la nuit noire, inexorablement. Puis les indigènes locaux t'ont réveillé et t'ont proposé de venir à cette petite fête. Tu n'es pas la seule à te demander dans quel asile tu es atterri. Tu échanges des regards décontenancés avec les autres invités. L'orage semble se calmer. Quelques dernières gouttes de café pleuvent sur ta table. Des personnes tentent de ramener un semblant d'ordre. Tu peux reprendre à peu près tranquillement ton repas. Tout le monde est habillé en boucher ou en animal. Toi-même, on t'as remis une toque et un tablier. Tu as l'impression de vivre un film des Monthy Pythons. Une vache et un cochon passent à côté de toi en sautillant sur leurs chaises. Ils font une course. Un grand gaillard, les vêtements maculés d'encre rouge, vient s'asseoir lourdement en face de toi. D'un mouvement un peu hasardeux, il pose avec fracas son hachoir en plastique sur la table. Ses yeux s'ouvrent par intermittence. « Salut. Moi c'est Bar. - Enchanté. Sandrine Tugu. - T'as un surnom ? - Non. Je suppose que je devrais. - On t'appelleras “L'hiver“, ça te va ? - Est-ce que c'est une sorte de jeux de mot ? “Tugu L'hiver“. “Gulliver“. Ca me convient, j'ai toujours aimé les voyages ! - Gnein ? Ah j'avais pas du tout pensé à ça. Tiens c'est marrant cette idée de faire des surnoms à partir des noms. Je m'en resservirais. J'ai dit ça parce que tu sembles vraiment unique, comme un flocon de neige. Et puis tu as cet air mystérieux, avec tes yeux bleus très clair et tes cheveux si noirs. Tu me fais penser à une nuit d’hiver, j'ai toujours trouvé cette saison très belle. Tout à l’air différent, un peu caché, calme, apaisant. - T'es sûr que tu te sens bien ? - Je suis juste pas mal saoul, sinon ça va. - Mais c'est un petit déjeuner ! - Pour moi il est 32 heures du soir. J'ai pas dormi, on a passé toute la nuit à ranger et nettoyer la soirée d'hier. - Ah d'accord. Sans vouloir te déranger, je préférerais m'appeler “Neige“ plutôt que “L'Hiver“. Je trouve ça plus joli. - Pas de problème. Bouge pas, je vais te baptiser. » Il sort un gros marqueur noir de sa poche et écrit ton nouveau surnom sur ton tablier de bouchère. « Merci bien Bar. Au fait, pourquoi doit-on avoir un surnom ? - Les nouveaux arrivants en reçoivent un. C'est une tradition de l'école, qui existe depuis sa création. - Ca n'est pas suffisant comme raison. Certaines traditions sont absurdes et doivent être supprimées de la meilleure manière possible. Je pourrais te donner un exemple assez extrême : l'excision en Afrique. - Avant tu étais chez tes parents et tu étais une gentille petite lycéenne. Maintenant tu es ici. Tout change, tu rencontres d'autres personnes, tu te trouves d'autres buts et d'autres opportunités, des choses à apprendre, à découvrir. Je reconnais que tu ne dois pas occulter ta vie d'avant, mais pour ta nouvelle vie de maintenant, il te faut un nouveau nom. - Ah d'accord. Et toi, pourquoi t'appelles-tu Bar ? » Un type passe à côté de toi en nageant par terre et en hurlant : « JE SUIS UNE BALEINE GEANTE !!! » Ce faisant, il avale une gorgée de bière et la carchérise vers le plafond. Tu évalues qu'il doit être en troisième ou quatrième année. « Dès que je suis arrivé, j'ai aidé à tenir le bar de l'école. C'est tout. Maintenant j'en suis le responsable. Ca me prend du temps mais ça me plaît beaucoup. - A ce propos je voulais te demander : vous n'organisez que des beuveries et des fêtes ? Ou est-ce que je peux espérer trouver des activités un peu plus ... cérébrales ? - Dame oui bien sûr !! Nous en avons une moultitude. Tu peux faire du dessin, de la musique, des jeux de rôles, toutes sortes de sports, participer au concours de robotique, gagner de l'argent en donnant des cours particuliers à des lycéens, en récolter pour des associations caritatives, écrire des articles dans le journal des étudiants, organiser le gala et que sais-je encore. Je connais même quelqu'un qui va monter un club de sculpture, il a déjà fabriqué la statue d'un gars typique de l'école, avec une bouteille de Kiwirska à la main, et il regarde l'avenir au loin par delà les nuages. C'est très symbolique. - Une bouteille de Ki oui quoi ? » Le type qui faisait la baleine se met à hurler « FONTAINE DE YAOURT !!! » Immédiatement, l'un de ses camarades monte sur une table et lui verse, du plus haut possible, le contenu d'un yaourt. Il tente d'en avaler le plus possible mais ne réussit pas complètement. « Comment ? Tu ne connais donc pas encore notre boisson emblématique ? - Je n'étais pas à la soirée d'hier, je suis arrivée assez tard, j'ai juste eu le temps d'emménager dans ma chambre. Et ce matin, vous m'avez réveillée pour offrir le petit déjeuner. J'avoue que je viens à peine d'émerger dans cette fameuse “nouvelle vie“. - La Kiwirska, c'est de la bière aromatisée à l'alcool de Kiwi. On la fabrique nous-même, durant les travaux pratiques. C'est entièrement légal, le ministère de la drogue a donné une licence spéciale pour l'école. Tu veux goûter ? - Non merci, pas à cette heure de la journée. » Il sort une bouteille de son tablier, prend un manche de couteau et fait sauter la capsule avec. Elle s'envole en une courbe élégante pour retomber sur la tête d'une autre personne. Vous trinquez ensemble, lui avec sa bière et toi avec ton bol de lait. « A la tienne “Bar“. - A la tienne “Neige“. (Il est encore suffisamment sobre pour faire sonner les guillemets et la majuscule dans sa voix.) - Mais vous n'avez pas de décapsuleur ? - Si, mais c'est bien plus drôle de les plokchter. C'est une autre tradition. T'inquiète, on t'apprendra à le faire. Le secret c'est d'utiliser l'os de la main comme levier et d'y aller d'un coup sec. - Ca doit être génial. Sinon c'est normal la dizaine de mecs sur le bar qui chante en se mettant tout nu ? - Oui, on a aussi beaucoup de chansons paillardes. Celle-ci est particulière, à chaque couplet, il faut enlever un vêtement. Ca ne te choque pas trop j'espère ? - Je commence à me demander où je suis tombée. Mais je dois reconnaître que jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de bizutage à proprement parler. Simplement des gens qui font n'importe quoi. - C'est la règle. On ne force jamais les nouveaux à faire quoi que ce soit, et on ne les place pas dans des situations humiliantes. Mais on leur explique que ce serait très dommage pour eux-mêmes s'ils ne participaient pas aux fêtes et aux différentes activités de l'intégration. L'important est que les gens se rencontrent et fassent connaissance. - Il faut quand même reconnaître que vous êtes vraiment débiles. Je ne suis pas sûre de vouloir parler avec un type qui trouve ça chouette de se faire renverser du yaourt dessus. - Ici, on peut refaire son enfance. Nous sommes des futurs ingénieurs, mais nous sommes aussi des étudiants. Il faut savoir ne pas se prendre au sérieux. L'humilité. Les gens, et en particulier les employeurs n'aiment pas les personnes ayant la grosse tête à cause de leurs études prestigieuses. L'important est de choisir ses moments. Parfois tu devras être assidue et travailler tes cours. D'autres fois tu pourras prendre le temps de t'investir dans une activité qui te plaît. Et encore d'autres fois tu pourras faire la fête et t'amuser comme une folle. Si tu répartis bien les temps, tu peux vivre de fabuleuses années de vie étudiante. - Donc des fois vous êtes sérieux quand même. Ca me rassure. » Une trentaine de personne passent en sautillant, à la queue-leu-leu, tout en scandant une ritournelle sans aucun sens. - En tout cas, quel que soit l'existence que tu vas mener ici, tu t'apercevras qu'il y a une réelle cohésion entre nous tous. On se connaît, on est ensemble. Ici tu peux trouver de nouvelles façons d'être, te redécouvrir entièrement à travers le dialogue avec les autres, apprendre des facettes de ta personnalité qui étaient cachées. Comme dirait je ne sais plus qui : « En ces lieux chargés de vie, des héros sont nés, et sur ces murs, des légendes se sont gravées. » - La Kiwirska recommence à faire de l'effet. - Possible. J'ai parfois cette impression étrange qu'il y a un esprit dans cet endroit, une sorte d'être vivant immensément bienveillant, relié à chacun de nous, qui nous insufflerais du courage, des idées et une volonté de construire notre bonheur. C'est indéfinissable. Tu le ressentiras un jour ou l'autre. - Je l'espère. Sans vouloir changer de sujet, je crois que des gens t'appellent, à la table là-bas. - Ah oui. Ils cherchent du monde pour un concours d'inter-picole. Je te laisse Neige. Amuse-toi bien. A l'occasion, passe me voir au bar de l'école, il est ouvert tous les jours, j'y suis très souvent. Ah, et si tu veux faire l'amour, trouve-toi un mec à ton goût, tu as le choix ici. - Au plaisir de te revoir, cher Bar. Bonne chance pour tes inter-picoles. » Va en 605. * 601 * « Vous aussi vous l'avez ressenti ? Elle est là depuis une heure. Dans le Monde des Idées je ne vois qu'un petit enfant puéril et surdoué. Mais je ne cesse de faire vibrer mon âme au rythme de son magnétisme. Vous allez me trouver idiote, mais je n'ose pas lui parler. Il... enfin Elle... m'impressionne trop. - J'avoue ne pas avoir autant de sensibilité que vous aux émanations mystique. Peut-être parce que je ne suis pas prêtresse. Je peux aller la voir si vous voulez. » Tu t'approches de la femme au pantalon abricot. Elle a environ ton âge. Un peu maigre, mais très jolie de visage, les yeux noisettes et les cheveux bruns. Une broche représentant un tigre est agrafé sur son manteau. Tu t'assois à côté d'elle. « Bonjour, je suis Neige. - Enchanté. Moi c'est Zabelle. - Savez-vous exactement qui vous êtes ? - Je ne suis pas sûre d'être capable de comprendre votre question. A vrai dire, je me suis saoulé le foie hier en boîte, avec quelques amis. Ensuite il y eut une faille temporelle de soirée et je me suis réveillée dans un abribus. Alors je suis venue ici, pour me reposer et me réchauffer un peu avant de rentrer chez moi. Je suppose que mes amis sont dans le même état que moi, disséminés en divers endroits de la ville. - Amusante coïncidence, moi non plus je ne me suis pas ratée hier, éthyliquement parlant. En tout cas, ça tombe bien que tu sois encore un peu saoule. Ce que je vais t'expliquer est suffisamment bizarre pour qu'il faille de l'alcool dans le sang pour le comprendre. Accroche-toi à ta chaise. » Tu lui exposes alors la vision religieuse du Vicomte. « Voilà, tu sais tout Zabelle. Il est possible que se soit toi Déesse. C'est pourquoi j'aimerais savoir : As-tu réussi à réaliser tous les projets de ta vie avec une déconcertante facilité ? - Eh bien, mes années lycée ont été un peu chaotiques, j'étais nulle en maths. Ensuite j'ai fait HEC, puis une formation en Angleterre. Depuis trois ans je suis avec un garçon très bien, et l'amour vogue dans nos coeurs reliés. Tu dois avoir raison Neige, dans l'ensemble, ma vie se passe bien et je n'ai jamais vraiment eu à me plaindre. - C'est la preuve qu'il me fallait. Ce monde entier est pour toi, pour ton propre plaisir, car c'est toi qui l'a fait. - J'ai tout de même du mal à le croire. De plus, nous ne pourrons jamais en être totalement sûr, puisque, comme tu me l'as dit, j'aurais fait exprès d'oublier que je suis Déesse. - Les informations définissant ta divinité doivent être stockées quelque part dans ton esprit. Peut-être que si tu le fouilles tu trouveras des indices. Tu pourrais chercher, par exemple, quel est ton plus ancien souvenir. As-tu des images mentales de toi quand tu étais bébé ? - Oh justement. Je me rappelle d'un rêve très bizarre que j'ai fait quand j'étais toute petite. J'étais avec d'autres gens, devant une grosse boule bleue qui tournait. On discutait de la marche à suivre d'une chose que j'ai oublié. Désolé, c'est un peu confus. Le plus incompréhensible, c'est que déjà à l'époque, je savais très bien qui étaient les autres personnes. Il y avait en particulier Jean-Claude Vandamne, La reine d'Angleterre, Bill Gates, Mère Teresa, le chanteur de rap M&M's. Tous n'étaient pas forcément connus comme maintenant, mais je pouvais quand même les nommer. - Ce n'était pas un rêve. Cet événement s'est déroulé avant que tu naisses, entre deux de tes vies terrestres. Tu décidais des changements à opérer sur la planète, afin de la rendre plus divertissante pour toi. Ce qui est étonnant, c'est que tu n'étais pas seule. - L'univers n'est peut-être pas gouverné que par moi, mais par plusieurs divinités. Je me souviens également combien nous étions : 42. - Impressionnant !! Nous venons de trouver la réponse à l'une des questions les plus importantes pour l'humanité. « Combien y'a-t-il de Dieux et de Déesse ? » La réponse est 42. - Je ne sais plus trop quoi penser. Que me suggères-tu de faire, maintenant, Neige ? - Tu ne mesures absolument pas l'omniprésence de la souffrance et du désespoir sur Terre. Nous devrions parvenir à améliorer la situation, mais il faudra du temps et beaucoup de réflexion. Si tu veux, je te paye un kebab, on décuite tranquillement et on commence à en discuter. » Céline s'approche timidement de vous deux et demande si elle peut se joindre à vous. Tu es heureuse de voir qu'elle a finalement réussi à franchir le pas. Vous allez toutes les trois à la kebaberie « Le Lion Enroué » et vous refaites le monde autour d'une table. Sauf que cette fois-ci, ce sera vraiment utile. Saut à suivre de quelques années. Tu gardes contact avec Zabelle et Céline. Vous vous retrouvez souvent pour parler de tout et de rien, en cherchant des solutions pour minimiser la misère et le malheur qui sévissent sur le monde. Tu découvres qu'effectivement, les Dieux et les Déesses ne sont que des enfants qui veulent jouer, et qui n'ont pas vraiment pris conscience de ce qu'ils ont créé. Mais tu parviens à ouvrir les yeux à Zabelle, et tu as bon espoir qu'à son prochain voyage terrestre, le monde sera bien meilleur. Mais un jour, quelque chose de spécifiquement spécial et vaguement kafkaïen devait arriver. Va en 617. * 602 * C'est bien évidemment monsieur Fenimoche qui pose la première question. « Mademoiselle Tugu. Ne pensez-vous pas que l'écologie est, d'une certaine façon, contraire au développement normal de la nature et du darwinisme ? - J'ai peur de ne pas saisir ce que vous voulez dire. - C'est simple. Les espèces les plus fortes survivent et les plus faibles disparaissent. Si l'homme a réussi à se hisser en haut de l'évolution, il est normal qu'il ait quelques droits sur les animaux. Prenons par exemple les stupides mouches incapables de passer par une fenêtre et qui se cognent sur les vitres comme des salopes hystériques. Ne serait-ce pas rendre service à l'évolution que d'éradiquer ces sous-insectes dégénérés et inutiles ? - A mon humble avis, pour conserver la bio-diversité, il vaudrait mieux... - La bio-diversité !! mais qu'est-ce que j'en ai à carrer de ces insanités !! J'ai toujours détesté ce qui était bio. La bouffe bio dans les supermarchés c'est cher et répugnant !! - Je ne vois pas le rapport. Et sans un minimum d'écologie, vous n'aurez plus rien dans votre supermarché, bio ou pas. - Suce mon sexe ! Suce mon sexe jeune pétasse gauchiste du Vietnam ! Je vais racler ta petite gorge de gamine jusqu'à ce que tu t'étouffes dans tes renvois ! - Pardon ? Je ne vais pas vous traiter de pervers et de frustré, car vous savez déjà que vous en êtes un. Je ne peux rien faire de mieux que vous suggérez d'allez voir un psychologue, ou bien des prostitués. - Oui ! Vas-y! encore ! Tu m'excites, viande à trous ! Viens ça ! Tu vas aimer que je coule ta jolie frimousse lubrique dans du béton et que je te ménopause avec mon fer à souder ! - Nous sortons d'un entretien normal. Si l'enseignement dans le département Environnement se résume à ce genre d'impertinence, je préfère encore annuler ma candidature. » Nadia intervient alors dans la conversation. « Bien, nous allons en rester là. Nous voulions juste voir la façon dont vous réagiriez face à une personne qui serait totalement réfractaire à l'écologie. Veuillez nous excuser pour les propos désobligeants. - Drôle de façon de passer un entretien. - Ce n'est pas une idée à moi. En tout cas vous avez su répondre avec calme, sans pour autant vous démontez ni laisser faire. C'est rare. Soyez assurée que nous donnerons un avis favorable à votre sujet. - Je dois vous en remercier ? - Vous n'y êtes pas obligée. Vous recevrez la réponse concernant votre admission dans une semaine. » Tu quittes la salle sans même jeter un regard à monsieur Fenimoche. Quelques jours plus tard un courrier t'annonce que tu es acceptée. Ton coeur se remplit de joie et ton estomac d'alcool. Tu fais un doigt d'honneur mental à monsieur Fenimoche. Va en 608. * 603 * Durant les mois suivants, vous vous limitez à regarder la forêt évoluer et tenter de reprendre son équilibre. Des schtroumphoptères disparaissent, mais au moins l'écologie n'est pas plus troublée qu'elle ne l'est déjà. Tu te demandes de quelle manière ces préoccupantes instabilités non-naturelles vont pouvoir se résorber. Tu espères avoir pris la solution la moins stupide possible. Va en 611. * 604 * Inutile d'essayer d'aller en cours, tu ne servirais à rien. Tu donnes un coup de poing sur ton réveil, qui sonne désespérément depuis trois heures. Tu démarres l'un de tes épisode de South Park préféré, celui où il y a Kukrapok, et tu te laisses floconuager dans ton lit. Tu oublies cettes histoire absurde concernant Dieu. Le temps commence à se translater comme d'habitude. Va en 613. * 605 * Les jours qui suivent sont fortement mouvementées. Tu participes le plus possible aux multiples festivités de l'intégration : jeux de pistes, barbecue, journée d'utilité publique à nettoyer des parcs, sketchs débiles, énormément de soirées, etc. Le tout se clôture par un gigantesque week-end dans une ferme-auberge, avec encore d'autres activités : acro-branche, glissade sur bâche savonneuse, course de cochon, concours de traite de vaches, etc... Tu garderas un très bon souvenir de ces trois semaines. Elles créent l'un des moments les plus surréaliste et les plus étrange de toute ta vie. Avec les autres nouveaux, tu assimiles petit à petit cet univers et sa population. Par ailleurs, tu te trouves comme parrain un troisième année respectueux et gentil, surnommé Le Vicomte. Le parrain est une personne qui peut te donner des renseignements sur l'école et la vie étudiante, ainsi que les sujets d'examen des années passées. Cependant, il faut bien que les cours débutent un jour ou l'autre. Tu découvres alors un système d'unités de valeur légèrement aléatoire, une administration un tantinet chaotique, et des professeurs quelque peu décalés. Mais tu parviens très bien à t'adapter à ces particularités, ainsi qu'à te motiver et t'intéresser au travail scolaire. Tu n'oublies pas ce que Bar t'as dit, et tu prends soin de choisir tes moments. Des moments sérieux, des moments festifs, et des moments d'implication dans les associations. Progressivement, tu commences à toucher de ton âme cette atmosphère d'harmonie, d'échange, et d'enrichissement mutuel. Cette école constitue un endroit hors du temps, hors du monde. Elle est habitée par une paix et une folie intérieure. Tu es heureuse de réaliser tes études ici. Il faudrait des dizaines de pages pour raconter les événements, les personnes, les cours, les joies et les peines qui parsèmeront tes débuts à l'ENIRAK. Donc, saut à suivre de tes deux premières années. Il te faut maintenant sélectionner une spécialisation, et justifier ton choix durant un entretien avec des professeurs. Tu hésites entre deux possibilités. - Entrer dans le département principal de l'école : “Mécanique, Informatique et Distillerie“. Il s'agit d'une formation d'ingénieur généraliste, à laquelle s'ajoute les techniques de fabrication de la Kiwirska et autres boissons spiritueuses, ainsi que des cours de réalisation de cocktails et de négociation de licences d'alcools. L'entretien pour y être accepté n'est qu'une simple formalité. Si tu désires t'orienter dans cette voie, va en 618. - Essayer d'intégrer le département “Environnement, Ecosystème et Herbophilie“. Tu y apprendras comment organiser une entreprise pour qu'elle respecte l'écologie tout en continuant de réaliser des profits, comment faire le moins mal possible à la Terre, où va l'humanité, etc... Le nombre de place est plus limité et l'entretien plus difficile. Si tu décides d'y postuler, va en 609, sachant qu'au pire, tu pourras te rabattre sur l'autre département. * 606 * Haha ! Saut à suivre de quelques années. Tu t'es entourée de programmeurs et de graphistes, tous talentueux et bourrés de temps libre. Vous finalisez la première version stable de “Protein Power“ votre jeux vidéo en Flache, jouable par Internet. L'astuce, c'est que les joueurs pourront acheter des bonus et des vies supplémentaires, non pas avec de l'argent, mais avec des crédits BOINC. Ils payent en temps de calcul d'ordinateur, et non en monnaie. Appâtés par le plaisir de jouer, des milliers d'internautes s'inscriront en masse et contribueront à la Grande Quête Multiple avec leurs machines. Bien entendu, entre temps, tu as trouvé un vrai travail, car créer un jeu gratuit ne rapporte pas grand chose. Disons que tu es manageuse de chaînes de production de Kochersberg, à Sainte-Anne-Sur-Cpoilu. Et tu t'es trouvé un bel homme intelligent à marier. Mettons qu'il soit voyagiste-retoucheur. Un voyagiste-retoucheur part pour des destinations touristiques à la place d'autres personnes qui n'ont pas l'envie ou l'argent de le faire. Il prend énormément de photos, sur lesquelles il rajoute ensuite les images de ses clients, puis il leur revend le tout. Ainsi, ces personnes peuvent prétendre être des globe-trotters très tendances et grandement capable de repérer la moindre petite particule culturelle d'un lieu. Ils se servent de ces prétendus super-pouvoirs de super-touristes pour briller dans les soirées, et faire l'amour avec les conjoints ou conjointes de leurs amis. Pendant ce temps, dans la forêt des ouatemillions de protéines possibles (une zone très reculée du Monde des Idées), une équipe de robots se préparent à leurs activités coutumières. Depuis le temps qu'ils ont été assignés à ce travail, ils le maîtrisent sur le bout de leurs doigts mécaniques : défricher le lieu, lentement, assidûment. Repérer les séquences intéressantes, les classer et les répertorier. Ils sont sérieux, taciturnes, travaillent sans relâche, ne s'échangeant que les paroles nécessaires à leur tâche. Leur labeur est noble et emprunt de calme humilité. Soudain, des centaines de robots espiègles déboulent dans la forêt. Ils sautillent, chantent, rient, turbulent et papillonnent de-ci de-là. Ils se précipitent vers les autres robots avec des cris joyeux et leur expliquent qu'ils sont venus pour aider. Ceux-ci sont quelques peu étonnés par le comportement de ces tumultueux arrivants, mais ne se permettent pas la moindre remarque déplacée. Ils s'associent tous ensemble et commencent le défrichage par divers endroits. Dans les premiers instants, leurs actions sont assez désordonnées, car ils se connaissent mal. Mais petit à petit, l'organisation se crée. Des plaisanteries bon enfant fusent entre eux, tandis que le travail devient de plus en plus efficace. Des hectares entiers de forêt sont ainsi explorés. Au milieux d'un enchevêtramas d'acide aminés inutiles, un tout petit petit robot aperçoit une très jolie structure enturbillonnée sur elle-même. Il appelle ses amis à la rescousse, qui parvienne très vite à extraire l'objet. Il leur faut au moins deux microsecondes pour réaliser leur découverte : la Solution du Repliement Ultime !! Des hurlements de joie numérique résonnent dans la Forêt. Grâce à ton jeu vidéo, plusieurs projets du BOINC ont connu des avancées considérables, en particulier proteins@home, qui a permis de modéliser, oh félicité bonheuriale absolue ! : Le repliement de la Protéine Philosophale ! La Protéine Philosophale possède d'impressionnantes propriétés. Elle soigne de nombreuses maladies, fait grossir les seins et rend les testicules invulnérables aux presses-purées et autres instruments d'écrasement. Elle peut également faire pousser des plantes spéciales permettant de fabriquer, au choix : de la nourriture, du carburant ou de la drogue surpuissante sans aucune dépendance ni effet secondaire. Grâce à toi, l'humanité entre dans une ère de prospérité paradisiaque et utopique. Ton idée géniale te permet d'obtenir le prix Nobel du Jeu Vidéo. Ironie de l'histoire, c'est le microprocesseur d'un tamagotchi qui avait trouvé le premier la Protéine Philosophale. Voilà, ainsi est ton magnifique destin, chère Neige-Sandrine. Si tu trouves que la fin est un peu à l'eau de rose, tu peux toujours décider que vers 75 ans, tu t'auto-mutiles avec une pelle, car tu en auras eu assez de tout ce bonheur irréaliste. Et maintenant, tu peux aller lire le dernier paragraphe, à la fin du texte, pour avoir quelques détails en plus sur ce fabuleux livre. * 607 * Saut à suivre. Département Mécanique, Informatique et Distillerie. Ta vie se fleurit d'encore plus de fêtes et d'investissement dans les associations étudiantes. En fait les deux premières années sont légèrement difficiles, mais les trois suivantes sont une orgie romaine intégrale. Les professeurs sont tous fous et dévastés, certains donnent l'impression d'avoir respiré des vapeurs de mercure. Pour avoir un exemple de l'une de leurs blagues à sous-munitions, va au paragraphe 616. Mais tu n'es pas obligée. Tu acquiers tout de même des connaissances tangibles et cohérentes, tel que la fermentation de la Kiwirska. Par ailleurs tu t'occupes de l'association “Bières à travers le monde“, avec une soirée tous les mardis, au bar, où tout un chacun peut déguster moultes boissons houblonneuses aux noms inhabituels, importées de pays extraplanaires et merveilleux. Parfois, tu agrémentes l'événement par un thème de déguisement original et folklorique, afin d'en augmenter le capital surréaliste. Cette semaine, tu as choisis “prostituées et pasteurs“, et tu as l'intelligence de ne pas annuler ce dress-code au dernier moment ! L'ambiance générée par ces oripeaux contradictoires te rappelle un peu ton intégration, quand tout le monde était en boucher. Tu parcours la salle d'un air satisfait. L'esprit est là. Tu jettes un oeil vers le comptoir du bar. Celui-ci est en train de tenir le Vicomte avec difficulté. Malgré le fait que ton parrain soit totalement consumé par la boisson, il reste resplendissant dans son déguisement de moine. Il s'est confectionné une calvitie virtuelle en se rasant le haut du crâne. Tu ne peux résister à le féliciter pour une telle initiative. « Salut mon petit parrain !! Ta coiffure est splendide ! J'aime beaucoup ! - Hips !! Flouflou Sandrine ! Dis. Est-ce que je peux te demander quelque chose ? - Si ta question est : “Pourquoi mes pieds sont mouillés ?“ la réponse est : “‘Essaye de pencher ton verre dans l’autre sens jusqu’à ce qu’il soit le plus droit possible.“ - Ah ? Woups. Merci. En fait je voulais savoir si tu n'avais pas cette impression d'avoir toujours obtenu ce que tu voulais dans la vie, sans jamais trop d'efforts. - Euh... non, pas spécialement. Je reconnais être assez privilégiée par rapport à beaucoup de pauvres hères, mais j'ai quand même dû travailler. Et puis j'ai aussi raté des tas de choses, des occasions diverses. - Bon. Tant pis, ce n'est pas toi. - Qu'est-ce qui n'est pas moi ? - Dieu. Enfin là en l’occurrence, il faudrait plutôt dire “Déesse“. - Je ne comprends rien à ce que tu dis. Bien entendu, je m'y attendais, vu comme tu as l'air avoiné par l'alcool. Mais saurais-tu clarifier ta pensée, s'il te plaît ? - Attention ça va être long... Voilà, je possède mes propres concepts cosmogoniques. A mon avis, Dieu, ou Déesse, n'est pas l'être éthéré et omnipotent que l'on s'imagine. Et il n'est pas non plus un simple observateur de l'univers. En fait il a créé tout ceci comme un terrain de jeu personnel. De temps en temps, il descend sur Terre, sous forme humaine ou animale, et il s'amuse à vivre une vie fabuleuse, emplie de sensations agréables et picotantes. La subtilité, c'est que s'il garde ses pouvoirs, tous les défis qu'il rencontrera lui paraîtront simplistes et ennuyeux, il n'éprouvera jamais de doux sentiment de réussite joyeuse. Alors il vient ici en abandonnant momentanément son caractère divin, et surtout en oubliant qu'il est Dieu. Ainsi, il peut jouir de plaisirs purement terrestres, les mêmes que ceux que nous connaissons. - Amusant. Peut-être qu'actuellement, Dieu c'est monsieur Grouitch, notre professeur fou de statistiques. Ou alors c'est une levure de bière. - C'est possible mais il y a peu de chance. Car Dieu ne voudrait pas faire l'expérience d'une existence inintéressante et miséreuse. Donc il doit certainement conserver une toute petite partie de sa puissance, qui lui permet de réussir tout ce qu'il entreprend, quel que soit le domaine : professionnel, sentimental, artistique, etc. - Je vois, c'est pour cette raison que tu cherches une personne qui aurait comblé tous les aspects de sa vie, sans trop d'efforts. Quelqu'un qui aurait une chance incroyable, en somme. - Exactemusique. Sur ce, je me remet un coup de bière dans l’estomac. - Et si jamais tu rencontres Dieu, tu ferais quoi ? - Je suppose qu'entre deux de ses vies, il fait le point et optimise l'univers pour pouvoir éprouver encore plus de plaisir les fois suivantes. Le problème, c'est que certains détails, qui sont atrocement importants pour nous petits humains, sont insignifiants pour lui. Par exemple, les dérèglements psychologiques qui prolifèrent par surprise dans nos cerveaux, et qui peuvent nous faire aimer la violence gratuite et la torture. Les injustices qui naissent entre les peuples. La faim. L'humiliation dans certaines familles. Dieu n'a certainement pas besoin que le monde comporte autant d'horreurs. Je me demande même s'il ne serait pas l'équivalent divin d'un gamin de 8 ans, qui ne se rendrait compte de rien. - D'accord. Et le but serait de lui expliquer à quel point tant de choses vont mal, car il serait en mesure de les régler par une simple pensée. - Voilà tout à fait. Oh la vache, je sens pointer une envie de vomir. - Et concrètement, comment t'y prendrais-tu pour le trouver, ce Dieu gamin ? - Je ne sais pas. On pourrait imaginer qu'il possède une aura ou un magnétisme particulier, plus ou moins détectable. En tout cas, je ne vois pas d'autres solutions que le hasard d'une rencontre. Excuse-moi, je te laisse, je dois aller aux toilettes. » Tu continues la soirée avec d'autres gens, à boire, danser et discuter. Mais tu gardes dans un tiroir de ton esprit cette conversation bizarre, elle mérite réflexion. Trou festif inexpliqué. Tu reviens à la vie vers 11 heures du matin. Tu avais cours à 8 heures. Ce n'est pas grave, de toutes façons tu récupéreras les notes auprès de tes amis et tu photocopieras tout, une semaine avant l'examen final. Par expérience, tu sais que les lendemains de cuite sont toujours fructueux en terme d'émerveillement et d'exploration du Monde des Idées, car les rêves et l'état d'ébriété ont des effets cumulatifs. En cet instant magique, tu dois donc être plus réceptive à des influences diversement zuyouwyesques. Ne serait-ce pas l'occasion de se promener aléatoirement, dans les rues et sur les places, à la recherche de Dieu ? Si tu veux essayer, va en 612. Mais tu peux aussi rester tranquillement à buller dans ton lit, en lisant quelques bandes dessinées de Sillage ou en regardant des South Park en divX. Dans ce cas, va en 604. * 608 * Saut à suivre dans le département Environnement, Ecosystème et Herbophilie. Tu amasses des connaissances très instructives. Entre autres : - L’évolution qu’auraient pu avoir les espèces animales si les dinosaures existaient toujours. - Les conséquences géopolitiques de la sexualité de Bill Clinton. - Pourquoi les extra-terrestres se moqueraient de nous s'ils débarquaient. - Comment produire du carburant avec de la bouse de vache et de la litière pour chat réduite en poudre. - Pourquoi les flatulences des petits chiens sentent beaucoup plus que celles des gros chiens. - Comment utiliser la presse pour rendre ridicule des patrons charismatiques, dont l’entreprise ne respecte pas l’environnement. - Les techniques utilisées par les lobbys pour forcer le sénat et l’assemblée nationale à promulguer les lois les plus grotesque possibles. L'ambiance est top sympathique, tout le monde sont des hippies. Tu te sens bien et c'est ouetche. Saut à suivre pour ton premier stage, le plus à l'étranger que tu peux. En effet, tu rends hommage à ton surnom en allant au pôle nord, avec des climatologues-sculpteurs chargés de colmater les icebergs menaçant de se briser. Régulièrement, des stocks herculéens de glaçons arrivent par bateaux, vous les placez un par un dans les crevasses. Le tout est financé par le mécénat des Surgelés Picard. L'un des membres de l'équipe t'avoue qu'il ne mettra plus jamais de glace dans ses cocktails, car c'est un bien trop précieux. Tu découvres le peuple Inuit, des gens très simples et très sages. Ils le deviennent un peu moins quand tu leur fais goûter la Kiwirska. Tu espères ne pas trop avoir influencé leur mode de vie avec ton alcool. En tout cas, même en vivant dans ces contrées si froides, ils restent très chauds. Tu feras l'amour avec l'un d'eux. A ton retour, tu racontes ton périple à tes amis et ta famille. Tu dépenses très peu d'encre en imprimant tes photos numériques, puisque les paysages y sont achromes. Tu notes dans un grand carnet tous les mots Inuits pour dire « Neige », qui te font autant de surnoms. Tu es la Dame Aux Mille Noms. Saut à suivre à ta dernière année dans l'école, tu participes à l'organisation de l'intégration, pour que les petits nouveaux se sentent aussi bien que toi quand tu es arrivée au tout début. Tu t'assures tout de même qu'ils soient un peu choqués par divers aspects de la vie étudiante. Il faut secouer l'esprit des gens, de temps de temps. Saut à suivre à ton stage de fin d'études. L'idée amusante d'écrire tes voyages à la Tintin et Milou te vient à l'esprit. Tu es, cette fois-ci, en Amazonie, pour le compte de la PATATE : “Préservons les Animaux de la Terre Avec Tout notre Engagement“. Parmi les personnes déjà sur place, tu retrouves une certaine Marianna, qui avait fréquenté ton frère durant quelque temps. En la voyant, tu ressens une impression de nostalgie bizarre, te renvoyant à tes années lycée. Un géant de pierre. Vous vous échangez quelques nouvelles, elle en est heureuse. Ensuite, elle te montre les alentours. L'environnement impose son étrangeté et son irréalisme par tous les sens possibles. Des centaines de nuances de verts s’offrent à tes yeux dans un délire de feuilles, d’herbes et de lianes emmêlées. Des cris d'animaux que tu ne vois pas envahissent des plages entières d'octaves. Des dizaines de senteurs nouvelles agressent tes narines de façon multiple, tu n'arrives pas les séparer pour les identifier une à une. Tu es subjuguée par la beauté et l'impitoyabileté de ce puzzle naturel géant. Un gorille court après un ouistiti qui court après des oiseaux qui courent après des insectes qui piquent le gorille. Des papillons aux couleurs chatoyantes virevoltent entre les étages de végétation, des fourmis cannibales dévorent un cadavre de pécari, des plantes carnivorisent les fourmis cannibales, un gros animal poilu dont tu ignores le nom piétine les plantes, d'autres créatures étranges dont tu ne soupçonnais pas l'existence creusent des trous dans la terre. Des arbres de 40 mètres te regardent. Même si, en plusieurs centaines d'années ils n'ont jamais bougé, tu te doutes bien qu'ils en savent plus que toi sur l’essence intrinsèque de la vie. Toi qui as passé ton temps à voyager et à sillonner le monde. Dans ce paysage de rêve et de cauchemar, tu es perdue, petite et insignifiante. Paradis pour botaniste, asile de fous pour jardinier, luxuriance, touffusité, danger, beauté non durable, incertitude. Il pleut sur la forêt mais le soleil revient. Marianna t'explique en détail la situation et les raisons pour lesquelles ils ont besoin de ton aide. Il y a à peine quelques années, trois espèces animales parvenaient à vivre en osmose dans cette jungle. Les schtroumphoptères : des papillons de couleur bleue. On en distingue plusieurs sortes : les schtroumphoptères à lunettes, les grands schtroumphoptères, les schtroumphoptères grognon, etc. Les fourmiliers-caméléons, qui se nourrissent de schtroumphoptères. Ils peuvent en attraper plusieurs dizaines d'un seul coup, grâce à leur double langue-sniper téléscopique à visée rotationnelle. les téhachecés, une variété d'arbre. Leur pollen est très particulier, il rend les fourmiliers-caméléons euphoriques. Ceux-ci se mettent alors à sautiller partout en poussant des balbutiements aléatoires et en envoyant des coups de langues dans le vide. Il leur faut une bonne nuit de sommeil pour reprendre leurs esprits, et des maux de tête peuvent leur persister pendant toute la journée du lendemain. Les schtroumphoptères étant relativement intelligent pour des papillons, et en plus immunisés aux téhachecés, ils eurent la bonne idée de prendre l'habitude se cacher dans ces arbres. Ainsi chaque espèce parvenait à survivre, dans une cohabitation tout à fait courtoise. Malheureusement, l'équilibre a été rompu. L'homme a coupé beaucoup de téhachecés, pour faire du beurre magique avec la sève, et de l'assaisonnement à yaourt avec les feuilles. Les schtroumphoptères n'ont plus de lieu sûr pour se cacher, et ils commencent à se raréfier. Certaines sortes ont déjà disparus, comme le shtroumphoptère farceur, qui s'amusait à flatuler dans les narines des autres animaux, et le schtroumphissimoptère, aux splendides ailes décorées de jaune. Bien évidemment, les hommes ont prix conscience de cette erreur crasse et irrespectueuse beaucoup trop tard. Actuellement, des téhachecés sont replantés, mais ils sont très lent à pousser. Les schtroumphoptères risquent de s'éteindre totalement, viendront ensuite les fourmiliers-caméléons. La solution la plus simple aurait été de capturer quelques-uns de ces animaux, et de les remettre dans la nature une fois la situation totalement résolue. Mais ils resteraient trop longtemps en cage et finiraient par mourir, car ils ne se reproduisent pas en captivité. Irréfléchie pudeur. Tu passes plusieurs semaines à bien analyser tous les mécanismes du problème. Finalement, tu entrevois trois manières différentes d'agir. - Importer des papillons particulièrement stupides, qui ne penseront absolument pas à se cacher. Ainsi les fourmiliers-caméléons les mangeront en priorité, et laisseront les schtroumphoptères tranquille. Seulement il est difficile d'évaluer avec précision les conséquences à long terme d'une importation de nouvelle espèce. Cela provoquera peut-être d'autres problèmes, avec d'autres animaux. Pour adopter cette solution, va en 614. - Extrader des fourmiliers-caméléons, dans des zoos ou ailleurs, afin que les schtroumphoptères aient plus de chance de survivre. Seulement il faudra en prendre un nombre suffisant, sinon ton action sera négligeable. Si c'est ce que tu décides de faire, va en 619. - Tout simplement ne rien faire, et te contenter d'observer les changements futurs. Tu ne pourras pas empêcher d'autres sortes de schtroumphoptères de disparaître, mais tu es sûre de ne pas provoquer des problèmes encore pire. Dans ce cas, va en 603. * 609 * Inutile de redécrire la palpabilité du temps inhérente aux période de pré-entretien. Cela a déjà été fait. Donc saut à suivre et tu entres dans la salle. L'angoisse te déchire la gorge. Celui qui se tient devant toi est l'un des professeurs les plus odieux et les plus désagréables que tu ais jamais eu : Gilles-Claude-Bertrand-Renaud Fenimoche. Tu aimerais t'enfuir, ou le tuer. Ton coeur se réchauffe légèrement en réalisant que cet être abject ne sera pas la seule personne à te faire passer l'entretien. La secrétaire du département est également présente, la très belle Nadia aux formes rondes et féminines. Tu commences par leur expliquer tes motivations pour l'écologie, puis vient le moment fatidique des questions. Si tu as 5 ou plus en altruisme, va en 602, sinon va en 615. * 610 * « Oh Mademoiselle, mais Dieu est partout ! Vous êtes ici dans sa maison. Il se trouve dans chaque pierre, sur le dessin de chaque vitrail, Dieu est en chaque être vivant, sur le sourire craquelé de chaque petit vieillard, dans les rots de chaque adorable enfant, et surtout, Dieu est dans votre cœur ! Vous l’avez déjà trouvé. » Bon, ce doit être le genre de phrases toute faite qu'elle aime à réciter à la première occasion. Elle est très gentille mais ne peut pas vraiment t'aider. Tu la remercies poliment et tu t'en vas. Ce n'est pas ici que tu pourras trouver Dieu, d'ailleurs pourquoi serait-il dans une église plutôt qu'ailleurs ? Tu n'as plus trop le courage de continuer. Tu as perdu ta matinée pour une chimère et il te faudrait retourner chez toi maintenant. En sortant de l'église, tu te demandes si tu n'aurais pas du parler à la femme au pantalon abricot. Elle en savait peut être plus. Mais il est trop tard maintenant, et tu devrais te préoccuper de choses plus sérieuses. Réviser ton cours de culture générale sur la drogue à travers les âges, par exemple. Au moins, cette petite promenade aura eu un avantage, tu es totalement remise de ton alcoolisation de la veille. Dans les jours qui viennent, tu oublieras cette histoire absurde, et tu trouveras d'autres sujets de conversation avec le Vicomte, lors de vos discussions brouillardeuses. Va en 613. * 611 * L'inconvénient, c’est que tu ne pourras jamais savoir avec certitude si ta décision a été bonne pour la santé de la forêt amazonienne. La nature a une vision à très long terme, et une seule vie est insuffisante pour déterminer l’impact total de chaque événement. En discutant avec Marianna, tu te rends compte de l’ampleur de votre tâche. La plupart des actions détruisant la nature ont des conséquences assez rapide pour que les humains puissent s’en apercevoir. Bien sûr, pour la planète, ces actions s’enchaînent presque instantanément. Mais le temps nécessaire pour réparer les bêtises déjà commises sera très long, même du point de vue de la planète. Si tous les humains acceptaient de travailler ensemble, de faire des sacrifices et de renoncer à une majeure partie de leur confort, ils devraient réussir à se sauver eux-même, ainsi que leur monde. Mais notre passé est très lourd, nous aurons besoin de beaucoup de volonté et de temps, nous aurons à nous adapter à une nouvelle vie. Le pire c’est que nous ne sommes pas en train de travailler ensemble, nous ne sommes pas en train de renoncer à notre confort, nous ne sommes pas en train de nous sauver, nous ne sommes pas en train de chercher en nous de la volonté, nous ne sommes pas en train de nous préparer à nous adapter à une nouvelle vie. Pour nous, la planète n’est pas encore tout à fait assez en perdition pour que nous daignons réagir. Et les bêtises existantes s’accentuent encore plus. Combien faudra-t-il de tempêtes, de glaciers fondus, d’hectares brûlés, d’indiens morts, d’animaux disparus et de chewing-gum par terre pour que nous nous réveillons ? On croit que tout ce qui est ici est très vieux, mais c’est faux. L’humanité n’en est qu’à sa crise d’adolescence. Nous sommes des enfants gâtés, encore au stade de vouloir des maquillages compliqués, des voitures qui vont plus vite que celle du voisin, du plastique autour de notre jambon, des sous-vêtements propres chaque jour, du pétrole, du pétrole et encore du pétrole. Adolescence signifie danger, car c’est dans ces âges là que les suicides sont le plus fréquents. La descente aux enfers qui nous fera grandir est proche, mais nous ne sommes pas sûrs d’y survivre. Ce soir, en te couchant dans ton lit de camp, tu ne peux t’empêcher de pleurer. Ton stage va se terminer, mais tu décides de rester ici avec d’autres membres de l’équipe, pour continuer d’étudier patiemment l’évolution de la forêt et des espèces animales qui l’habitent. Ce ne sera peut être qu’un tout petit grain de sable au milieu de l’espace, mais ce sera le maximum que tu pourras faire. Tu n'obtiens pas la “qualité de vie“ que tu espérais avoir étant plus jeune, mais tu apprends à te contenter de ce que tu as. Tu restes très heureuse dans ce lieu enchanté et irréel. Par ailleurs, grâce à beaucoup de temps et de précautions, tu lies connaissance avec quelques tribus indigènes. Tu fais l’amour avec l'un d’entre eux. Et finalement, ton travail ne sera pas si insignifiant, puisque quelques années plus tard, tu parviendras à empêcher la construction d’un stupide parc à dinosaure, initié par un vieux fou et un moustique mort depuis 65 millions d’années. Cet abruti créera son zoo ailleurs, puis il se fera manger par une vélociraptorette affamée. Toute la suite de ta vie est comblée, chargée de bonne conscience et de combats valeureux. Tu viens de tracer ton destin. Tu peux maintenant aller lire le dernier paragraphe, à la fin du texte, pour avoir quelques détails supplémentaires sur ce récit fabuleux. * 612 * Tu te promènes le long des chemins. De temps en temps, tu t’arrêtes, tu fermes les yeux en respirant à fond. Tu ne sais pas vraiment si c'est la meilleure façon de capter une quelconque aura. Peut-être devrais-tu tourner en rond en sautillant, ou te mettre des barres de céréales entre les doigts de pied et fumer des plumes d'oiseaux. Le hasard de tes pas te mène à une église plutôt fade : grosse, imposante, en pierre. Sans doute de style néo-gothique de la 3ème dynastie du Pape Iécu. L'atmosphère à l'intérieur est calme et feutrée, comme toujours. Une femme est assise sur une chaise, elle porte un pantalon de couleur abricote vive. Une autre femme s'approche de toi, elle est assez jolie, avec de sympathiques rondeurs généreuses. Pour ne pas déranger la quiétude du lieu et du moment, c'est d'une voix douce qu'elle s'adresse à toi. « Avez-vous besoin de quelque chose ? Je m'appelle Céline, je suis la prêtresse de cette église et je suis également décrypteuse de vitraux. Vous me semblez en quête. - Je cherche Dieu. Enfin Déesse si c'est une femme. » Tu souhaites qu'elle puisse te venir en aide. Son métier doit sûrement lui permettre de détecter de la divinité mieux que toi. Tu te concentres sur elle et tu imagines le plus limpidement possible qu'elle ne sera pas déconcertée par ta question. Si tu as 8 ou plus en bizarrisme, va en 601, sinon, va en 610. * 613 * Saut à suivre de quelques semaines et quelques fêtes. Tu apprends qu'une conférence va être donnée, au sujet des nouveaux modèles de calculatrice à extrapolation matricielle floue hyperbooléennes. Elle sera présentée par Frediflan Tomarouakk, le jeune prix Nobel de physique de 25 ans. Tout ceci ne t'intéresse absolument pas. D'ailleurs, c'est bien là le problème. Car ton professeur de maths veut que tous ses élèves y assistent. Selon lui, c'est un complément dantesquement intéressant à ses propres cours, et il contrôlera les présences. La barbe. Fatalement, tu prévoies avec tes amis une compétition de bataille navale par SMS. Le gagnant remportera une tablée de Kiwirska. Mais le jour de la conférence, tu arrives stupidement en retard, pour cause de concours de circonstances désastreux : tu mets du temps pour finir ta Kiwirska à la pause de 10 heures, tu te perds dans les couloirs à la recherche de toilettes inoccupées, tu dois te débarrasser d'un copain très sympa et très collant qui veut te raconter ses dernières blagues tristes. Tu entres discrètement dans l'amphi par la porte du fond. Tous le monde est déjà installé et pianote sur son téléphone. Un type avec de grosses lunettes et un gros crâne piaille devant le tableau noir déjà bien rempli. Ce doit être Frediflan. Soudain, une légère confusion apparaît dans ton esprit. Des petites voix diaboliques naissent dans ta tête. L'effroi t'envahit lorsque tu réalises qu'elles essayent de prendre le contrôle de ta volonté. Elles secouent tes neurones pour te forcer à chercher des actions absurdes à effectuer. Tu vois tous ce monde assis, la plupart sont des amis que tu connais bien. Ils seraient certainement amusés de te voir accomplir une petite extravagance. Quant à ce Frediflan, tu ne sais pas qui il est, mais sa vie doit être un peu aigrie, il faudrait le distraire. Tu pourrais sauter dans les sièges, parmi les gens, te coucher sur eux et descendre les rangs un par un. Comme si tu te jetais dans la foule d'un concert. Ce serait tellement drôle ! Avec stupeur, tu sens tes jambes s'animer toute seule. Tu t'avances vers la rangée du fond. Non, une chose pareille est impossible. Comment se fait-il que tu ne diriges plus tes actes. Est-ce encore la réalité ? Où est-tu ? Il te faut un effort surhumain pour chasser ces voix et faire fuir les créatures minuscules et méchantes qui ont tenté d'occuper ton cerveau. Ta respiration reprend un rythme plus calme, tu parviens à ne pas trop trembler en descendant les marches. Bien évidemment, les seules places restantes sont toutes devant. Comme tu es à quelques mètres de Frediflan, tu peux difficilement te permettre de sortir ton téléphone pour participer à la bataille navale. Tant pis, il ne te reste plus qu'à faire semblant d'écouter. Or, là, surprise ! Frediflan est suffisamment passionné par ce qu'il raconte pour réussir à captiver ton attention. Tu n'es pas sûre de comprendre tout ce qu'il dit, mais tu arrives à t'y intéresser. Tu n'as même pas besoin de lutter pour ne pas sombrer dans le sommeil, alors que d'habitude, tu dois te mordre les lèvres ou t'accrocher à ton stylo. C'est d'ailleurs durant les cours que tu fais les plus beaux rêves, et que tu t'en souviens le plus facilement. A la fin, tu viens parler à Frediflan pour essayer d'en savoir un peu plus sur lui, son travail, sa formation, etc. Il t'explique qu'il a été à Polytechnique. Il y a appris à boire, voyager à travers le monde et sauter en parachute. Il a également gagné une splendide épée qu'il a instantanément revendue pour s'acheter une calculatrice biomultifaciale triphasée. Il a ensuite trouvé une épée de rechange, en plastique. D'autre part, il est aussi Grand Maître Boinkeur sur proteins@home, avec plus de 200 trilliards de crédits à son actif. En voyant ton air interrogatif, il te décrit le BOINC et sa Grande Quête Multiple. Il s'agit d'un logiciel regroupant plusieurs tâches de calcul distribués. Certains projets scientifiques nécessiteraient des ordinateurs surpuissants, fonctionnant pendant plusieurs années, avant d'obtenir des résultats concluants. C'est le cas de la recherche de nouvelles protéines intéressantes, de la scrutation du ciel dans le but de découvrir des extra-terrestres, ou des prévisions climatologiques permettant de déterminer dans quel mesure nous auto-détruisons la planète. L'astuce consiste à récupérer de la puissance de calcul par Internet, en se servant des capacités des ordinateurs personnels, qui passent la plupart de leur temps à ne rien fiche. En effet, visiter des sites pornographiques et jouer au Sims ne prend même pas 1 pour cent du temps d'une machine normalement constituée et psychologiquement stable. Tes yeux s'allument en apprenant l'existence d'un tel concept. Ainsi, tu pourrais contribuer à la science, et aider à sauver le monde, tout en buvant des bières et en dormant. C'est ton ordinateur qui ferait tout le travail. Tu remercies infiniment Frediflan pour ses renseignements, et le soir même, tu vas sur www.boincfrance.org et tu t'inscris à divers projets. Tu fais travailler ton portable, ton téléphone, ton four micro-onde et les machines à laver de ta résidence étudiante. Tu te sens heureuse et fière. Mais ce n'est pas suffisant pour toi. Puisque il est si facile d'aider les autres, tu penses que les autres pourraient aussi aider les autres. Tu décides donc de passer voir tes amis, un par un, et de les inviter à prendre part à la Grande Quête Multiple du BOINC. Malheureusement, tu es déçue par leur attitude. A part quelques exceptions légèrement rassurantes, la plupart d'entre eux n'y voient pas d'intérêt, et préfèrent que leurs gentils petits ordinateurs restent exclusivement à eux. La dernière personne que tu viens voir est le Vicomte. Tu espère trouver une dernière petite dose de réconfort chez lui. Tu pénètres dans sa chambre enfumée et parsemée de plantes polymorphes. Il est au département Environnement, Ecosystème et Herbophilie. « Salut mon petit parrain. Dis-moi, as-tu entendu parler du BOINC ? - Haha, ma chère Neige, mais je m'y suis joint depuis longtemps. J'ai déjà 150000 crédits sur World Community Grid et 8500 sur MalariaControl. - Oh génial ! Ca me fait très plaisir ! Je suis contente de ne pas être la seule ici à avoir pris conscience de l'importance de ces travaux. Merci beaucoup ! - Youplaboum ! Tiens pour la peine, prends-toi une Kiwirska dans mon valeureux frigogidaire, son microprocesseur de régulation de température m'a fait gagner, à lui seul, une bonne centaine de crédits. - Félicitations à lui. Au fait, tu te souviens de la conversation qu'on avait eu à propos de Dieu. En vérité je ne suis pas sûre que ta vision des choses soit exacte. - Aucune importance. De toutes façons j'étais bourré. Ah excuse-moi un instant, faut que j'aille nourrir mon lapin sur Internet. - Des lapins ? Pardon ? - Oui, c'est du cajuôle game, tu connais pas ? - Des jeux pour se cajoler ? Tu dois faire des calins à un tilapin ? Oh comme c'est meugnon !! - Non, je voulais dire “casual game“, du jeu occasionnel quoi. Tu t'inscris sur un site internet, et tu dois t'occuper d'un animal virtuel. Il faut le nourrir, le faire évoluer, etc. On dit que c'est occasionnel parce que il suffit de s'en occuper au maximum un quart d'heure par jour. C'est sympa et rigolo. - C'est un peu comme un tamagotchi, en fait. - Ah les tamagotchis, que de souvenir ! J'ai reprogrammé le mien, il m'a déjà rapporté 170 crédits. - Et sinon, il existe beaucoup de sites de casual game ? - Oui ça fleurit un peu partout. La plupart sont totalement gratuit, mais souvent, tu peux acheter des parties supplémentaires ou des bonus en payant par téléphone. Ce qui te permet d'avancer plus vite. Personnellement, je ne dépense jamais d'argent là-dedans. - Il faudrait que j'en essaye un ou deux. Bon je te laisse, à bientôt. » Ainsi, des gens sont prêt à donner de l'argent plus ou moins régulièrement pour gagner à des jeux vidéos. Intéressant. Pendant ce temps, dans le Monde des Idées, ton esprit malaxe les deux notions que tu viens de découvrir. Le calcul partagé de BOINC, et les jeux par Internet. Soudain, des molécules associatives de Haha viennent le frapper, il commence alors à faire copuler ces deux concepts. Va en 606. * 614 * Durant les mois suivants, vous achetez des stupidus vulgarus, des papillons américains si idiots qu'ils ont une espérance de vie d'à peine quelques heures. Ils compensent ce désavantage par une libido exacerbée. Les fourmiliers-caméléons s'en donnent à coeur joie pour se goinfrer de ces proies juteuses et ahuries. Tu espères que la solution que tu as choisie est la moins inappropriée. Va en 611. * 615 * C'est bien évidemment monsieur Fenimoche qui t'adresse le premier la parole. « Mademoiselle Tugu. Ne pensez-vous pas que l'écologie est, d'une certaine façon, contraire au développement normal de la nature et du darwinisme ? - J'ai peur de ne pas saisir ce que vous voulez dire. - C'est simple. Les espèces les plus fortes survivent et les plus faibles disparaissent. Si l'homme a réussi à se hisser en haut de l'évolution, il est normal qu'il ait quelques droits sur les animaux. Prenons par exemple les stupides mouches incapables de passer par une fenêtre et qui se cognent sur les vitres comme des salopes hystériques. Ne serait-ce pas rendre service à l'évolution que d'éradiquer ces sous-insectes dégénérés et inutiles ? - A mon humble avis, pour conserver la bio-diversité, il vaudrait mieux... - La bio-diversité !! mais qu'est-ce que j'en ai à carrer de ces insanités !! J'ai toujours détesté ce qui était bio. La bouffe bio dans les supermarchés c'est cher et répugnant !! - Mais comment pouvez-vous vous permettre de déblatérer de telles insanités ! Vous êtes totalement incohérent ! Et vous appeler ça un entretien ! - Suce mon sexe ! Suce mon sexe jeune pétasse gauchiste du Vietnam ! Je vais racler ta petite gorge de gamine jusqu'à ce que tu t'étouffes dans tes renvois ! - Quoi !! Ah mais j'en ai assez de votre grande gueule violente ! Déjà pendant vos pseudo-cours je ne pouvais pas vous supporter ! Qu’est-ce que vous venez encore me mettre des barrières dans ma vie, espèce de malade ! Pervers ! Frustré ! - Oui ! Vas-y ! Encore ! Tu m'excites, viande à trous ! Viens ça ! Tu vas aimer que je coule ta jolie frimousse lubrique dans du béton et que je te ménopause avec mon fer à souder ! - C'est votre petit pénis de vieillard cafardeux que je vais plonger dans l'acide. Déchet masculin ! » Nadia intervient alors dans la conversation. « Bien. Stop. Nous voulions juste voir la façon dont vous réagiriez face à une personne qui serait totalement réfractaire à l'écologie. Veuillez nous excuser pour les propos désobligeants - Drôle de façon de passer un entretien. - Ce n'est pas une idée à moi. Je suis sincèrement désolée que cela ait atteint de telles proportions. Ecoutez, il vaut mieux que nous en restions là. Vous recevrez la réponse concernant votre admission dans une semaine. » Tu quittes la salle d'un pas nerveux, sans même jeter un regard à monsieur Fenimoche. Tu gardes peu d'espoir concernant la suite des événements. Effectivement, quelques jours plus tard un courrier t'annonce que tu n'es pas acceptée. A la place, tu es inscrite d'office au département principal. Tant pis, ce n'était pas exactement ce que tu voulais, mais tu continues quand même dans cette école. Et tu te promets de réduire en bouillie ce sale petit roquet de Fenimoche si jamais tu le revois. Va en 607. * 616 * Le professeur : « Qu’est-ce qui est blanc en haut et rouge en bas ? » Un élève : « un tampax. » Le professeur : « Mais non, vous dites n’importe quoi ! Mais enfin c’est un œuuuuf ! ! ! Oui parce que bon, y’a le blanc de l’œuf, l’albumine, bon c’est blanc. Et le jôôône de l’œuf, eh bien il est rouge ! Oui enfin orangé quoi. Hein, enfin bon hein oui voilà quoi. Ah non mais j’me suis trompé c’est pas ça du tout là ! Bon allez qui vient au tableau me corriger ça ! » Tu l'as voulu, tu l'as eu. Bon, retourne au paragraphe 607, après une telle déflagration, il n'y a plus que ça à faire. * 617 * Le soleil est vaguement haut, mais pas si haut que ça. Vous vous promenez toutes les trois dans un parc ou autre chose. Soudain quelqu'un arrive avec un couteau et perce l'estomac de Céline. De l'acide digestif coule de son ventre et elle s'auto-dissout. Tu voudrais l'aider, la soigner, ou te précipiter vers l'homme et le frapper. Mais tu ne peux pas bouger parce que c'est ainsi. Malgré tout, tu peux parler, parce que c'est ainsi aussi. « Qui êtes vous? - Blablabla blablabla Sandrine. Tu n'en as donc pas assez de poser toujours les mêmes questions ? Là, je vais te répondre que je suis Réchèr, le créateur de ce monde et, comme pour tes autres vies, tu ne vas pas me croire. Tu ne pourrais pas te souvenir des choses ? Je sais bien que, chronologiquement, tu as découvert cette information "à côté", et non pas "avant", mais tout de même. - Pourquoi avoir tué notre amie ? - J'ai mes raisons. Dans l'un de mes possibles plans de carrière à long terme, je deviens suffisamment fou pour être capable de croire que ce qui arrive ici arrive aussi en réalité. Ainsi je pourrais contrôler tout l'univers rien qu'avec un clavier. Oh bien sûr, ce ne serait qu'un pouvoir totalement fictif. Mais qu'est-ce qui ne l'est pas ? Prenons par exemple les pouvoirs politiques : l'art de l'illusion par excellence. - Vous n'êtes qu'un tordu. - Ben voyons. Ah au fait, cette histoire de 42 Dieux et Déesses, c'est complètement faux. Franchement, un mode de fonctionnement aussi absurde, ça ne tient pas debout. - Et pourquoi donc, je vous prie ? - La nature n'utilise jamais de structure centralisée, avec une tête dirigeante au dessus et des milliers d'éléments obéissants. En fait, chaque créature partage une forme d'intelligence très basique, et grâce à leur nombre important, des comportements émergents apparaissent ensuite. Au mieux, tu peux dire que la divinité est définie par ce type de comportement. Et puis de toute façons il n'y a qu'un seul Dieu qui dirige tout et c'est moi. - Vous venez de vous contredire. - Cela pose-t-il un problème ? - D'accord. Ainsi, j'aurais consacré plusieurs années à expliquer le monde à Zabelle, pour rien ? - Pas complètement pour rien, puisque c'est toujours enrichissant de parler avec des gens. Mais ça n'aura pas les conséquences aussi nobles et aussi bénéfiques que ce que tu croyais. - Alors j'ai gâché ma vie. Et il se pourrait que ce soit de votre faute. - Oh n'exagérons rien. Déjà, tu n'as pas gâché la vie des autres. Tu n'as pas déclenché de guerre, tu n'as pas traumatisé de membre de ta famille, tu n'as pas plus contribué à la pollution de la Terre que les autres humains des pays développés. - Je ne suis pas sûre de pouvoir me contenter de ça. - Qu'aurais-tu souhaité ? Gagner la Star Academy ? Sauver la forêt amazonienne ? Neutraliser des docteurs fous destructeurs de planète ? Eveiller le monde à l'art ? Tu n'es pas obligée d'accomplir des actions grandioses pour te sentir exister. Comme dirait Jean-Claude Vandamne à Lenny Bar : "Tu es une star pour les gens qui t'aiment". Car tu as des amis, qui t'aiment, n'est-ce pas ? - Sauf que mes amis, vous les tuez. - Ah. Oui c'est vrai. Oh c'était juste un accès de colère, j'ai bien le droit non ? » Sur ce, il n'exécute aucun geste ni ne prononce aucune formule magique et Céline se recompose devant tes yeux. Elle est là, bien vivante, toute en délicieuses rondeurs. Ensuite, il vous salue et disparaît. La suite de ta vie se déroule très correctement. Tu te trouves un garçon très bien, qui est bruiteur de rires enregistrés pour séries télés débiles. Tu as des amis et amies sympathiques. Tu travailles comme directrice de production dans une entreprise fabriquant de la peau de saucisson entièrement naturelle et ce métier te plaît beaucoup. Tu n'accomplis pas un destin aussi grandiose que tu le croyais, mais ça ne t'empêche pas d'être heureuse. Tu vas même jusqu'à t'offrir le luxe de banalité d'avoir un mignon petit chat. Voilà, c'est la fin de cette histoire étrange. Tu peux maintenant aller au dernier paragraphe, à la fin du livre, pour avoir quelques derniers détails. * 618 * Durant toute la semaine précédant les entretiens, tu te prépares comme il se doit. Tu fais la fête chaque soir, avec tes amis et de l'alcool, et vous regardez l'intégrale de la série culte : “Les Cités de Plomb“. De toutes façons tu sais très bien que tu vas y arriver, car tu as travaillé régulièrement tout le long de l'année. Anecdote amusante : pendant le devoir de Physique des Particules et des Bulles de Bière, un type arrive complètement saoul et met la pagaille en renversant son café un peu partout. Puis il s'écroule sur sa table. Cependant, il arrive à se réveiller et à écrire plusieurs pages. Tu compte bien ne jamais essayer cette technique de réussite. Etre saoul la veille d'un examen, c'est toujours amusant, mais pas le jour même. Va en 607. * 619 * Durant les mois qui suivent, vous capturez une quantité bien déterminée de fourmiliers-caméléons, à grand renfort de fusils à fléchettes. Vous en donnez une partie à différents zoos à travers le monde, et vous vendez l'autre partie sur eBay. Tu espères que les conséquences de tes actes seront bénéfiques. Tu continues de te demander si tu as pris la solution la moins mauvaise. Va en 611. Le dernier paragraphe, à la fin du texte. Voilà. Ton aventure est finie. Quelle que soit la vie que tu as choisi de vivre, il est possible qu’elle t’ait plu, ou qu’elle t’ait choquée, ou autre chose. Dans tous les cas, j’espère que tu auras envie de recommencer, pour explorer d’autres recoins du livre. Il contient moultes surprises, clins d’œil, réflexions inattendues, allusions bizarres à propos de choses bizarres, secrets cachés, etc. A toi de les chercher. Petit détail inintéressant, donc qui vaut le coup d’être précisé. La partie 4-1 commence par le paragraphe 300 et la partie 4-2 par 500. Il n’y a donc pas de paragraphes commençant par 400. En fait, j’avais l’intention d’ajouter encore un autre chapitre, mais je n’ai jamais eu le temps, alors j’ai réparti les meilleurs morceaux dans le reste du récit. « Dans la peau de Sandrine Tugu », c’est : - une histoire fabuleuse dont tu es l’héroïne - 130 paragraphes - 13 fins différentes, plus ou moins déconcertantes ou épiques. - Quelques cogitations personnelles sur des sujets divers tels que l’écologie, le clonage ou Dieu. Ce ne sont pas des opinions que je partage forcément, juste des idées que je lance au hasard. - Un passage érotique. Tu n'as pas à te sentir gênée de recommencer une aventure si tu ne l'as pas encore trouvé. - 4 mois à écrire durant les soirs, les week-ends et mes heures de stage pour la première version, le tout sur un clavier suisse malicieusement désordonné. Woups. Pourvu que mon ancien maître de stage ne l’apprenne pas. - plus de 7 mois à re-écrire les soirs et les week-ends, pour cette deuxième version, avec des phrases mieux faites, moins de répétitions, moins de blablablabla, plus de liberté, plus d’apparitions narcissiques de l’auteur et plus d’associations inhabituelles entre des noms et des adjectifs, afin de provoquer des “Dreling Dreling Aha ! “ dans la tête du lecteur. - Du Taureau Rouge, du Chien Noir, et beaucoup de cuillerées à café de café dans un tout petit verre. Dormir, c’est mal. - Une petite fable en annexe, pour réfléchir ou s’évader. Gobelins, bière et Esprit du Libre y sont au rendez-vous. - Le syndrome de Peter Pan inversé. - Des chocolats fourrés au camembert, des fourmiliers-caméléons, un géant de pierre, de l’alcool de kiwi, des anges combattants sauf que c’en est pas, un grand-père pas si mort que ça, un charmant majordome, un oral de coréen, des noms de villes et de villages amusants, un savant fou, un bug dans la matrisque, une cuillère qui n’existe pas, un faux vomi en ratatouille véritable, et bien d’autres choses encore !! - Et surtout, un très beau cadeau, au départ pour une fille très tout, et qui circule maintenant entre des esprits multicolores. Merci à Karine, et à plein d’autres gens, qui me donnent de l’inspiration sans forcément s’en rendre compte. Les mules dorment, les mascottes écrivent. Il y a encore des combats à mener. Que comptes-tu faire de cette vie que tu possèdes ? Va au paragraphe 1. Œuvres et créations du Monde des Idées ayant copulé avec celle-ci. L'expression "Saut à suivre" est la propriété intellectuelle de Chuck Palahniuk, qu'il utilise dans son roman "Monstres invisibles". L'expression "Catin d'harmonie" est la propriété intellectuelle du groupe de musique Lonah. (http://lonah.net) L'adjectif "sulfureuse" n'étant qu'un ajout personnel. Les oeuvres d'art de L'Indien, exceptée celle qu'il réalise avec Sandrine, existent réellement, et ont été inventées par d'autres gens, dont j'ai oublié, ou jamais su, les noms. L'expression "il pleut sur la Terre mais le soleil revient" est la propriété intellectuelle de Philippe Mangold (http://www.jamendo.com/fr/artist/philippe.mangold) L'expression "Le rossignol des bois" est la propriété intellectuelle d'Echo Lali. (http://www.jamendo.com/fr/artist/echo.lali/) Apparemment, le verbe "se clairsemer" n'existe pas d'après les stupides correcteurs orthographiques ethymolopathes-ethylomoplates. Je ne sais pas pourquoi. L'expression "Si on pouvait décider de la personne dont on tombe amoureux, la vie serait plus simple, mais pas aussi magique" est la propriété intellectuelle de Trey Parker et Matt Stone, les créateurs de South Park. L'expression "Pédaler dans les nuages au milieu des petits lapins" est la propriété intellectuelle d'Hubert-Félix Thiéfaine. Le personnage du Sagouin est la propriété intellectuelle de François Mauriac. (Bouquin de daube que j'ai été forcé d'étudier) La réponse 42 est la propriété intellectuelle de Douglas Adams. Nasr-Eddin-Hodja l'intemporel est la propriété intellectuelle de vieux comtes populaires. L'expression “idées saines“ est la propriété intellectuelle de Serge Dassault. a priori, vous ne pouvez pas faire participer votre four, votre machine à laver, votre tamagotchi ou votre frigidaire à la Grande Quête Multiple du BOINC. Mais vos ordinateurs si : www.boincfrance.org Le mot “abracadabrantesque“ est la propriété intellectuelle de Jacques Chirac. l'acteur Momo du Neuhof a bien voulu prêter son nom à l'un des personnages de ce récit. Il a joué dans des films à sensations, tels que Maytrix Reloatet. (http://www.cigogne.net/Maytrix-reloatet-VA.html) Le mot "le" a été utilisé la première fois par Clafoutix, druide gaulois, en -69 avant Jésus Christ. La discipline du foudroiement psychique est la propriété intellectuelle de Joe Dever, créateur des “Loup Solitaire“, une série de livre dont vous êtes le héros. Le dress-code “prostituée et pasteur“ est la propriété intellectuelle du film : “le journal de Bridget Jones“. L'idée selon laquelle le monde est en pleine crise d'adolescence est la propriété intellectuelle d'Albert Jacquard. L'expression "propriété intellectuelle" est la propriété intellectuelle de... euh... Eh! Qui a inventé ce truc dont on ne connaît même pas la signification exacte! Annexe A : Les Guirlandiers et les Magisciologues Cette petite nouvelle sympathique a été écrite par Pierre-Jean-Kevin, un camarade de classe de Sandrine Tugu. Dans l'histoire, il a un petit faible pour elle, et aimerait lui faire part de sa création, afin de passer pour un gars bien. La nouvelle en elle-même n'a que peu de rapport avec l'histoire de Sandrine Tugu, mais ce n'est qu'un détail sans importance. Et comme d'habitude, cette oeuvre est sous Licence Art Libre. Elle est disponible sur le site féerique : http://recher.c.la "Parchemin stupide!!" Uodras sentit le fluide magique s'enfuir de ses mains, et se gaspiller en une gerbe de flammes anarchiques. Le papier se consuma en une seconde. Ce genre d'imprévu délicat arrivait souvent aux magiciens, surtout dans les situations les plus ambiguës. Les gobelins face à lui, qui avaient d'abord eu un mouvement de recul, reprirent rapidement leurs esprits. Plus assez de temps pour de la magie. Uodras fit demi-tour et s'enfuit en courant. Un insecte imbécile avait du s'immiscer dans son sort de boule de feu. "D'ailleurs, pourquoi parle-t-on d'insectes quand un parchemin est incorrect, alors que ce n'est qu'une erreur dans ses symboles occultes ? ... C'est peut-être dû aux fourmillements dans les doigts, à l'instant où on sent que l'exécution va échouer." Ce n'était pas le moment de réfléchir à des questions de vocabulaire. Une flèche siffla à ses oreilles, pour se ficher dans le mur de pierre à sa gauche. Il savait que ce couloir aboutissait à un grand lac souterrain. "Un parchemin de respiration sous l'eau aurait été fort bienvenu. J'aurais pu traverser le lac hors de portée de leur tirs et m'enfuir sans risques." Les parchemins coûtaient cher, Uodras n'avait pas les moyens de s'en offrir énormément. Par ailleurs, il ne voulait pas se risquer à en dupliquer, à cause des Diagrammes Refractionneurs de Multiplication qui y étaient dissimulés. On lui avait parlé de magiciens fraudeurs qui avaient essayé de les contourner. Leurs expériences furent désastreuses. Le parchemin leur avait explosé au visage et leur avait injecté des éclairs dans les doigts. Le couloir déboucha sur une large bande de terre, au bord du lac. Uodras fit un saut de côté, se plaqua contre la paroi et prépara une "décharge électrique". Son seul avantage serait l'effet de surprise. "Les gobelins s'attendent certainement à ce que je continue ma fuite. Pourvu que ce fichu sort s'exécute mieux que l'autre, il devrait en tuer trois ou quatre sur le coup, et effraiera les autres." Les créatures bondirent juste devant Uodras. Il leva prestement la main et créa dans son esprit les glyphes initielles de récollection submanales. Il était sur le point d'amorcer l'appel occultique fonctionnel quand plusieurs traits verts lumineux surgirent de derrière lui. Les gobelins tentèrent de se protéger, et le plus grand d'entre eux eut le temps de jeter dans le lac un objet qui était attaché à son cou. Mais les lumières contournèrent leurs boucliers, et les frappèrent exactement entre les deux yeux. Ils s'écroulèrent tous, tués sur le coup. Uodras se retourna et vit une femme, des fragments d'un parchemin exécuté tombaient de ses mains. Elle avait un certain charme, avec ses cheveux coupés court et ses grands yeux noirs. Elle était vêtue d'une simple tunique, et portait un énorme sac à dos. Une légère cicatrice barrait sa joue. "Merci infiniment mademoiselle, je ne sais si j'aurais pu m'en sortir sans vous. Bien entendu, je rembourserais le parchemin que vous avez dû utiliser." La jeune femme éclata d'un rire joyeux. " D'accord! Cela vous coûtera donc deux pièces de cuivre ! - Etes-vous folle? C'est tout juste le prix d'une feuille de papier ! Un sort de ce type vaut beaucoup plus ! - Tout juste, c'est le prix d'une feuille de papier. C'est ce que j'ai du dépenser pour l'avoir. - Ah je vois. Vous êtes une Magi$ciologue Sapiencéenne, et vous avez accès au livresourçe de ce sort. Mais je croyais qu'il vous était interdit d'en copier et d'en vendre pour votre propre compte. Vous risquez d'être réprimandée par votre hiérarchie. - Je possède effectivement des livresourçes, mais je ne suis pas Magi$ciologue. Je fais partie de la Guirlanderie Neosourcellière Universelle. - Jamais entendu parler. Est-ce une sorte de guilde? - Laissez-moi vous expliquer : vous savez que pour exécuter un sort, il faut le parchemin correspondant, et celui-ci tombe en poussière au moment du lancement, qu'il ait fonctionné ou pas. Mais si vous possédez un livresourçe du sort en question, vous pouvez effectuer des "enscribations" et obtenir autant de parchemins que vous voulez. Il vous suffit de quelques minutes et d'un morceau de papier. De plus, un livresourçe est modifiable et peut être rendu plus efficace. [1] - Oui, c'est le principe de base de la magie. Sauf qu'en réalité, écrire un livresourçe requiert énormément de travail. Seule l'entreprise des Magi$ciologues a pu engager assez de personnes pour cela, et ils préfèrent donc les garder et ne vendre que les parchemins enscribés. Quelques rares magiciens indépendants font leurs propres sorts, mais ils restent très simples et peu utiles. - C'est là que vous vous trompez. Il existe un groupement de gens partageant leur savoir et une partie de leur temps, ils écrivent des livresourçes, et les mettent à libre disposition de tout le monde. Vous venez d'en avoir un exemple concret et efficace. - J'avoue avoir du mal à croire à ce genre d'utopie. Mais nous pourrions en discuter plus longuement en faisant route ensemble. Je m'appelle Uodras Celimh, on m'a engagé pour retrouver une statuette en marbre, volée par une bande de gobelins. - Je suis Dienwe Faredann, je dois contacter les nains forgeurs de Naanshav, qui vivent dans ces souterrains. J'ai des choses à leur apporter. “ Uodras ne souhaitait pas forcément en savoir plus. Il ne négligeait jamais une aide apportée par d'autres aventuriers, mais il évitait de leur poser trop de questions. Tout devenait très compliqué dès qu'on en savait trop sur les autres. Et puis c'était une façon de respecter la vie privée. Ils fouillèrent les gobelins, puisque dans ce monde, ce genre de choses se fait quand on vient de tuer des ennemis. Cependant, ils ne trouvèrent rien d'intéressant, et décidèrent de reprendre le couloir par où venait Uodras. Dienwe renifla l'air un instant : " Vous ne trouvez pas qu'il flotte une légère odeur de cochon grillé? - Oh, ça c'est quand j'ai voulu exécuter ma boule de feu. Elle était insectée et des flammes m'ont brûlé les poils de bras." Dienwe se mit de nouveau à rire. Apparemment, cette femme avait de l'humour, et Uodras n'était pas insensible à la joie et au bien-être qui émanait de sa personne. " D'où votre situation hasardeuse avec les gobelins, avant que j'intervienne. Vous savez, nos sorts comportent bien moins d'erreurs que ceux des Magi$ciologues, car des dizaines de personnes nous aident à les corriger. - Je n'arrive pas à comprendre le fonctionnement de votre... Guirlanderie. Ou trouvez-vous les énormes sommes d'argent pour payer tous ces magiciens? - Nous ne sommes pas payés, nous agissons de manière volontaire. Nous recevons des dons, mais ils servent à acheter du matériel de recherche, des astrolabes, des ingrédients alchimiques, ... Tout ce qui peut nous permettre d'exercer nos activités. - C'est absurde! Un si grand nombre de personnes ne peut travailler de la sorte bénévolement ! - Si car nous avons un idéal : la mise à disposition, pour l'ensemble du monde, de livresourçes et de parchemins efficaces. De plus, nous n’agissons pas entièrement pour rien, mais nous cherchons surtout la reconnaissance de notre talent. Votre sourire, quand vous m'avez remercié d'avoir vaincu les gobelins, vaut plus que quelques pièces d'or pour moi. - Ce sont de beaux principes, mais j'aurais sans doute du mal à y adhérer. Je suis magicien mercenaire : je travaille et on me paie, c'est ce qui me semble le plus juste. - Vous pourriez continuer vos activités de mercenaire, et consacrer un peu de votre temps à la Guirlanderie. Vous n'aurez de compte à rendre à personne. Ce serait une occasion d'acquérir des connaissances, de rencontrer des gens, de découvrir une autre façon de voir la magie. " Uodras n'osa pas répondre qu'il était peu intéressé par ce projet. Mais il comptait bien rencontrer le plus tôt possible ces étranges idéalistes. S'ils donnent gratuitement des parchemins, voire des livresourçes, il n'allait pas laisser passer cette occasion. Mais pour l'heure, il fallait récupérer cette satanée statuette. Ils arrivèrent dans la salle où s'étaient trouvés les gobelins. Le mur du fond comportait une solide porte en bois, fermée par un cadenas imposant. Uodras tenta de l'ouvrir, sans succès. " Les gobelins ont du entreposer le fruit de leurs rapines dans cette pièce. Auriez-vous un parchemin d'ouverture des portes? - Pas encore, malheureusement. Mais j'imagine qu'un jour, nous en inventerons un . - Les Magi$ciologues, eux, vendent des parchemins pour ouvrir les portes, les coffres, les herses, et bien d'autres choses. - C'est bien là le problème : ils les vendent. Et visiblement, ni vous ni moi n'avons les moyens de les acheter. Il va falloir trouver la clé. Seulement je ne crois pas me souvenir que les gobelins l'avaient sur eux." Uodras se repassa en mémoire les derniers événements. " Oh non... Je sais où elle est, cette damnée clé ! J'ai vu l'un des gobelins lancer un objet dans le lac, juste avant de mourir. Saletés de bestioles, même au moment de mourir elles arrivent à nous mettre des bâtons dans les roues. - Retournons là-bas, nous trouverons peut-être un moyen de la récupérer.“ Le lac était sombre, il était impossible d'évaluer exactement sa profondeur, mais il semblait se prolonger loin sous les parois de la salle souterraine. Uodras ne s'imaginait pas y plonger pour chercher la clé. D'autant plus qu'il pouvait très bien être peuplé d'horribles et gluantes créatures amphibies bardées de tentacules dégoûtantes. Dienwe sortit deux parchemins de son sac. " Je vais tenter un sort de télékinésie et faire remonter la clé. - Ca ne fonctionnera jamais. Vous ne pouvez pas la voir, donc vous ne pouvez pas la cibler pour y appliquer le sort. - Je vais coupler ma télékinésie avec un autre sort : une détection d'objet. Je n'aurais qu'à me concentrer sur un morceau de métal ayant la forme approximative d'une clé, ce qui me permettra d'obtenir son hypsomotif positionnatoire coordonnaire, puis j'y appliquerais la fonction télékisuelle. Ce n'est pas garanti, mais on ne perd rien à essayer. - Je vois... Le couplage de sort... Pour moi c'est toujours resté un concept théorique. Je n'ai jamais trouvé l'occasion d'essayer ce genre d'astuce. - C'est parce que les Magi$ciologues ne jugent pas utiles de définir des schémas interinformationnel universopérablié. Leurs sorts peuvent difficilement communiquer entre eux. Et comme vous le savez, c'est déjà hasardeux d'en exécuter un tout seul, alors en couplage... Bref, allons-y." Elle plia les deux parchemins ensemble, et récita les formules occultiques metadivinatoires. Elle ferma les yeux pour mieux se concentrer et fit les gestes de paraenchantement. Elle avait des mains très fines, et ses mouvements esquissaient dans l'air des courbes gracieuses. Elle donnait bien plus l'impression de danser que d'exécuter un sort. Quelques bulles apparurent à la surface du lac, mais aucune clé ne semblait en sortir. Dienwe ouvrit les yeux et regarda d'un air déçu ses parchemins tomber en morceaux. “ C'est raté. J'ai bien détecté une clé, mais je n'ai pu la faire bouger. - Les Magi$ciologues vendent également un sort de télékinésie, et je crois savoir qu'il n'est pas censé fonctionner sous l'eau. Le vôtre a peut-être le même problème. En tout cas c'est embarrassant." Le visage de Dienwe s'éclaira. " Vous avez raison! La façon d'appliquer la télékisualité ne doit pas être la même en configuration éolaire qu'en configuration aquarienne! Il nous suffirait de modifier le livresourçe!" Elle ouvrit son sac à dos et fouilla parmi une vingtaine de petits livres. Elle en sortit un qu'elle montra à Uodras. " Voici le livresourçe de télékinésie. Si vous voulez, nous pouvons le regarder ensemble, et tenter de l'améliorer. - Comment un ouvrage aussi peu épais pourrait décrire une télékinésie ? On m'a toujours dit que les livresourçes étaient très volumineux, avec plusieurs centaines de pages ! - Ceux des magi$ciologues sont plus gros, car quand ils créent un sort, ils cherchent à en vendre les parchemins le plus vite possible, sans se soucier de désinsecter et d'optimiser les symboles magiques. De plus, il leur faut intégrer les Diagrammes Refractionneurs de Multiplication, qui se dissimuleront automatiquement dans les parchemins. Nous ne mettons pas ce genre de choses, puisque nous acceptons que notre travail soit recopié et modifié." Du temps de ses études à l'université privée de Magi$ciologie de Rougemont, Uodras n’avait jamais eu accès à des livresourçes conséquents. Il avait seulement appris à en créer de très simples, durant des cours très théoriques et peu approfondis. Les professeurs leur avaient fait vite comprendre que pour écrire de "vrais" sorts, il faudrait se spécialiser dans un domaine très précis, et par la suite devenir un Magi$ciologue. Il prit le livre que lui tendait Dienwe. Leurs mains s'effleurèrent légèrement, et à cet instant précis, Uodras prit conscience de l'importance de cet acte. Ce n'était pas tant le fait d'obtenir un objet qu’il n’aurait jamais imaginé avoir. Mais cette femme, elle lui transmettait un savoir, en toute confiance, sans rien demander en retour. C'était un partage simple, si évident, presque enfantin. Leurs regards se croisèrent et se fixèrent un moment, l'un dans l'autre. Il se surprit à penser aux années de sa jeunesse, quand il apprenait à son petit frère les noms des plantes et des arbres. Dienwe lui souriait. Il sortit de sa rêverie, la situation le mettait un peu mal à l'aise. Il détourna les yeux, ouvrit le livre et y porta toute son attention. La première page ne contenait pas de symboles magiques, mais un texte écrit en langage commun. Dienwe expliqua son utilité. " Il s'agit de la Garantie de Péri-utilisation Libérée. Elle décrit ce que vous avez le droit de faire avec cet ouvrage. En gros, vous pouvez le recopier, le modifier, l'enscriber, et donner ou vendre tout livre ou parchemin qui en dériverait. Les conditions à respecter sont d'indiquer l'auteur original, et de conserver cette Garantie avec ce que vous transmettez. - Attendez... Je peux vendre des parchemins de ce sort? Qu'est-ce qui m'empêcherait alors de l'enscriber des centaines de fois, et de gagner une montagne d'argent en volant votre travail? - En théorie, vous pouvez le faire. Sauf que les Guirlandiers vendent déjà les parchemins, au prix du papier vierge. Vous aurez peu de succès si vous les proposez plus cher. De plus, comme le nom de l'auteur original doit être laissé, le mérite reviendrait à lui, et pas à vous. Et comme je vous l'ai dit, nous cherchons à être reconnu pour notre travail, pas forcément à être payés. - Mais vous n'êtes pas présent dans le monde entier. Je pourrais aller dans une contrée où ne vit aucun Guirlandier, donc aucune concurrence, et faire des bénéfices. - Ce cas est prévu par une autre clause de la Garantie. En proposant un parchemin, gratuitement ou non, vous êtes obligé de proposer au même prix le livresourçe correspondant. De plus, il vous faut laisser la Garantie avec ce que vous transmettez. D'autres gens pourront alors faire le même commerce que vous, la concurrence se créera et les prix baisseront jusqu'à être ridiculement bas. L'astuce repose sur le fait que la recopie de sort ne coûte pratiquement rien, et qu'elle est simple à faire, même pour des personnes non instruites en magie. - Je commence à comprendre le principe. Vous donnez énormément de droits, mais vous donnez aussi deux contraintes : les droits sont obligatoirement transmis avec les sorts, et par ailleurs, les mérites de création et d'améliorations restent à leurs auteurs respectifs. - C'est exactement cela. Nous n'avons pas besoin d'imposer un prix ou une gratuité. Il nous suffit d'interdire que les connaissances soient emprisonnées par les gens sans scrupules, pour qu'elles deviennent automatiquement accessibles à tous à un prix dérisoire. [2] - Le concept est intéressant. Mais nous pourrons toujours en discuter plus tard. Pour l'heure, il nous faut améliorer ce sort." Ils travaillèrent ensemble pendant toute une nuit sur le livresourçe. La description détaillée de leur labeur serait assez longue et fastidieuse, de plus, elle ferait intervenir un vocabulaire très spécifique à la discipline de la magie, ce qui n'est pas forcément intéressant pour tout un chacun. Nous passerons donc rapidement sur cette partie de l'aventure. Une fois les modifications terminées, Dienwe laissa à Uodras le plaisir d'enscriber et d'exécuter le sort amélioré. A sa grande satisfaction, il parvint à faire remonter la clé hors de l'eau, et la fit voler doucement jusque dans la main de Dienwe. Il ne restait plus qu'à ouvrir la porte. Ils retournèrent au repaire des gobelins, le cadenas se libéra avec un délicat cliquetis métallique. Ils pénétrèrent dans la pièce. Il y avait là plusieurs armes, une bonne quantité de tonnelet de bière, et quelques pièces d'or dissimulées ça et là, qu'ils se partagèrent. La statuette de marbre était cachée sous une pile de vêtement crasseux. Uodras s'en empara. " La voici! Je vais enfin pouvoir la rendre à son propriétaire et récupérer la prime! Je suis prêt à la partager avec vous, Dienwe. Vous m'avez énormément rendu service pour cette quête. - N'en faites rien. Mais si une occasion se présente, je viendrais vous demander de l'aide. L'amélioration de la télékinésie a vraiment été efficace, en grande partie grâce à vous. Un jour ou l'autre, je pourrais avoir besoin de vos capacités. - Je vous remercie grandement. Mais il faut que vous sachiez que la récompense s'élève à 200 pièces d'or. - Gardez tout, je n'en ai pas besoin. Cependant, je serais curieuse de savoir quel genre de personne peut payer une telle somme pour un simple morceau de marbre. - Il s'agit d'un riche collectionneur d'art. Il faisait transporter la statuette pour une prestigieuse exposition, où sont conviés tous les seigneurs des environs. Les gobelins ont attaqué et pillé le convoi. A ce qu'on m'a dit, c'est un sculpteur très connu qui a réalisé cette oeuvre, et elle a une grande valeur. Je n'entends rien à toutes ces choses, mais du moment qu'on me paye, je suis satisfait. - J'ai toujours été étonnée par l'ineffable propension des riches à dépenser leur argent pour n'importe quoi. Ils achètent les objets les plus chers possibles rien que pour afficher leur fortune, ce qui fait le bonheur des artistes chanceux. Malheureusement, il doit exister une foule de peintres, sculpteurs, et écrivains très talentueux, qui restent pauvres et inconnus, tout ça parce qu'ils ne satisfont pas les critères esthétiques aléatoires de ces idiots d'amateurs d'art. - Ce serait amusant que des oeuvres puissent circuler selon le même principe que les sorts de la Guirlanderie. Nous nous retrouverions avec des dizaines de statuettes en marbre, qui ne coûteraient pratiquement rien, à part, mettons... le prix du matériau et le travail du sculpteur pour réaliser la copie. Les riches se sentiraient quelque peu déstabilisés. - Cela me semble un peu utopique, très cher Uodras. - C'est ce que je vous avais répondu quand vous avez commencé de me parler de la Guirlanderie. - Certes. Mais contrairement aux sorts, l'art n'est pas forcément sous forme de livres et de parchemins. Ce serait peut-être plus compliqué d'y appliquer un système de droits le plus permissif possible. Et puis si c'était le cas, qui irait vous payer pour aller rechercher des oeuvres volées? - Ce serait peut-être l'occasion pour moi de changer de métier, et devenir... sculpteur par exemple. J'aimerais bien créer de jolies choses avec mes mains. Mais vous avez raison, nous n'en sommes pas encore là. Je laisse les bourgeois dorés gaspiller leur argent de manière fantaisiste, pour mon plus grand bonheur. - Oui. Quelle utile population que celle des riches imbéciles ! “ Uodras sourit à cette dernière remarque. Elle lui donnait l'impression que le monde était empli d'un humour bon enfant, et que des plaisanteries espiègles étaient toujours présentes pour diminuer le fossé entre les pauvres vagabonds comme lui et les riches seigneurs. Durant quelques secondes, il laissa sa réflexion jouer avec ces idées. Une petite évasion pour l'esprit, rien de plus. Il quitta ses pérégrinations mentales pour reprendre son sérieux. Dienwe semblait prête à repartir. " Bien. Votre quête est maintenant finie, Uodras. Je ne voudrais pas que vous vous forciez à m'accompagner pour la mienne. Les nains forgeurs de Naanshav sont loin dans les souterrains, mais le chemin est sûr. Je saurais me débrouiller seule. - Vous m'avez aidé à récupérer cette statuette, et je serais un rustre si je vous abandonnais de la sorte. De plus, je souhaiterais rencontrer ces nains, j'ai ouï dire qu'ils vendaient des armes de bonne qualité." Uodras rangea la statuette dans son sac, et rassembla les quelques objets intéressants qu'il comptait emporter. En vérité, il avait besoin d'en savoir plus sur les Guirlandiers, c'est pourquoi il ne voulait pas la laisser partir sans lui. Il eut un doute. Non, la vraie raison n'était pas celle-ci. Simplement, la présence de cette femme près de lui le rendait heureux, il la trouvait agréable et sincère. C'est surtout elle qu'il voulait découvrir. Ils reprirent leur chemin. Les souterrains étaient calmes. Des cafards rampaient tranquillement à leurs pieds, de la mousse verte poisseuse moussoyaient sur les parois humides, la pénombre et le silence se voulait le plus oppressant possible. Un lieu somme toute assez classique pour des quêtes et des aventures. Uodras reprit la conversation. “ Au fait, qu'est-ce qui m'oblige concrètement à respecter votre Garantie de Péri-utilisation Libérée? Que risquerais-je à prendre vos sorts et à prétendre que j'en suis l'auteur? - En théorie c’est possible. Mais cela vous exposerait à de graves problèmes. Nous sommes peu nombreux, mais nous savons nous informer rapidement. La supercherie serait facilement dévoilée, et vous seriez obligé de cesser vos agissements et de payer. De plus, dans une telle situation la loi serait de notre côté, et nous pourrions demander l'aide de personnes influentes. - Et si les Magi$ciologues tentaient de récupérer vos sorts à leurs compte? Il est plus difficile de lutter contre eux. - Alors une guerre risquerait d'éclater entre Guirlandiers et Magi$ciologues. Nous aurions un avantage, car ils se seraient discrédités à prendre nos sorts et violer nos conditions. Mais de toutes façons, soit ils nous détestent, soit ils nous ignorent. Donc en aucun cas ils ne s'abaisseraient à récupérer notre travail. - En fait, votre but est de les détruire, car vous les trouvez trop arrogants et cupides. - Pas forcément. Ils ont une certaine façon de faire leur commerce et de diffuser leurs réalisations, nous avons la nôtre. Chacun agit de son côté, mais nous ne cherchons pas spécifiquement à leur nuire. - Mais vous devez bien reconnaître que vous êtes gênant pour eux. Plus vous serez connus, moins leurs parchemins se vendront, et ça ne va pas leur plaire. - On pourrait imaginer l'inverse. Les Magi$ciologues proposent des sorts efficaces, nous ne parvenons pas à fournir la même qualité, ils restent connus et nous disparaissons. La concurrence fera gagner les plus performants. D'autre part, nous pouvons très bien continuer à cohabiter en paix, sans trop nous déranger mutuellement. - Si une guerre ouverte se déclarait, vous pensez sérieusement pouvoir la gagner? - Ils ont de l'argent et pourraient recruter des armées entières. Mais une chose est sûre, nous ne nous laisserons pas vaincre facilement. De plus en plus de guildes, seigneurs, et autres clans se servent de nos sorts. Ils nous trouvent sympathiques et utiles, et sont donc prêt à se mobiliser pour nous. Et même si nous sommes éradiqués, ce que nous avons créé est indestructible. - Les sorts que vous avez écrits? - Oui. Nos livres et nos parchemins se multiplient sans que nous ayons d'effort à fournir. C'est amusant, car nous ne sommes même pas capable de dire combien d'exemplaires circulent actuellement. Mais il est impossible de les détruire tous. - Je vois. Un homme -ou une femme- est mortel, mais pas ses idées. [3] Mais si je puis me permettre, je n'aimerais pas vous voir mourir, Dienwe. - Vous seriez prêt à me protéger contre des hordes de gobelins et de Magi$ciologues désaxés ? Etonnant ! Je croyais que vous ne travailliez que pour de l'argent, monsieur le magicien mercenaire ! - Je ne sais pas... Votre sourire, quand vous m'avez confié le livresourçe de télékinésie, vaut peut-être plus que quelques pièces d'or. - Oui. Et peut-être que les mignons petits démons de la liberté néosourcelière envahissent malicieusement votre esprit.“ Uodras ne sut que répondre et resta perdu dans ses rêves. "Certes, des démons envahissent mon esprit, et pourtant je me sens aux anges". Le fonctionnement de la Guirlanderie lui semblait toujours flou, et ses pensées étaient encore plus confuses dès qu'il regardait Dienwe. De nouvelles notions et de nouveaux sentiments se mélangeaient dans sa tête. Il essaya de ne pas paraître trop troublé. Ils continuèrent à discuter de choses et d'autres le long de leur périple. Après plusieurs heures de marche, la porte marquant l’entrée du domaine souterrain de Naanshav se tenait devant eux. Les nains prenant toujours très au sérieux leur réputation de forgeurs et de mineurs, la porte mesurait bien entendu 30 mètres de haut pour 10 mètres de large. Les battants étaient inévitablement fait d'un seul bloc, sur lesquels était ciselé une fresque surchargée, commémorant une quelconque bataille grandiose où les représentants du peuple nain se seraient illustrés par leur légendaire bravoure et leur capacité naturelle à combattre en étant complètement ivre. De larges diamants incrustés et d'épais ornements de mythril contribuaient à l'écoeurement global provoqué par cet hommage au mauvais goût architectural. De manière prévisible, un gigantesque assemblage de rouages, de mécanismes et de machines à vapeur se mit bruyamment en marche pour déclencher l'ouverture. "Quelle bande de frimeurs ces nains ! " se dit Uodras. "Ils ne peuvent s'empêcher de faire dans le titanesque et l'assourdissant. S'ils avaient vécus dans un autre monde, dans lequel existerait, par exemple, des machines capable d'avancer toutes seules, ils s’acharneraient à en créer des spéciales, recouvertes de colifichets hideux, et munies de dispositif destinés uniquement à faire du vacarme." Derrière la porte, plusieurs bâtisses avaient été creusées dans la roche, formant une véritable petite ville. Inutile de s'attarder à décrire l'évidente profusion de sculpture, pierreries scintillantes, fontaines de cristal et autres artifices à l'esthétique douteuse recouvrant l'ensemble. Un nain trapu, vêtu d'une lourde cotte de maille et appuyé sur une solide hache les attendait. Il s'avança en beuglant joyeusement. "Ahoy! Mademoiselle Faredann ! C'est donc là bien un grand plaisir de vous revoir ! Et un ami est avec vous ? Fort bien ! Le bonjour monsieur ! Mon nom est Wagrnzk ! Alors donc de la bière pour tout le monde ! Hop hoy ! A l'auberge ! " Il leur broya vigoureusement les mains, et les entraîna d'un pas enjoué vers l'une des constructions les plus imposantes. Conformément aux règles de bienséance de son peuple, il posa avec fracas sa hache sur la table, hurla sa commande dans l'oreille de l'aubergiste, et bu d'un coup le premier des vingt-trois tonnelets de bière qu'il avait pris. Dienwe et Uodras s'en tinrent raisonnablement à un pichet chacun, le minimum pour ne pas choquer l'hospitalité des nains. " Voilà donc pour bien débuter ! Hoy ! Parlons maintenant travail ! Très chère mademoiselle Faredann ! Nous vous avons réservé comme prévu une salle de stockage. Pas trop grande, sans humidité, tout ce que vous entreposerez dedans sera bien gardé. Parole de Wagrnzk ! - C'est parfait. J'ai apporté tous les livresourçes que nous y mettrons. Etes-vous toujours d'accord pour les laisser en accès libre ? - Exactement donc oui ! Les livres ne pourront sortir de la salle, mais en revanche-par-contre, nous autorisons toute personne à venir les consulter et les recopier. Ainsi qu'également que nous n'exigeons rien en retour, simpleseulement nous conservons la moitié des dons fait par les visiteurs. Et d'autre part-par-ailleurs, il est possible que d'autres livres soient déposés ensuite, à condition que le nombre en reste raisonnable. - Cela nous convient très bien. J'ajoute que si vous souhaitez réaliser un peu plus de bénéfices, vous pouvez vendre des livres et des parchemins vierges. - Hoy da ! Belle douce damoiselle ! Nous y avions d'ores à déjà pensé et nous sommes procurés tout un stock de papelarderies non encore scribouillés ! Voici donc qui est dit ! Maintenant trinquons donc et piachons une bonne golaille de beuvrage pour fêter notre concluement d'affaire ! - Et sinon, êtes-vous satisfait de notre sort pour faire chauffer le métal ? - Hopla Hoy ! J'allais en venir à, car pour précisément-vrai-dire, pas complètement ! Nous ne parvenons pas à obtenir une efficacité aussi etonnamexcellente que ce que vous nous aviez montré à l’initialement. Nous ne n'y entendons malheureusement que foutreusement pas grand-chose à ces abracadabranteries sorcelleresques ! - Ce n'est sans doute qu'une question d'entraînement. Mon ami Uodras est un magicien expérimenté, il pourra vous donner quelques conseils. De mon côté, j'en profiterais pour aller ranger les livresourçes dans votre salle." Uodras faillit avaler sa gorgée de bière de travers. "Elle pourrait tout de même demander mon avis avant d'offrir mon aide ! " Il n'avait pas d’animosité envers les nains, mais conservait de sérieux doutes quant à leurs capacités en magie. Il lança un regard désespéré à Dienwe. Elle lui sourit, mais continua sa conversation avec Wagrnzk. " Avez-vous besoin d'autres choses ? Des sorts, un service quelconque ... - Ahahoy ! Fort affirmativement ! Pourriez-vous faisablement écrire un sort pour faire fermenter la bière plus vite ? Cela nous serait exquissament intéressant, surtout quand nous devons repousser des hordes de sangsues souterraines géantes ! Saviez-vous que le vomi les dissolvait ? Hahaha ! Vous devriez voir ça ! Un foisonnant spectacle de liquides colorés et de bulles odorantes ! De l'art mes bonssieurs-dames ! Véritablement de l'art ! - Oui j'imagine... Faites-nous un don assez conséquent, nous mobilisons plusieurs Guirlandiers et le sort est prêt dans environ deux mois. Nous pouvons aussi le créer gratuitement, mais les délais seront bien plus longs. - Ach que donc ! Je comprends très amplement ! Nous sommes prêt à déboursailler de l'or pour un travail vite bien fait ! Vous nous donnerez une fourchettée de prix et nous aviserons, gente damesoiselle ! Bien ! Maintenant qu'étant réglé tout le discutaillage sur la prestigitidaterie ! Je sens poindre timidement l'apéritif ! Allons retrouver quelques amis à moi pour nous restaurer ! Vous êtes invités, bien éthylementendu ! " Ils se dirigèrent vers une autre pièce de l'auberge et furent accueillis avec enthousiasme par une grande tablée d'une vingtaine de nains. Dienwe et Uodras appréhendaient quelque peu la suite des événements, mais ils survécurent honorablement à l'apéritif et au repas, grâce à leur présence d'esprit de refuser poliment tous les jeux de beuverie auxquels on leur proposait de participer. Ensuite, les nains souhaitant avoir les conseils de Uodras restèrent avec lui. En tant que simples utilisateurs de magie, ils désiraient seulement améliorer leurs enscribations et leurs exécutions. Ils ne se servaient que du sort de chauffage de métal, principalement pour forger, mais parfois aussi pour l’appliquer sur l'armure portée par un collègue, histoire de faire une bonne blague. Au départ, l’entraînement ne fut pas très facile, en particulier quand Uodras supprima leur règle : "Qui rate son sort, boit un tonnelet cul sec". Les sciences occultes étant surtout affaire de concentration et de représentation mentale, elles s'associent assez mal avec des activités festives. Mais par la suite, il fut étonné de voir leur rapidité d’apprentissage. Il avait toujours cru que la magie n’était réservée qu'à des personnes suffisamment instruites. Apparemment, en prenant le temps d'expliquer, des savoirs plus ou moins complexes pouvaient être transmis à la plupart des gens. Ils passèrent tout l’après-midi à s’exercer. Pour finir, les nains le remercièrent chaleureusement, et lui proposèrent d'emporter des armes de leur fabrication. Uodras choisit quelques dagues fines et maniables, parfaites pour un magicien. Il alla ensuite retrouver Dienwe. Elle était dans une petite pièce sombre, comportant quelques étagères de livres. Assise à une table au milieu de la pièce, elle recopiait le livresourçe de télékinésie. L'unique bougie créait des reflets harmonieux sur son visage. "Elle est vraiment jolie, se dit Uodras, il est agréable d'être en compagnie des nains, mais sa présence à elle est un réel enchantement. On pourrait presque dessiner son portrait, ici. Cela ferait une peinture très intime, très calme." Elle leva les yeux et le regarda. " J'ai presque fini. Et vous, comment vous en êtes-vous sorti avec les nains ? - A merveille, je les ais trouvés très doués. Peut-être qu'à l'occasion, je mettrais par écrit ce que je leur ai expliqué, cela pourrait servir à d’autres. - Une sorte de document didactique. Oui, c'est une bonne idée. - J'ai été gêné que vous ne m'ayez pas demandé mon avis avant de leur proposer mes services, d'autant plus que je n'avais jamais rien enseigné en magie. Mais finalement je vous en remercie, car ils m'ont offert des armes de très bonne facture. - Je voulais que vous preniez conscience d'une chose importante. Il est facile d'élever son esprit pour acquérir des connaissances, alors qu'on éprouve des réticences à l'abaisser pour donner des explications à des personnes moins instruites. [4] - En tout cas ce fut une expérience enrichissante. Au fait, pourquoi leur avoir apporté la totalité de vos livresourçes ? La plupart de ces sorts leur seront sans doute inutiles. - Nous essayons de créer le plus possible d'annexes de la Guirlanderie, accessibles à tous. Ainsi, nos connaissances se diffusent mieux à travers le monde. Si les Magi$ciologues nous déclarent la guerre, ils auront d'autant plus de mal à nous anéantir que nous aurons créé beaucoup de lieux de ce type. Comme nous avons rendu maints services aux nains de Naanshav, ils ont accepté d'héberger un exemplaire de notre savoir. - Je comprends. Il y aurait donc entreposé ici tous ce qu'a créé la Guirlanderie ? Pardonnez ma désobligeance, mais il n'y a qu'une vingtaine de livres. Les Magi$ciologues, eux, en possèdent dix fois plus. - C'est vrai. La Guirlanderie est assez récente et nous n'avons que peu de sorts. Mais nous évoluons vite, et il ne tient qu'à vous de nous venir en aide. - Il faut que j'y réfléchisse. En attendant, si vous avez terminé, nous devrions peut-être y aller. Mon foie me supplie de ne pas prendre le repas du soir avec les nains." Ils firent leurs salutations à Wagrnzk et ses amis, sans pouvoir échapper à la tournée d'adieu, puis ils quittèrent le domaine de Naanshav. Les gigantesques portes se refermèrent derrière eux, avec tout ce que cela implique de cacophonie et de vapeur. Ils étaient à nouveau seuls tous les deux. Uodras ne savait trop comment lui dire adieu. Elle sortit un livresourçe de sa poche. " Tenez, j'aimerais vous offrir ceci. Il s'agit de la télékinésie que nous avons amélioré ensemble. J’en ai laissé une copie dans l’annexe, mais ce n’est pas rigoureusement la même. - Que voulez-vous dire ? - Je n’y ai pas reporté nos modifications. Ce qui signifie que le livresourçe que vous avez est actuellement le seul décrivant la télékinésie améliorée, celle qui fonctionne sous l'eau. - N’aurait-il pas mieux valu la recopier intégralement ? afin de laisser disponible la version la plus efficace ? - Si bien sûr. Mais j'aimerais que vous l’apportiez par vous-même à la Guirlanderie. C'est principalement votre travail d'amélioration, c'est donc à vous de vous en occuper jusqu'au bout, et de recevoir la reconnaissance qui vous est due. - Merci infiniment Dienwe. Mais où puis-je trouver la Guirlanderie ? - En fait nous n'avons pas de lieu de commandement central, ni véritablement de chef ou de dirigeant. En revanche, tous les mardis, nous nous retrouvons dans le village de Lutol, à l'auberge du Felfe. - J'y serais, avec le livresourçe. De toute façon je suppose que c'est obligé, puisque c'est la Guirlanderie qui l'a écrit au départ. - En fait, la Garantie de Péri-utilisation Libérée vous donne le droit de garder vos sorts modifiés pour vous seul, si vous le souhaitez. Mais avouez que ce serait dommage, vous perdriez une occasion de vous faire connaître. De plus, apporter une contribution utile aux Guirlandiers est le meilleur moyen pour qu’ils vous respectent immédiatement. - Et vous ? Serez-vous présente ce mardi ? - Certainement. J'essaie d'y aller le plus de fois possible. - Alors peut-être nous reverrons-nous là-bas. - Je l'espère. En attendant, nos chemins se séparent ici, très cher Uodras. Mais ce sera un plaisir de vous revoir. - A bientôt Dienwe. Merci pour tout. Vous êtes vraiment une femme exceptionnelle.“ Il l'embrassa sur le front et la serra dans ses bras. Peut-être était-il supposé l'embrasser pour de vrai. Il n'avait jamais vraiment su comment se comporter avec les femmes. Le moment de tout faire basculer lui semblait toujours inaccessible. Ils s'éloignèrent l'un de l'autre en se regardant. S'il avait bu un peu plus de bière chez les nains, peut-être que moins d'interrogations idiotes seraient en train de lui assaillir l'esprit. " Au revoir. - Au revoir." Elle partit, se retourna et lui fit un signe de la main. Puis elle disparut par un couloir. Uodras resta perdu dans ses songes. Sa décision était prise, il se rendrait à cette retrouvaille de Guirlandiers. Et par la suite, il essaierait de consacrer une partie de son temps à les aider, à diffuser leur savoir et à y contribuer. Ils réalisent des sorts gracieusement, en accord avec leurs idéaux, et aussi parce qu'ils cherchent de la reconnaissance. Tant mieux pour eux. Uodras n’était pas vraiment intéressé par les flatteries de dizaines d’inconnus. Il ne voulait l’admiration que d’une personne : Dienwe. C'était une raison suffisante pour se joindre à leur organisation. Il se dirigea vers le chemin menant à la sortie des souterrains. Durant ces dernières années, il avait accompli plusieurs quêtes et remporté des combats périlleux. Mais il sentait que des aventures d'un autre genre allaient commencer. [1] On retrouve à peu près le même fonctionnement dans certains jeux vidéos : un parchemin permet de lancer un sort une seule fois, un livre permet d'apprendre le sort et de le lancer plusieurs fois. Pour comparer avec le monde réel, un parchemin serait l'équivalent du fichier exécutable d'un logiciel, un livresourçe correspond au code source, une "enscribation" serait une compilation et un insecte est tout simplement un bug. Par ailleurs, dans mon histoire, le fait de posséder seulement un parchemin, sans le livresourçe, est encore plus contraignant, car on ne peut s'en servir qu'une fois. Comme si un fichier .exe se supprimait après son exécution. [2] Je ne suis pas sûr que la GPL du monde réel fonctionne exactement selon ce mécanisme. Mais il faut bien constater que les logiciels libres finissent en général par être disponible gratuitement. Des tas de gens disent : "l'important est que ça soit libre, on s'en fiche si c'est gratuit ou pas". C'est vrai, mais ce n'est pas une raison pour faire semblant de ne pas s'apercevoir que la liberté d'un logiciel a une forte influence sur son prix. Cependant, je n'ai pas la prétention de m'y connaître beaucoup en logiciel libre. On doit sûrement pouvoir infirmer ce que je dis, exemples à l'appui. Ce à quoi je répondrai : "Proutch! Je raconte ce que je veux! Hahaha!" [3] Cette phrase je l'ai piqué à la chanson Happy Nation, de Ace of Base. "A man will die, but not his ideas". On a la culture qu'on peut, hein ! Désolé. [4] Cette idée a été piquée à Montaigne. Il a dit quelque chose comme : "Je marche plus ferme et plus sûr à mont qu'à val". Et vlan! Prenez ce gros morceau de vraie culture sérieuse dans vos têtes ! Annexe B : Le syndrome de Peter Pan inversé Il s'agit des paroles d'une chanson écrite par Sandrine Tugu. Elle la chante pour tenter de gagner la finale de la Star Academy. Tu es en CM2 D'la peinture sur tes yeux Tes lèvres au ripolin Un tout p'tit peu de seins. C'est Disney qui l'a dit Les déguis'ments de fée C'est toujours si joli Paillettes roses dorées! Petiiiiiiiiiiiiiiiteu filleu Mais que fais-tu avec ce cooooooorps? A l'école primaire Un string dans le derrière En débardeur sans manche En jean moulant sans hanches C'est vu à la télé Tu te dois de séduire Des hommes gominés Epilés à la cire Petiiiiiiiiiiiiiiiteu filleu A quoi joues-tu avec ce cooooooorps? Le miel et les abeilles : Ton univers brutal. Le pays des merveilles : Un paradis fiscal. Te souviens-tu de toi? Est-ce que t'es toujours là, Dans ta boîte cranienne ? Un jour seras-tu tienne ? Petiiiiiiiiiiiiiiiteu filleu Où en es-tu avec ce cooooooorps? Petiiiiiiiiiiiiiiiteu filleu POILS PUBIENS! Petiiiiiiiiiiiiiiiteu filleu POILS PUBIENS! Petiiiiiiiiiiiiiiiteu filleu POILS PU-MIEUX! Petiiiiiiiiiiiiiiiteu filleu POILS! POILS! POILS! POILS! POILS!